Séance du 31 mars 1999






PRÉSIDENCE DE M. JEAN FAURE
vice-président

M. le président. La séance est reprise.
Nous poursuivons la discussion du projet de loi d'orientation pour l'aménagement et le développement durable du territoire.
M. Gérard Larcher, rapporteur de la commission spéciale. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Larcher, rapporteur.
M. Gérard Larcher, rapporteur. Il est des moments, madame le ministre, où le silence est le seul message digne.
La semaine passée, le drame du tunnel sous le Mont-Blanc nous a tous touchés. J'ai le souvenir de nos collègues élus des départements savoyards apprenant le drame et venant nous en informer les uns après les autres.
Dans un communiqué de presse, que vos services avaient élaboré cet après-midi et dont nous avons eu connaissance à vingt heures trente, vous me paraissez manquer singulièrement au respect de ce silence qui donne le temps aux vivants de porter en terre leurs morts.
Vous laissez croire que la rédaction adoptée cet après-midi par le Sénat ne prenait pas en compte l'alternative ferrée pour les traversées alpine et pyrénéenne. Je n'ose même pas, madame le ministre, vous renvoyer aux pages 287 et 459 de notre rapport, où tout est écrit.
Ce n'est pas digne, madame le ministre ! Qu'auriez-vous dit si, l'an passé, dans le tunnel sous la Manche, tunnel ferroviaire, le système de sécurité n'avait pas fonctionné ? Comment pouvez-vous faire croire, au motif d'un tout routier qui n'est nullement notre position, que nous serions peu sensibles à la sécurité ? Nous, à la commission spéciale, nous avons eu la pudeur de ne pas utiliser ces malheureuses victimes.
J'ai le souvenir cet après-midi, madame le ministre, de votre réaction aux propos d'un de nos collègues sur la sécurité routière. Non, ce n'est pas digne ! Ce soir, ces morts-là ne peuvent venir à l'appui ni de ni à l'argumentation des uns ni de la justification des autres.
Je laisse à la disposition de la présidence ce communiqué de presse, que je trouve scandaleux et qui tend à faire croire que les sénateurs seraient des êtres irresponsables, au motif qu'ils ne prendraient pas en compte l'aternative route-rail pour les traversées alpine et pyrénéenne.
Monsieur le président, en signe de protestation, je demande une suspension de séance de quelques minutes. Nous n'allons pas, ce soir, devant la douleur des familles, nous lancer des morts au visage. (Très bien ! et applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste.)
M. le président. En signe de protestation, le Sénat va interrompre ses travaux jusqu'à vingt-deux heures.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à vingt et une heures cinquante-cinq, est reprise à vingt-deux heures.)