Séance du 5 novembre 1998







M. le président. La parole est à M. Fournier.
M. Bernard Fournier. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie.
Déjà dix-huit mois que vous êtes à la tête du ministère de l'éducation nationale, et vos déclarations flamboyantes provoquent des réactions de toutes sortes, de la stupéfaction à la colère, depuis l'ensemble du corps enseignant jusqu'aux bataillons des lycéens.
Vous accumulez les déclarations de principe mais aussi les phrases chocs. Vous prétendez vouloir - enfin ! - changer l'éducation nationale. En réalité, vous ne faites que blesser les forces vives qui l'animent.
A votre tour, vous vous rendez compte que bousculer le « mammouth » n'est pas chose aisée. (M. René-Pierre Signé s'exclame.) Vous ne pourrez pas réformer une administration aussi lourde sans concertation et, pis, contre les professionnels qui la font vivre.
Quel est le résultat ? Rien ne bouge... si j'ose dire !
En revanche, quand vient l'urgence et que le mécontentement des lycéens se fait entendre, comme cet après-midi encore, vous prenez et appliquez des décisions, sans négociation préalable, saupoudrant ici et là quelques crédits supplémentaires.
Mais l'argent ne fait pas tout, monsieur le ministre. Il conviendrait de mieux répartir les crédits existants.
Vous arrachez également quelques pages aux livres scolaires pour alléger les programmes. Mais personne n'est véritablement dupe.
Vous n'avez pas de ligne politique. Vous réagissez plus que vous agissez.
M. Raymond Courrière. C'est excessif !
M. Bernard Fournier. Monsieur le ministre, quand comptez-vous changer de méthode et cesser l'improvisation, pour bâtir une stratégie de négociation et d'action ? (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants, de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. Monsieur Fournier, je pense que vous faites de l'humour...
M. Dominique Braye. Et vous, vous riez jaune !
M. Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. ... compte tenu des quatre années d'inaction totale dans l'éducation nationale et de non-gestion. (Protestations sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants, ainsi que sur celles de l'Union centriste.)
M. Gérard Cornu. Quelle suffisance !
M. Dominique Braye. Et les quatorze ans avant !
M. Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. Vous pouvez vociférer et moi m'arrêter de parler !
M. le président. Pas du tout ! Veuillez poursuivre, monsieur le ministre, nos collègues vont vous écouter.
M. Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. Si c'est cela le débat démocratique ! (Exclamations sur les mêmes travées.)
M. le président. Veuillez continuer, monsieur le ministre ! Ne vous laissez pas interrompre !
M. Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. Je tiens à vous dire, messieurs, car peut-être cela vous a échappé, peut-être n'êtes-vous pas au fait des questions relatives à l'éducation nationale, qu'en dix-huit mois nous avons mis fin à la loi du silence sur la pédophilie, mis un terme aux actes scandaleux de bizutage, qui, parfois, allaient jusqu'au viol, remis de l'ordre dans les absences, qui ont diminué des trois quarts...
Quant au décret de décentralisation, il est passé. La décentralisation est en marche. Certains en parlaient, elle est faite !
M. Jean-Pierre Schosteck. Ah bon ?
M. Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. Nous avons remis de l'ordre dans la gestion du ministère et arrêté un certain nombre d'axes clairs et nets pour la rénovation de l'éducation.
Croyez-moi, monsieur le sénateur, les problèmes de violence auxquels nous nous sommes attaqués ne sont pas résolus partout, mais ils le sont dans un certain nombre de quartiers.
Plusieurs sénateurs socialistes. Très bien !
M. Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. Croyez-moi, le problème de l'égalité des chances, qui n'était pas pris en compte, l'est de plus en plus quand il s'agit de répartition des moyens, même si l'égalité des chances n'est toujours pas la règle dans l'éducation nationale. Certains ont, encore aujourd'hui, plus de chance que d'autres. Mais l'aide à l'élève est devenue un slogan.
Rien ne m'arrêtera dans ma volonté de faire de l'école républicaine l'école de l'égalité des chances ! (Applaudissements sur les travées socialistes, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)

CONDITIONS DE TRAVAIL DES ANESTHÉSISTES