Séance du 29 juin 1998






NATURA 2000

Adoption des conclusions modifiées
du rapport d'une commission

M. le président. L'ordre du jour appelle la discussion des conclusions du rapport (n° 503, 1997-1998) de M. Jean-François Le Grand, fait au nom de la commission des affaires économiques et du Plan, sur la proposition de loi (n° 194, 1997-1998) de M. Jean-François Le Grand, Mme Janine Bardou, MM. Michel Doublet, Michel Souplet et Louis Minetti, relative à la mise en oeuvre du réseau écologique européen dénommé Natura 2000.
Dans la discussion générale, la parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-François Le Grand, rapporteur de la commission des affaires économiques et du Plan. Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, la présente proposition de loi est relative à la mise en oeuvre de la directive européenne 92/43, dite « directive Habitats naturels » mais plus communément dénommée « Natura 2000 ».
Compte tenu de l'heure avancée, je me contenterai, si vous me le permettez, madame la ministre, mes chers collègues, de vous renvoyer - dans la mesure où vous n'en auriez pas déjà pris connaissance - au rapport n° 309 que j'avais présenté en 1997 devant la commission des affaires économiques du Sénat, intitulé Natura 2000 : de la difficulté de mettre en oeuvre une directive européenne. Ce rapport, adopté à l'unanimité, avait été élaboré par un groupe de travail réunissant notamment les auteurs de la proposition de loi que nous examinons aujourd'hui.
La directive fixe des objectifs, laissant, en vertu du principe de subsidiarité, le soin aux différents Etats membres, en application des articles 130 R du traité de Rome et 3 B du traité de Maastricht, de mettre en oeuvre ces objectifs.
Compte tenu du caractère international des migrations et des mouvements de populations d'oiseaux, d'animaux - mais il peut aussi en être de même pour la flore - il est évident que la directive a naturellement un caractère européen. C'est donc à ce niveau que peuvent être fixés les objectifs, les moyens nécessaires pour atteindre ces objectifs étant laissés à la discrétion des Etats.
J'avais alerté votre prédécesseur, madame la ministre, sur la nécessité dans laquelle nous étions de nous doter de textes législatifs pour encadrer cette procédure. Aucun texte ne nous a cependant été proposé, votre prédécesseur nous ayant annoncé qu'elle travaillerait par décrets.
Ne voyant rien venir, mes collègues et moi-même avons alors décidé de déposer cette proposition de loi afin de remplir ce vide juridique, qui n'est actuellement comblé que par le mémorandum interprétatif français et par les circulaires que vos prédécesseurs et vous-même avez émises sur le sujet. C'est « un peut court » pour répondre à la question posée, et cela permet à nombre d'interprétations de se faire jour et à certains courants de pensée - plus ou moins animés de bonnes intentions - de développer alors des discours contradictoires sur le sujet.
J'insiste donc sur ce point, madame la ministre, il s'agit, dans notre esprit, d'accompagner et de faciliter la mise en oeuvre de la directive et de faire en sorte que l'on évite des divergences d'interprétation.
Je considère - j'aurais d'ailleurs pu commencer par là - que la directive Habitats-Naturels constitue une heureuse initiative. En effet, elle vient compléter la directive 79/409/CEE, dite « directive Oiseaux ». Si l'on veut protéger les espèces, il faut aussi protéger les habitats, et la Commission européenne a donc remédié à cette lacune avec la directive 92/43/CEE.
Le décor étant ainsi planté, permettez-moi de vous renvoyer pour plus de détails à la lecture du rapport que j'ai eu l'honneur de présenter en 1997, ce dernier faisant apparaître les contraintes et obligations auxquelles devrait répondre un texte d'application français.
La première de ces obligations est la concertation, j'y reviendrai lors de la discussion des articles.
La deuxième est l'établissement de documents d'objectifs. A quoi servent-ils, quels sont-ils, comment peuvent-ils être mis en oeuvre ? Nous y reviendrons, là aussi, lors de la discussion des articles.
Quant à la troisième obligation, elle figure dans l'article 8, paragraphe 3, de la directive : des cofinancements doivent être prévus pour sa mise en oeuvre. Ces cofinancements ne sont pas particulièrement précisés, mais, si l'on fait référence aux actions qui ont déjà été menées depuis longtemps, notamment aux mesures agri-environnementales, on imagine très bien qu'il peut s'agir de l'indemnisation des propriétaires ou des collectivités qui seraient pénalisées du fait de l'application de la directive, ou de l'accompagnement des mesures contractuelles du type de celles qui ont été prises en matière agri-environnementales et qui se sont successivement appelées « article 19 », puis « article 21 ».
Pour ma part, en tout cas, je préfère la contractualisation à l'indemnisation : l'intérêt général y trouve mieux son compte.
Tel est, madame la ministre, mes chers collègues, très brièvement rappelé le contexte dans lequel s'inscrit cette proposition de loi. J'étais certes tenté, au début de mon propos, d'en dire beaucoup plus à l'intention des lecteurs du Journal officiel, mais j'ose espérer que ceux qui s'interrogeraient sur certains exposés des motifs voudront bien se référer aux trente premières pages de mon rapport de 1997, qui sont suffisamment explicites à cet égard sans qu'il soit besoin d'y revenir ici.
La proposition de loi que nous examinons aujourd'hui a fait l'objet d'un débat très approfondi avec l'ensemble des personnes concernées, qui avaient d'ailleurs été déjà auditionnées par le groupe de travail sur Natura 2000. Il s'agit donc non pas d'un texte intuitu personae, mais du fruit d'une réflexion approfondie.
Ce texte comporte trois axes.
Premièrement, compte tenu des délais écoulés et du déroulement de la procédure de désignation des sites reprise par le précédent gouvernement en février 1997 - et confirmée sur de nouvelles bases par vous-même, madame la ministre - il est apparu que l'échelon départemental constituait le bon niveau pour organiser la concertation avec les collectivités territoriales et les acteurs économiques locaux.
Un débat a eu lieu au sein de la commission des affaires économiques pour déterminer s'il convenait d'instaurer un comité départemental ou un comité régional. Selon qu'ils étaient départementalistes ou régionalistes, vous imaginez les arguments qui pouvaient être avancés par les uns et par les autres ! Quoi qu'il en soit, l'essentiel est que le niveau retenu soit pertinent et que la concertation ait lieu le plus près possible du terrain.
C'est sans doute la raison pour laquelle la commission des affaires économiques a retenu le niveau départemental - alors que j'avais moi-même proposé le niveau régional - tout en associant les élus régionaux aux décisions. C'est une disposition que nous n'avons d'ailleurs pas inventée : nous n'avons fait qu'emprunter le dispositif de la commission départementale de coopération intercommunale. Il y aura donc, au sein de ce comité départemental, des élus régionaux, dans des conditions dont nous débattrons tout à l'heure lorsque nous aborderons l'examen des articles.
Seront également mis en place, bien sûr, des comités locaux de désignation des sites et de suivi. Un tel dispositif ne peut en effet fonctionner sans concertation. Il faut toujours préférer, madame la ministre, le contrat à la contrainte. Si l'on explique les choses, on a de grandes chances qu'elles soient comprises, au sens latin du terme : cum prehendere, c'est prendre avec, c'est assimiler.
Certes, cela peut prendre du temps et je comprends que vous craigniez qu'il puisse y avoir, par moment, des dérapages dans la concertation. Il faut cependant en assumer le risque, car il est nécessaire.
Le deuxième axe de cette proposition de loi - encore une fois, je passe très vite, mais je reviendrai tout à l'heure, lors de la discussion des articles, sur les points importants - concerne les documents d'objectifs.
Nous prévoyons une procédure d'élaboration de ces documents pour les sites inscrits sur la liste des propositions nationales. L'article 4 de la proposition de loi prévoit ainsi la constitution d'un comité de pilotage local propre à chaque site, tandis que l'article 5 précise que ce comité élabore le document d'objectifs propre à chaque site, et que l'article 6 précise le contenu de ce document.
Enfin, j'en arrive au troisième axe de cette proposition de loi, qui vise à garantir les droits des propriétaires et des gestionnaires des sites proposés en vue de leur intégration dans le réseau écologique européen.
Vous le savez, les mesures agri-environnementales qui ont été prises jusqu'ici avaient pour objet non pas de verser une prime à ceux dont on aurait attendu une attitude différente, mais de compenser un manque à gagner. A partir du moment où ce manque à gagner se traduit par un « plus » pour l'ensemble de la société, il est logique que la collectivité fasse elle-même jouer la solidarité !
Il y aura donc soit compensation financière, soit contractualisation : la porte est grande ouverte à ce type d'opération.
En 1993, alors que j'étais chargé d'élaborer un rapport sur la protection de l'environnement rural pour le compte du Premier ministre de l'époque, j'avais moi-même proposé l'instauration de mesures de défiscalisation lorsqu'il y avait action en faveur de l'environnement. Il est en effet plus intéressant de défiscaliser que de payer : l'acte est moins gênant pour les finances publiques et, en même temps, il préserve l'intérêt général puisqu'il permet à la fois de satisfaire un besoin collectif tout en demeurant efficace pour les propriétaires privés ou les collectivités qui s'engageraient dans cette voie.
Je me permets de rappeler que ce n'est pas une innovation, même si, par ailleurs, le ministère de l'économie et des finances s'y oppose systématiquement. N'y a-t-il pas eu, ainsi, de telles mesures de défiscalisation pour les oeuvres d'art, par exemple ? Pourquoi l'environnement ne bénéficierait-il pas lui aussi d'un tel dispositif ?
L'article 10 prévoit donc de telles mesures, mais sachez, madame la ministre, que, dans la mesure où il n'y aurait pas d'engagement de la part du Gouvernement sur une indemnisation ou sur une contractualisation, cela provoquerait alors à coup sûr des difficultés dans la mise en oeuvre de la directive.
Voilà, madame la ministre, ce que je voulais dire en quelques mots sur un dispositif qui nous a paru intéressant. Nous n'abordons pas ce débat dans un esprit conflictuel, et cette proposition de loi a été élaborée - je parle sous le contrôle de ses co-auteurs, notamment de Mme Bardou, qui s'exprimera dans un instant - avec la seule volonté de faire avancer ce dossier dans le bon sens, avec bon sens. Il y a en tout cas une ardente et urgente nécessité à mettre bon ordre dans ce flou juridique, l'inexistence d'un texte pouvant susciter des interprétations abusives qui iraient, c'est sûr, à l'encontre de l'intérêt général. (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste.)
M. le président. La parole est à M. Grignon.
M. Francis Grignon. Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, la procédure de mise en place des dispositions de la directive Natura 2000 pose, à mon avis, deux problèmes : une absence de concertation véritable, d'une part, une absence de réflexion sur le devenir des sites proposés, d'autre part.
S'agissant de l'absence de concertation véritable, tout d'abord, l'article 2 du décret du 5 mai 1995 prévoit la mise en place, par le préfet de région, d'une conférence Natura 2000. Or, cette conférence n'est qu'informée et non consultée, et ce à deux étapes de la procédure de définition des sites : une fois que le préfet de région a établi sa liste après proposition du conseil scientifique régional du patrimoine naturel, le CSRPN, et après l'harmonisation des listes régionales par le ministère de l'environnement.
De plus, outre le fait que ces conférences ne sont qu'informées, et donc sans véritable pouvoir, elles n'ont jamais très bien fonctionné, faute, entre autres, d'avoir été fréquentées par tous ceux qui devraient en être membres. L'information des différents acteurs du monde rural s'est donc faite très mal et très tardivement.
Par ailleurs, l'article 6 du décret du 5 mai 1995 prévoit la consultation des maires concernés une fois la liste élaborée au niveau national, donc tout à la fin de la procédure.
Cette absence de concertation, ou du moins cette concertation limitée à l'information, a engendré un grand nombre d'incompréhensions réciproques et de malentendus qui ont conduit à un blocage de la mise en oeuvre de la directive.
Au-delà de la concertation, il semble qu'il y ait également une absence de réflexion sur le devenir des sites proposés.
De fait, la concertation, quand elle a eu lieu, n'a porté que sur la délimitation des sites et sur leur intérêt au regard des critères de la directive ; elle ne s'est pas accompagnée d'un véritable travail de réflexion sur les modes de gestion qui pourraient être appliqués dans les futurs sites du réseau. Or, l'originalité de la directive est qu'elle propose de concilier le maintien de la biodiversité et les exigences économiques, sociales, culturelles et régionales.
Cette question de multi-usage n'a, en outre, pas été abordée, alors qu'elle relève pourtant exclusivement de la compétence des Etats, la Commission européenne se contentant d'apporter les cofinancements nécessaires en fonction des besoins de chaque Etat. La liberté est donc totale en ce domaine.
La proposition de loi présentée par la commission des affaires économiques et du Plan vise donc à agir sur ces deux leviers à la fois : la concertation et la gestion des sites.
La concertation, tout d'abord, passe par un renforcement à trois niveaux.
Premièrement, au niveau de l'identification des sites : après l'inventaire du CSRPN, il est proposé d'instaurer, en remplacement du seul préfet, un conseil départemental du patrimoine naturel composé en majorité d'élus et présidé par le préfet. Il sera chargé d'identifier, de façon scientifique et technique, les périmètres des sites proposés.
Ensuite, au niveau de la définition des parcelles cadastrales et des orientations de la gestion des sites : une fois la liste déterminée par le ministère, il est proposé de créer, toujours en remplacement du seul préfet, un comité de pilotage local associant l'ensemble des acteurs locaux et chargé des deux missions précédemment évoquées. Là encore, l'ensemble des acteurs locaux sont associés à la prise de décision.
Enfin, au troisième et dernier niveau : le projet de document d'objectifs est transmis pour avis non plus au seul maire mais à l'ensemble du conseil municipal. La consultation est donc élargie.
Quant à la gestion des sites, il est prévu, dans la proposition de loi, que les comités locaux de pilotage élaborent des « documents d'objectifs » ayant pour fonction de définir les orientations et les modalités de gestion des sites sur un mode contractuel, c'est-à-dire en laissant une grande liberté aux acteurs locaux pour négocier et signer les contrats de gestion.
En outre, le volet financier est évoqué puisqu'il est prévu d'indemniser les propriétaires susceptibles de subir un préjudice direct, naturel et certain en raison des contraintes qu'impose la préservation du milieu naturel.
Cette proposition de loi équilibrée vise donc à clarifier la procédure afin de ne laisser personne de côté et de permettre une confrontation pacifiée des différents intérêts en présence.
C'est pourquoi mon groupe votera sans réserve cette proposition de loi, qui devrait permettre d'encadrer, dans notre pays, l'application dans les campagnes de la directive Natura 2000, en tenant compte des exigences économiques, sociales, culturelles et régionales. Il s'agit non pas de bloquer Natura 2000, mais, bien au contraire, de lui permettre un développement harmonieux qui tienne compte de tous les acteurs en présence. (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR et des Républicains et Indépendants.)
M. le président. La parole est à Mme Bardou.
Mme Janine Bardou. Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, depuis plusieurs années déjà, le réseau écologique européen dénommé Natura 2000 a soulevé de nombreuses interrogations. En effet, ce texte, sans vouloir heurter personne, n'a pas été très bien engagé et, par voie de conséquence, il a souvent été mal compris.
Rappelons d'abord, en préambule, que l'objectif de l'opération Natura 2000 est la préservation d'habitats naturels considérés comme remarquables et la préservation d'espèces - faune et flore sauvages - tout en tenant compte des exigences économiques, sociales, culturelles et régionales.
Ainsi, dans un premier temps, cette directive européenne a soulevé de très grandes inquiétudes, car tous les acteurs socio-économiques l'ont ressentie comme une source de contraintes supplémentaires et comme un obstacle à un juste développement économique de ces régions, au profit d'espaces naturels sanctuarisés.
Depuis, il a été sans doute répondu à certaines préoccupations, mais il n'en demeure pas moins que Natura 2000 imposera des obligations qui devront être compensées.
Des concertations engagées dans certains départements, il ressort - je peux en porter témoignage - qu'il n'y a pas d'opposition systématique à Natura 2000. Il apparaît cependant que la plupart des questions posées concernent le régime des compensations, pour lesquelles l'ensemble des intervenants souhaiteraient des réponses précises.
Apparaît également, avec beaucoup d'acuité, le souci que cette évolution vers la mise en oeuvre de cette directive se fasse avec et non pas contre les acteurs du monde rural.
C'est ce qui a motivé la proposition de loi présentée aujourd'hui, qui vise à mettre en place une procédure où chacun pourra s'exprimer et qui affirme la volonté d'associer toutes les instances concernées.
Je tiens d'ailleurs, ici, à remercier M. Jean-François Le Grand pour le travail accompli, dont nous pouvons juger de la grande qualité à travers le rapport justement intitulé : Natura 2000 : de la faculté de mettre en oeuvre une directive européenne.
Pour ce qui est de la concertation, le niveau d'organisation doit être bien défini. En effet, trop souvent éloignée des citoyens concernés, la concertation est inefficace et crée des frustrations, sources de conflits.
Le fait d'avoir choisi, dans l'article 2, le département comme échelon de cette concertation est, à mon avis, un choix judicieux et pertinent ; suffisamment proche de la population, ce niveau permet une bonne vision globale des enjeux.
Cette préoccupation rejoint une demande des élus, exprimée de longue date, d'un dialogue direct entre scientifiques et gestionnaires. Cela conforte le droit des élus de décider en dernier ressort, même si, compte tenu de l'avancement des projets, leur influence sera limitée. Ils auront la possibilité de participer à la validation des documents d'objectifs. Cela contribuera à la qualité de la négociation.
Je rappelle que la plupart des intervenants soulignent également avec force que le réseau Natura 2000 ne doit pas être fondé sur une éthique préconisant la France du vide et qu'ils seraient opposés à une procédure réglementaire supplémentaire.
La plupart des partenaires acteurs du monde rural, y compris les agriculteurs, souhaitent qu'au travers des documents d'objectifs contractuels puissent être préservés certains habitats remarquables, tout en préservant les activités actuelles, notamment agricoles, qui ont elles-mêmes contribué - faut-il le rappeler ? - à maintenir ces habitats.
M. Alain Vasselle. Très bien !
Mme Janine Bardou. Sans entretien par l'homme, la nature a en effet tendance à se dégrader et à évoluer vers le boisement et l'embroussaillement, d'où un appauvrissement de la faune et de la flore qu'elle abrite.
Le secret de la réussite d'une opération réside donc essentiellement dans la concertation, comme l'ont souligné plusieurs orateurs. D'où l'intérêt que celle-ci soit bien conduite et au plus près de la population.
Partout où les hommes se sont rencontrés pour travailler ensemble, le résultat a été positif. C'est donc tous ensemble et de façon citoyenne qu'il faut réfléchir à cette nouvelle vocation d'intérêt collectif de l'environnement, mais aussi de l'agriculture, qu'est la gestion de l'espace, laquelle ne peut se faire s'il y a trop d'obligations sans contrepartie financière.
Il va sans dire que, si l'on imposait des contraintes de production sans compensation financière, cela se traduirait par une baisse du revenu des agriculteurs et une cessation d'activité de ceux-ci, si bien que le résultat serait contraire aux objectifs visés.
C'est pourquoi l'idée de distinguer l'indemnisation de la rémunération me semble opportune. Inscrit dans la loi, ce principe représente une garantie forte pour les propriétaires.
Cette directive européenne va, dans un deuxième temps, faire l'objet d'un projet de loi pour être transcrite dans le droit français. A ce stade de la mise en oeuvre de Natura 2000, il devra être tenu le plus grand compte du résultat des consultations qui ont lieu à l'heure actuelle, seul garant d'un aboutissement positif.
Le projet de loi que prépare le Gouvernement et la proposition que nous discutons aujourd'hui sont complémentaires. Le projet de loi porte sur la définition juridique du réseau Natura 2000 et sur le principe d'une gestion de droit commun contractualisée sur chaque site.
Il convient donc que le Gouvernement, notamment sur les aspects financiers, et tout particulièrement sur les conditions relatives aux activités tolérées sur les sites, tienne compte des principes actés par le mémorandum de la Commission de janvier 1997 et aussi de notre proposition de loi.
Une telle démarche montrera, madame la ministre, la réelle volonté que vous avez de mener ce projet dans la concertation.
En effet, si les acteurs du monde rural n'ont nullement le souhait d'entraver l'application de Natura 2000 et espèrent même, si possible, en être des partenaires actifs, il faut absolument, madame la ministre, que le Gouvernement prenne des engagements précis et nous assure de les respecter, tant au niveau des nombreuses observations faites en cours de concertation qu'au niveau des attentes émises par les acteurs de terrain.
C'est à ce prix que nous réussirons cette démarche nécessaire, nous en convenons tous, à la préservation de la qualité de notre patrimoine naturel.
Le groupe des Républicains et Indépendants, qui fait siennes les conclusions de la commission telles qu'elles ont été présentées par M. le rapporteur, votera ce texte. (Applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants, de l'Union centriste et du RPR.)
M. Alain Vasselle. Très bien !
M. le président. La parole est à M. Bellanger.
M. Jacques Bellanger. Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, M. le rapporteur vient de nous expliquer la genèse de cette proposition de loi. Je ne la rappellerai donc pas. Pourtant, il me semble nécessaire de situer quelques étapes.
En mars 1992 paraît la directive 92/93/CEE Habitats naturels dite Natura 2000.
De 1993 à avril 1997 paraissent trois circulaires et un décret, sous les gouvernements présidés par MM. Balladur et Juppé. Ce décret, en particulier la liste des 1 623 premiers sites identifiés, provoque de telles protestations de la part des milieux socio-économiques que le Premier ministre Alain Juppé décide de « geler » l'application de cette directive.
Mais le mal est fait. La suspicion s'installe partout. L'absence de concertation est dénoncée par tous. Les élus locaux sont accablés de réclamations. Des négociations discrètes sont reprises, mais trop tard ! L'incompréhension s'est installée, les oppositions se sont durcies contre ce que l'on appelle maintenant les « sanctuaires de la nature ». La mise en oeuvre difficile de la directive « oiseaux sauvages » vient interférer dans le débat et renforce le climat anti-européen. La circulaire de Mme Lepage n'y peut rien, mais on comprend mieux, dès lors, pourquoi la liste de sites arrêtés par le gouvernement Juppé, en février 1997, n'a jamais été transmise à la Commission européenne et pourquoi la commission des affaires économiques et du Plan avait lancé, en juin 1996, une mission d'information sur l'application de cette directive et adopté, en avril 1997, le rapport du groupe de travail.
Août 1997 - juin 1998 : ministre de l'environnement du gouvernement dirigé par Lionel Jospin, Mme Voynet décide de relancer immédiatement la dynamique de Natura 2000 avec un double souci, le pragmatisme et la concertation.
Pragmatisme d'abord. La ministre affirmait ici même, au Sénat, lors du débat sur les crédits du ministère de l'environnement du 5 décembre 1997, qu'il était « hors de question de mettre en place des sanctuaires de la nature » et prônait une gestion au cas par cas avec une démarche contractuelle, conformément à la directive. Dans le même temps, pour éviter que la France ne soit condamnée par la Cour de justice européenne pour défaut de transmission, 543 sites, recouvrant essentiellement des espaces déjà protégés, des forêts domaniales ou des espaces volontaires, notamment ceux qui souhaitaient bénéficier d'un financement Life en 1998 - étaient proposés à la Commission européenne.
Concertation, ensuite. Elle était élargie à des associations d'élus locaux - qu'il s'agisse de l'Association des maires de France, de l'Association des élus de la montagne, ou de l'Association des présidents de conseils généraux - et à diverses autres associations encore. Les préfets étaient invités à y associer étroitement les socioprofessionnels, les propriétaires, les gestionnaires, les divers utilisateurs de la nature, conformément à la circulaire du 11 août 1997.
M. Alain Vasselle. On n'a pas attendu 1998 pour lancer la concertation : elle avait commencé bien avant !
M. Jacques Bellanger. Trois groupes de travail étaient constitués au sein du Comité national de suivi et de concertation.
Le premier traitait de la notion de « perturbation » - ce qui peut avoir des conséquences sur l'activité cynégétique - et concluait que la chasse ne constituait pas une activité perturbante ayant un effet significatif, car elle n'entraînait pas un déclin durable ou la disparition de l'espèce concernée avec quelques exceptions comme l'ours brun ou le phoque veau marin.
Le deuxième étudiait la notion de détérioration - ce qui peut avoir des conséquences sur les activités agricoles.
Le troisième s'intéressait à l'évaluation de la gestion des sites.
Dans le même temps, la rédaction d'un guide méthodologique, destiné à l'élaboration des documents d'objectifs propres à chaque site, s'achève et doit faire l'objet d'une évaluation d'ensemble.
C'est à partir de ces cadres que les coûts pourront être mieux cernés. Je crois d'ailleurs savoir, comme vous-même, monsieur le rapporteur, que des mesures fiscales sont à l'étude sur ce point.
Ainsi, en l'espace d'une seule année, une importante mécanique de concertation dans tous les domaines touchés par la directive Natura 2000 a été mise en place, fonctionne et est susceptible de déboucher sur des accords contractuels ou, à défaut, sur une méthodologie unanimement acceptée.
Monsieur le rapporteur, nous comprenons la démarche qui a conduit à l'élaboration de votre proposition de loi. Elle reflétait l'inquiétude des élus locaux et la révolte des acteurs du monde rural. Nous y retrouvons d'ailleurs des options que nous partageons, par exemple la définition de périmètres de sites en accord avec les parcelles cadastrales ou une juste représentation des élus locaux dans les processus de décision. Elle manifeste aussi le désir du pouvoir législatif d'intervenir là ou nous ne voyons que directives européennes, circulaires et décrets, et nous partageons ce souci.
Mais nous nous interrogeons sur la date et la méthode. La date : pourquoi si vite, pourquoi aujourd'hui alors qu'une concertation que nul ne peut nier et qui répond à de nombreuses propositions de votre rapport est en cours et en voie d'aboutir ? La méthode : pourquoi ne pas attendre les conclusions des concertations en cours, les résultats des travaux engagés par les trois commissions du Comité national de suivi et de concertation, la version définitive du guide méthodologique ?
Monsieur le rapporteur, je ne doute pas un instant de votre attachement à la notion du développement durable dans laquelle s'inscrit la directive Natura 2000, même s'il ne va pas jusqu'à la volonté de l'inscrire dans la loi.
Vous me permettrez d'être plus réservé sur l'opinion d'au moins une partie de la majorité sénatoriale dont vous êtes membre et qui soutient la proposition de loi que vous nous présentez aujourd'hui. La succession des échelons de concertation et de décision, la multiplication des commissions à l'échelon départemental, le choix du département s'agissant des compétences en matière d'environnement : tout cela nous laisse un peu sceptique quant à l'efficacité. Le mieux est quelquefois l'ennemi du bien.
J'ajoute donc à mon interrogation sur la date et la méthode un étonnement sur la complexité de la mécanique de la proposition de loi présentée et qui pourrait nous mener tout droit au blocage de la mise en oeuvre de la directive Natura 2000.
Les erreurs de communication et de concertation des gouvernements précédents ont abouti à un véritable climat de défiance envers les initiatives en matière de protection de la nature de la Commission de Bruxelles. Au moment où la ratification du traité d'Amsterdam devient un enjeu politique, nous craignons que ce débat ne soit dévié de son véritable objectif ; il importe donc d'y apporter réflexion et sagesse.
Enfin, nous avons, sur un point précis, une divergence profonde sur le niveau de compétence apte à gérer la mise en oeuvre de la directive Natura 2000.
Cette directive indique : « considérant que le but principal de la présente directive étant de favoriser le maintien de la biodiversité, tout en tenant compte des exigences économiques, sociales, culturelles et régionales, elle contribue à l'objectif général d'un développement durable ; que le maintien de cette biodiversité peut, dans certains cas, requérir le maintien, voire l'encouragement, d'activités humaines ; ». Puis : « considérant qu'il convient d'encourager, dans les politiques d'aménagement du territoire et de développement, la gestion des éléments du paysage qui revêtent une importance majeure pour la faune et la flore sauvage ».
Il ne s'agit donc pas du tout de constituer un musée ou une « réserve d'indiens », mais de préserver des habitats naturels qui, loin de nuire à l'activité humaine et économique, peuvent contribuer à l'aménagement du territoire et du développement. C'est d'ailleurs la conception que nous avons du développement durable. Dans cette conception, nous nous rapprochons de l'article L. 244-1 traitant des parcs naturels régionaux selon lequel : « les parcs naturels régionaux concourent à la protection de l'environnement, d'aménagement du territoire, de développement économique et social et d'éducation et de formation du public.
Nous sommes donc bien dans le domaine de l'aménagement du territoire qui relève du niveau régional et non pas départemental, comme il est indiqué dans la proposition de loi. Nous présenterons donc un amendement sur ce point.
Comme vous, monsieur le rapporteur, nous souhaitons mettre fin aux inquiétudes des élus locaux et du monde rural concertant l'application de la directive Natura 2000. Mme la ministre, en rupture avec la politique des gouvernements précédents, a mis en oeuvre une politique de concertation que nous approuvons.
MM. Alain Vasselle et Jean-François Le Grand, rapporteur. Mais non !
M. Jacques Bellanger. Nous considérons donc comme une erreur de légiférer avant que cette très large concertation ne soit achevée. En conséquence, nous nous abstiendrons lors du vote de ce texte.
M. le président. La parole est à Mme Terrade.
Mme Odette Terrade. Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, il y a loin du point de départ de la proposition de loi que nous examinons, telle qu'elle s'élabore depuis plusieurs mois, maintenant, à la mise en oeuvre du réseau Natura 2000.
En effet, la mise en place du réseau Natura 2000 qui devait, dès son origine, participer à la réalisation des objectifs de la convention mondiale sur la préservation de la diversité biologique adoptée au Sommet de la Terre de Rio en 1992 et ratifiée par notre pays a connu une relative infortune.
Paradoxalement, cette infortune allait à l'inverse de l'esprit du sommet de Rio tant la nécessité de préserver la biodiversité semblait et semble partagée par un très grand nombre de nos compatriotes, élus ou non.
De fait, la directive européenne Natura 2000 a pris, dans notre pays, beaucoup de retard.
En 1997, la France était l'une des dernières nations à n'avoir pas adressé à la Commission européenne des propositions de sites susceptibles d'être intégrés au sein du réseau Natura 2000.
Vous avez, madame la ministre, relancé ce programme en août dernier. Cette décision a permis de redynamiser la directive Natura 2000.
Ainsi, l'inventaire français a identifié 1 316 sites pouvant être labellisés comme sites d'importance communautaire.
La question qui se pose aujourd'hui - la proposition de loi que nous examinons en témoigne - est celle d'une mise en réseau cohérente.
S'agissant d'enjeux d'importance, une mise en oeuvre aussi démocratique que partagée est nécessaire.
L'originalité du dispositif des zones spéciales de conservation prévues par le réseau écologique européen est d'assurer la sauvegarde des éléments de la diversité écologique, en cherchant à concilier les exigences écologiques des habitats naturels et des espèces avec les activités économiques, sociales et culturelles des populations.
Nous sommes attachés à une conception environnementale issue des postulats du sommet de la terre qui s'oppose à toute notion de réserves sanctuarisées.
Comment, en effet, aujourd'hui, promouvoir la protection des milieux naturels, de la faune et de la flore, sans la présence de l'homme ?
Plus encore, les paysages de notre pays, leur façonnage au fil des siècles - cela est vrai pour l'ensemble de notre continent - résultent pour une part essentielle de la présence de l'homme et des activités qu'il a pu mener sur l'ensemble du territoire européen.
Pour autant, les réserves, voire les résistances provoquées par la directive Natura 2000 illustrent le travail à accomplir encore pour convaincre de la nécessité de mettre en place, à l'échelle de notre continent, un réseau au service de la conservation et de la promotion de la biodiversité. Des efforts de communication, d'information, voire de pédagogie, restent, de ce point de vue, encore à faire.
La réussite du réseau Natura 2000 ne peut se concevoir sans la participation de l'ensemble des acteurs environnementaux de notre pays.
Chacun, à son niveau, doit pouvoir prendre place dans une réflexion sur la diversité biologique européenne. Cela ne doit pas être seulement une affaire de spécialistes.
La proposition de loi qui est soumise à notre examen appelle quelques commentaires de notre part.
Nous pensons, tout d'abord, que l'état de l'application de la directive Natura 2000 dans notre pays est fort différent aujourd'hui de ce qu'il était voilà encore quelques mois, au moment de la rédaction du texte que nous examinons aujourd'hui.
De plus, les travaux que vous menez, madame la ministre, justifient, selon nous, que l'on patiente encore un peu quant aux mesures à prendre en matière d'intégration dans notre droit national de la directive Natura 2000.
Ainsi, un programme expérimental soutenu financièrement par la Commission de Bruxelles au titre du fonds Life est en cours sur 37 sites. Ce programme permet d'examiner, en concertation avec les acteurs locaux et en grandeur réelle, les approches, les méthodes et le contenu des futurs documents d'objectifs.
Nous pensons, pour notre part, préférable d'obtenir les résultats des travaux en cours plutôt que d'adopter un texte dont nous ne sommes pas sûrs qu'il parviendra à assurer une réelle prise en compte de la directive Natura 2000.
M. Alain Vasselle. Très bien !
Mme Odette Terrade. Nous souhaiterions être informés plus amplement, madame la ministre, de l'état d'avancement de ces travaux, qui devraient, selon les informations dont nous disposons, aboutir à la rédaction d'un projet de loi dans la toute prochaine période.
Pour en revenir à la proposition de loi qui nous occupe, je souhaiterais conclure par deux remarques.
La première concerne le niveau proposé pour le Conseil du patrimoine naturel, à savoir le niveau départemental ; celui-ci nous semble assez peu adapté pour ce qui relève des mesures à prendre en matière environnementale. L'échelle régionale nous semble plus appropriée.
Ma seconde remarque a trait à la procédure d'indemnisation prévue à l'article 10. Nous voyons, dans cet article, des risques de dérives dans l'indemnisation des propriétaires concernés par le réseau Natura 2000. Nous sommes, quant à nous, davantage favorables à une indemnisation « positive » qui serait effective dès lors qu'un certain nombre de mesures seraient prises par les propriétaires ou par les titulaires de droits réels pour se conformer à l'esprit de la directive Natura 2000.
Compte tenu de ces éléments et des réponses que vous nous apporterez, madame la ministre, notre groupe n'accordera pas ses suffrages au texte qui nous est proposé, jugeant préférable d'attendre que soient arrivés à leur terme les travaux conduits au sein des 37 sites expérimentaux. (Applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen.)
M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Monsieur le président, monsieur le rapporteur, mesdames, messieurs les sénateurs, la transposition dans le droit français de la directive 92/43/CEE est une nécessité. C'est pourquoi je remercie M. Le Grand de s'être préoccupé de cette question à la suite de son rapport d'information sur la mise en oeuvre du réseau national Natura 2000. Je le remercie de son souci de rendre pérenne le dispositif de concertation mis en place par le Gouvernement.
En arrivant au ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement, en juin 1997, j'ai trouvé une situation bloquée. La mise en oeuvre du réseau Natura 2000, prise en application de la directive Habitats naturels, était en panne.
Quand on veut être compris, il faut expliquer, avez-vous dit, monsieur le rapporteur. Vous en conviendrez avec moi, on avait bien peu expliqué, bien peu cherché à convaincre, bien peu tenté de clarifier les situations confuses décrites par M. Bellanger.
Il est difficile, monsieur Grignon, de mener en un an une concertation qui aurait pu et dû être menée pendant deux ou trois ans.
La France avait près deux ans de retard par rapport au calendrier de transmission des propositions de sites sur lequel elle s'était engagée en 1992. Le gel décidé par le gouvernement précédent et les rares réunions de ce qu'il fut convenu d'appeler le « groupe des Neuf », où les élus n'étaient pas présents, ne peuvent guère être qualifiés de concertations efficaces.
Pendant que les autres pays de l'Union européenne avançaient, la France faisait du surplace. Elle restait, avec le grand-duché du Luxembourg, le seul pays à ne pas avoir encore adressé à la Commission européenne une liste de propositions de sites Natura 2000.
Ce retard se traduisait par une perte de près de 50 millions de francs, de crédits européens destinés à abonder des programmes de gestion de notre patrimoine naturel. Pour 1997, la France aurait pu recevoir, au vu des programmes présentés, environ 12 % du fonds LIFE-Nature. Elle n'en a obtenu que 3,7 %, soit 11 millions de francs, par suite du gel de la procédure Natura 2000 imposé par M. Juppé.
En termes d'emplois, et surtout d'emplois-jeunes, cette perte correspondait à la suppression de postes de personnels devant travailler sur des programmes de gestion de sites naturels, notamment de sites proposés pour Natura 2000.
Ce retard se traduisait également par un avis motivé de la Commission européenne adressé à la France pour non-transmission de la liste de sites susceptibles de figurer dans le réseau européen Natura 2000. Cet avis s'est transformé depuis en saisine de la Cour de justice des Communautés européennes.
Comme l'avait déclaré, à propos de Natura 2000, M. Lionel Jospin, lors de la campagne pour les élections législatives, il ne fallait pas faire de la France « la lanterne rouge de la mise en oeuvre des programmes communautaires ».
En effet, compte tenu de son exceptionnelle diversité biologique, notre pays a une responsabilité particulière dans la constitution du réseau Natura 2000. La France est située au carrefour de quatre grandes zones biogéographiques européennes : atlantique, continentale, méditerranéenne et alpine. Elle abrite sur son territoire plus de 77 % des types d'habitats naturels recensés dans la directive Habitats naturels, 22 % des espèces végétales et animales et 81 % des espèces d'oiseaux européens les plus menacées.
C'est pourquoi, dans un premier temps, j'ai rapidement relancé la concertation au plan national puis au plan local.
Le Comité national de concertation et de suivi Natura 2000 a été ouvert à un plus vaste ensemble de partenaires, notamment d'élus, qui étaient absents dans sa formation antérieure, ainsi que de représentants d'exploitants et d'usagers des milieux naturels. Cette mesure traduit la volonté du ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement d'associer aux plans tant local que national l'ensemble des acteurs du monde rural, comme Mme Bardou l'a dit tout à l'heure.
Je vous rappelle que ce groupe de concertation, qui s'est réuni dès le 30 juillet 1997, rassemble des représentants des organisations socioprofessionnelles, des associations d'élus, des associations d'usagers de la nature et des institutions suivantes : l'Association des présidents de conseils généraux, l'Association des maires de France, l'Association nationale des élus de la montagne, la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles, le Centre national des jeunes agriculteurs, la Confédération paysanne, la Fédération nationale de la propriété agricole, l'Assemblée permanente des chambres d'agriculture, la Fédération nationale des syndicats de propriétaires forestiers sylviculteurs, la Fédération nationale des communes forestières, l'Association nationale des centres régionaux de la propriété forestière, l'Union nationale des fédérations départementales de pêche et de protection du milieu aquatique, l'Union nationale des fédérations départementales des chasseurs, France Nature Environnement, Réserves naturelles de France et Espaces naturels de France, la Fédération nationale des parcs naturels régionaux, la Fédération française de la randonnée pédestre, l'Office national des forêts et la direction de l'espace rural et forestier du ministère de l'agriculture et de la pêche.
Constatant que la notion de « perturbation » figurant au paragraphe 2 de la directive Habitats naturels posait un problème à certains gestionnaires et utilisateurs des milieux naturels, notamment les chasseurs, j'ai proposé la création d'un groupe de travail sur la question.
Ce groupe de travail a rendu ses conclusions en décembre 1997, qui ont été avalisées par l'Union nationale des fédérations départementales des chasseurs. On a ainsi pu constater que les rumeurs les plus folles, abondamment diffusées, sur une contradiction entre Natura 2000 et la pratique de la chasse étaient sans fondement.
A la demande des représentants des organisations agricoles et sylvicoles, deux autres groupes de travail ont été mis en place ensuite, l'un sur le concept de « détérioration », également évoqué dans l'article 6, paragraphe 2, de la directive Habitats naturels, l'autre sur les coûts de gestion.
Parallèlement, la procédure était relancée au niveau local, au travers de comités départementaux de suivi Natura 2000, d'une composition similaire à celle du groupe national.
Les préfets des départements de montagne étaient invités à transmettre, avant le mois d'octobre, une première liste de propositions de sites du domaine biogéographique alpin pour que la France puisse participer à la réunion de mise en cohérence européenne organisée les 20 et 21 octobre 1997 à Salzbourg. La confrontation de nos premiers envois avec ceux des autres pays a montré que nous avions encore d'importants efforts à faire.
A titre indicatif, les propositions françaises intéressaient moins de 10 % du territoire de la région biogéographique alpine française, alors que l'Autriche avait transmis des propositions concernant 12,5 % de son territoire, l'Italie 20 %, l'Espagne 34,7 % et la Suède 35 %.
Avec quelques grincements liés à la rouille de longs mois d'inactivité, la mécanique Natura 2000 s'est donc remise en marche dans un climat franc, direct et propice à des échanges constructifs.
Nous avons certes vécu quelques semaines difficiles dans un contexte électoral que vous imaginez aisément. Depuis, le dialogue a repris et M. Le Grand souhaite d'ailleurs un dialogue sans dérapage.
Agriculteurs, chasseurs, propriétaires forestiers, pêcheurs, chacun a compris qu'une gestion responsable des espaces intéressants du point de vue de la biodiversité était la meilleure manière de garantir la pérennité de certaines de ces activités et de maintenir ou de développer des activités liées à la qualité des milieux intéressants en termes d'emploi, d'aménagement du territoire.
A ce jour, près de 550 des 1 300 sites inventoriés ont été transmis à la Commission européenne. Ils représentent 1,6 % du territoire national, les dernières propositions reçues des préfets, soit 151 sites, permettant d'atteindre les 2,8 % du territoire national.
Par comparaison avec ce qu'ont déjà transmis d'autres pays européens, il faut bien convenir que la position de la France reste très modeste. L'Autriche, l'Espagne, la Grèce, la Finlande, l'Italie, le Portugal et la Suède ont envoyé des premières listes de propositions qui couvrent entre 7 % et 17 % de leurs territoires terrestres.
Au cours des réunions du Comité national de concertation et de suivi Natura 2000, il est apparu qu'il serait nécessaire de donner un cadre législatif au dispositif contractuel dont le Gouvernement souhaitait disposer pour mettre en place le réseau Natura 2000. Il s'agissait non seulement de répondre à une demande des partenaires concernés par le réseau, mais aussi de satisfaire la Commission européenne.
Un projet de transposition a donc été préparé par mes services. Il a été diffusé aux membres du Comité national Natura 2000, lors de sa réunion du 2 juin dernier.
Le ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement a demandé aux membres du Comité Natura 2000 des contributions destinées à amender le texte proposé.
Lors de la prochaine réunion du groupe, qui est prévue à la fin du mois de septembre, un bilan sera tiré des suggestions faites.
Parallèlement à cette démarche, le projet du ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement a été soumis au ministère de l'agriculture et de la pêche et au ministère de la défense ; ces derniers ont fait connaître leur grand intérêt pour les orientations du projet.
C'est pourquoi, et sans méconnaître certains aspects intéressants de la proposition de loi telle qu'elle a été retenue par la commission des affaires économiques et du Plan, le Gouvernement juge ce texte prématuré. Il veut en effet privilégier la plus large concertation, ce qui est, me semble-t-il, une garantie de l'acceptation sur le terrain du réseau Natura 2000.
Le Gouvernement souhaite bénéficier des réflexions du comité de suivi avant de soumettre un texte au Parlement.
Par ailleurs, eu égard à nos obligations, notamment à l'égard des institutions européennes, certaines dispositions de la proposition de loi ne peuvent être retenues par le Gouvernement. Enfin, quelques propositions sont d'ordre réglementaire et non législatif.
La proposition de loi ne définit pas, en droit interne, le réseau Natura 2000. Il n'est jamais fait référence aux deux directives européennes 79/409 et 92/43 qui sont à l'origine de cette proposition, et il n'est manifesté aucune cohérence entre la proposition et les obligations de ces directives.
En revanche, le projet de loi définit, dans son article 1er, le réseau Natura 2000 comme le réseau composé des zones déjà désignées au titre de la directive Oiseaux et des futures zones de cette directive et de la directive Habitats naturels.
La proposition de loi donne aux instances de concertation des pouvoirs décisionnels et des prérogatives qui relèvent exclusivement de la puissance publique, à savoir l'identification des propositions de sites et l'approbation des documents d'objectifs.
Or c'est au ministre en charge de l'environnement qu'il incombe, en vertu du décret du 5 mai 1995, d'arrêter les propositions de sites, sur la suggestion des préfets, après consultations locales. Ce sont, en effet, les Etats membres qui sont responsables de l'application de la directive devant la Commission européenne.
Il existe actuellement, au plan départemental, trois conseils et commission, créés ou en puissance, dont les champs d'application se recouvrent.
Il s'agit d'abord de la commission départementale des sites, perspectives et paysages, créée en 1945, en vertu de la loi du 2 mai 1930 sur la protection des monuments naturels et des sites.
Après le vote de la loi du 10 juillet 1976 relative à la protection de la nature, la compétence de cette commission, en formation de protection de la nature, a été étendue à la flore, à la faune et aux milieux naturels.
Il s'agit ensuite du conseil départemental de la chasse et de la faune sauvage, qui date de 1972. Il résulte de la transformation du Conseil supérieur de la chasse en Conseil national de la chasse et de la faune sauvage, d'une part, et Office national de la chasse, d'autre part.
Le conseil départemental est une déclinaison du Conseil national. Comme son nom l'indique, il a vocation à traiter de chasse et de faune sauvage, et, par extension, de milieux. Le maintien et l'exploitation de la faune sauvage ne peuvent en effet se concevoir sans prise en compte des conditions de milieu.
Il s'agit enfin du conseil départemental de l'environnement et de la qualité de vie. C'est un conseil virtuel, né de la loi du 2 février 1995, dite loi Barnier.
Il était question de fusionner en une seule instance la commission départementale des sites, perspectives et paysages, le conseil départemental de la chasse et de la faune sauvage, la commission départementale des carrières et le conseil départemental de l'hygiène. C'était une bonne idée. Mais les discussions au Parlement, notamment au Sénat, ont conduit au maintien en l'état de ces différentes structures et à la création, en sus, du conseil départemental de l'environnement et de la qualité de vie.
Mon prédécesseur a donc estimé, et je partage son opinion, qu'il n'y avait pas lieu de mettre en place un conseil redondant et dépourvu de facto d'utilité.
La création d'un conseil départemental du patrimoine naturel tel qu'il est proposé ne peut donc qu'accroître la confusion, et ce à deux niveaux.
Il y aurait d'abord confusion avec le conseil scientifique régional du patrimoine naturel, qui est chargé auprès du préfet de région de réaliser les inventaires du patrimoine naturel, c'est-à-dire, entre autres, l'inventaire de sites susceptibles de figurer dans le réseau Natura 2000. C'est d'ailleurs à cet inventaire que fait référence l'article 6 du décret de 1995 et non à la liste des propositions.
Le conseil départemental proposé, quant à lui, verrait sa compétence limitée à « l'identification scientifique et technique des propositions de sites susceptibles d'être reconnus d'importance communautaire », c'est-à-dire les sites Natura 2000, tout en bénéficiant d'un intitulé ouvrant un champ de compétences beaucoup plus étendu.
Ensuite, il y aurait confusion avec les actuels comités départementaux Natura 2000, qui ont été institués auprès des préfets de département par la circulaire du 10 juillet 1996 de la ministre de l'environnement.
La composition de ces comités, réservés à l'origine aux représentants des propriétaires et des gestionnaires, a été étendue, à ma demande, en août 1997, à des représentants d'élus et d'usagers des milieux naturels.
Ces conseils ont, par définition, une vocation temporaire. Ils ne doivent pas se substituer aux comités locaux de pilotage qui existent déjà.
Par ailleurs, il ne paraît pas justifié de prévoir, dans de tels conseils, un collège majoritaire avec les représentants des élus, et un collège minoritaire avec les représentants de l'Etat, des secteurs économiques et professionnels, scientifiques et associatifs.
La gestion du territoire doit se faire prioritairement avec les propriétaires, les gestionnaires et les usagers.
En tout état de cause, la composition précise de ces conseils ne peut relever que du domaine réglementaire.
M. Hilaire Flandre. Avec l'avis du Gouvernement !
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Le rôle des comités de pilotage est non pas de définir les périmètres des sites, mais d'élaborer les documents d'objectifs, une fois que le conseil départemental a donné son avis sur une proposition de site et que le site a été retenu par le ministre chargé de l'environnement.
L'élaboration des documents d'objectifs relève, pour partie, de compétences scientifiques qui n'apparaissent pas comme telles dans la proposition de loi. En outre, dans le système actuel, c'est le représentant de l'Etat qui choisit, après appel à projet, l'organisme chargé d'établir matériellement le document d'objectifs. Ce point a été décidé au sein d'un groupe de travail spécifique à l'élaboration des documents d'objectifs, groupe réunissant l'ensemble des partenaires du Comité national de suivi et de concertation Natura 2000.
Le 24 juin dernier s'est tenu au ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement un séminaire de présentation de la méthodologie des documents d'objectifs Natura 2000, auquel participaient près de 400 personnes. Il s'agissait de dresser un bilan d'une démarche expérimentale menée sur trente-sept sites pilotes grâce à l'aide de la Commission européenne.
Ce document existe : voici le guide méthodologique des documents d'objectifs Natura 2000. (Mme le ministre brandit une brochure.)
On peut en retenir deux idées forces.
La première, c'est que l'on a décidément besoin de comités de pilotage locaux site par site et que les documents d'objectifs doivent être élaborés au cas par cas.
La seconde, c'est que nos partenaires qui ont accepté de s'engager dans la procédure de concertation viennent d'horizons très divers : par exemple, la fédération départementale des chasseurs des Landes, le conservatoire des sites lorrains, le parc naturel régional de la Brenne, l'entente pour le développement de l'Erdre navigable ou le syndicat mixte pour la protection et la gestion de la Camargue gardoise ont accepté de s'engager dans l'élaboration de ces documents d'objectifs.
Comme Mme Terrade en a exprimé le souci, c'est donc avec des partenaires de terrain, connaissant extrêmement bien la situation locale et les acteurs concernés...
M. Hilaire Flandre. Et étant sur place !
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. S'ils ne sont pas sur place, ce ne sont pas des partenaires de terrain !
Les résultats obtenus témoignent de l'intérêt de la méthode choisie : celle de la discussion au plus près du terrain et avec les acteurs concernés. Elle permet d'aborder les questions concrètes et de trouver les réponses appropriées à chaque situation. (Marques de scepticisme sur les travées du RPR.) Avant d'être un document de papier, le document d'objectifs est d'abord une démarche, une aventure humaine dans laquelle la coopération de tous est recherchée.
Le Gouvernement tient à ce que le fruit de ces expériences vienne enrichir le projet de loi diffusé auprès des membres du groupe de suivi et de concertation Natura 2000.
L'idée d'une instance de concertation régionale, évoquée lors de la réunion de la commission des affaires économiques et du Plan, me semble bonne. Cette instance pourrait inclure l'actuel comité scientifique régional du patrimoine naturel. A cette échelle régionale, qui est pertinente, il manque, en effet, une instance d'expertise qui puisse confronter ses réflexions avec les élus régionaux et les gestionnaires. Le travail d'inventaire lié à Natura 2000 est pratiquement achevé, je le répète, mais il ne faut pas oublier le reste. Des stratégies de gestion, des politiques régionales en matière de patrimoine vivant restent à élaborer et à conduire.
Le système d'enquête publique proposé va à l'encontre de la démarche contractuelle privilégiée par le Gouvernement. La démarche contractuelle suppose l'accord des parties sur les modalités de gestion prévues dans les documents d'objectifs, lequel accord conditionne l'octroi des avantages financiers et fiscaux d'accompagnement. Avec l'enquête publique, on institue un système comparable à celui des réserves naturelles, ce qui n'est pas du tout dans la logique de la mise en oeuvre de Natura 2000.
Le système indemnitaire qui en découle est en contradiction avec la démarche contractuelle proposée par le Gouvernement et, mesdames, messieurs les sénateurs, voulue par les partenaires.
Il s'agit, en effet, dans une approche contractuelle, non pas d'indemniser un éventuel préjudice, comme on le fait dans le cas d'une expropriation, mais de rémunérer un service rendu à la collectivité par le propriétaire et le gestionnaire.
Ainsi, dans le projet de loi du Gouvernement, l'adhésion volontaire des propriétaires et des gestionnaires aux objectifs et aux modalités de gestion des sites conditionne l'octroi des avantages financiers et fiscaux d'accompagnement.
C'est pourquoi le Gouvernement, déjà opposé sur le fond à ce système, invoquera contre l'article 10 de la proposition de loi l'article 40 de la Constitution. En effet, cet article 10 est irrecevable, car il crée une charge pour l'Etat.
Cela dit, vous l'imaginez bien, mesdames, messieurs les sénateurs, le Gouvernement a réfléchi d'ores et déjà aux moyens à mobiliser pour faciliter la mise en place de Natura 2000 : fonds communautaire, mise en place d'un fonds de gestion des milieux naturels, dont le Premier ministre a accepté le principe, défiscalisation. Nous devrons rediscuter, bien sûr, de la possibilité d'exonérer de la taxe sur le foncier non bâti certains des sites concernés par le réseau Natura 2000.
M. Alain Vasselle. Ça, c'est du financement d'Etat !
M. Jean-François le Grand, rapporteur. Aux frais des communes !
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Enfin, il convient de noter que cette proposition de loi ne répond pas à l'obligation de transposer en droit interne les dispositions de l'article 6, paragraphes 3 et 4, de la directive 92/43/CEE, qui prévoient l'évaluation obligatoire de tout plan ou projet susceptible d'affecter de façon significative les zones du réseau Natura 2000 ainsi que les possibilités de dérogations.
Cette absence de transposition est à l'origine d'un contentieux porté récemment devant la Cour de justice des Communautés européennes par la Commission européenne, contentieux ne pouvant se solder que par une condamnation de la France, en l'absence de toute transposition de cet article.
Mme Anne Heinis. La condamnation n'est pas obligatoire, si nous négocions !
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. C'est pourquoi l'article 3 du projet de loi gouvernemental s'est attaché à répondre à ce grief de la Commission européenne.
En conclusion, la proposition de loi semble louable dans ses intentions, mais elle ne répond pas, dans les dispositions qu'elle préconise, aux questions qui se posent pour une bonne mise en oeuvre de la directive Habitats naturels.
L'apport des réflexions du ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement, tout comme les suggestions des membres du comité de suivi et de concertation Natura 2000, devraient permettre d'élaborer un texte satisfaisant pour tous, ce qui correspond, si je vous ai bien écoutés, mesdames, messieurs les sénateurs, au voeu formulé par plusieurs d'entre vous et par vous-même, monsieur le rapporteur.
Le Gouvernement ne peut être favorable à l'adoption, en l'état, d'une proposition ne pouvant, de facto, tenir compte d'un processus qui n'est pas arrivé à son terme.
Vous me permettrez néanmoins, pour conclure, de saluer votre volonté d'être - je cite Mme Bardou - « des partenaires actifs de la mise en oeuvre de Natura 2000 », ce dont je vous remercie.
M. Jean-François Le Grand, rapporteur. C'est se moquer du monde ! Vous avez tout mélangé, madame la ministre. Vous êtes d'une mauvaise foi évidente !
M. Hilaire Flandre. C'est M. Minetti qui va être content !
M. le président. Personne ne demande plus la parole dans la discussion générale ?...
La discussion générale est close.
Mes chers collègues, nous allons maintenant interrompre nos travaux ; nous les reprendrons à vingt-deux heures quinze.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à vingt heures cinq, est reprise à vingt-deux heures quinze.)