STATUT DE LA BANQUE DE FRANCE

Adoption des conclusions
d'une commission mixte paritaire

M. le président. L'ordre du jour appelle la discussion des conclusions du rapport (n° 402, 1997-1998) de la commission mixte paritaire chargée de proposer un texte sur les dispositions restant en discussion du projet de loi modifiant le statut de la Banque de France en vue de sa participation au Système européen de banques centrales.
Dans la discussion générale, la parole est à M. le rapporteur.
M. Alain Lambert, rapporteur pour le Sénat de la commission mixte paritaire. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, la commission mixte paritaire est parvenue à élaborer un texte sur la réforme du statut de la Banque de France. La délégation du Sénat, conduite par le président Christian Poncelet, était résolue à y parvenir.
En effet, le Sénat comme l'Assemblée nationale avaient adopté sans modification aucune le coeur du dispositif proposé par le Gouvernement, en particulier l'article 1er, qui assure l'intégration de la France dans le Système européen de banques centrales et garantit une nouvelle fois l'indépendance de la Banque et de son gouverneur.
Je n'exprimerai à ce sujet que le regret de n'avoir pu, à cette occasion, renforcer la légitimité démocratique du Conseil de la politique monétaire. Ce débat reprendra peut-être. Il n'est pas essentiel pour le moment.
La commission mixte paritaire a adopté la plupart des modifications apportées par l'Assemblée nationale qui étaient relatives aux activités internes de la Banque, en particulier celles des succursales.
Nous avions bien compris le message des députés, qui souhaitent, face à un relatif retrait de la Banque de la scène monétaire, renforcer ses activités nationales. En supprimant ces adjonctions, nous n'exprimions pas un désaccord sur le fond, mais nous voulions conserver à la loi toute sa solennité. La commission mixte paritaire a, du reste, supprimé les modifications relevant manifestement du domaine réglementaire.
La commission mixte paritaire a également accepté les principales modifications introduites par le Sénat.
Elle a ainsi sauvegardé le partage des compétences, prévu par le traité, entre les banques centrales nationales et le Système européen de banques centrales en matière de bon fonctionnement des systèmes de paiement. Le traité stipule que la promotion de ce bon fonctionnement est l'une des quatre missions fondamentales du Système européen de banques centrales.
La commission mixte paritaire a également accepté que le Conseil de la politique monétaire puisse être auditionné par les commissions des finances des deux assemblées dans les mêmes conditions que le gouverneur. Dans mon esprit, il s'agissait non pas de diviser ces deux autorités organiquement liées, mais de garantir que le Parlement aurait, sur la politique monétaire, aussi bien le point de vue national que le point de vue européen.
Enfin, la commission mixte paritaire a accepté la plupart de nos modifications rédactionnelles, ou les a améliorées, et a adopté la modification symbolique que le Sénat avait votée au sujet de l'entrée en vigueur du texte, en ne prévoyant pas l'hypothèse selon laquelle la France n'adopterait pas la monnaie unique dès le 1er janvier 1999.
Je vois, dans le consensus sur ce symbole, l'expression de la confiance de la représentation nationale dans l'adoption de la monnaie unique.
M. Emmanuel Hamel. Une partie de la représentation nationale !
M. Alain Lambert, rapporteur. J'y vois aussi le soutien qu'elle apporte au Président de la République et au Gouvernement, à son ministre de l'économie, des finances et de l'industrie en particulier, pour la réussite des Conseils européens des 1er et 2 mai prochains, au mieux des intérêts de notre pays et de l'Europe.
Je dois dire à ce sujet que j'ai trouvé assez injuste la présentation qui a été faite, çà et là, de nos débats sur l'euro et sur la Banque de France. Le Sénat a montré, me semble-t-il, un large consensus en faveur de la monnaie unique et la vigueur des oppositions ne doit pas dissimuler qu'elles sont minoritaires, tout en demeurant légitimes et très respectables.
M. Emmanuel Hamel. Merci !
M. Alain Lambert, rapporteur. Cette monnaie unique sera l'une des grandes oeuvres de ce siècle et un enjeu fondamental pour notre pays. La France est désormais prête. (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, des Républicains et Indépendants et sur certaines travées du RPR.)
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Daniel Vaillant, ministre des relations avec le Parlement. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, le débat en première lecture au Sénat a été approfondi, de qualité et très riche, et je tiens, au nom du Gouvernement et au nom du ministre de l'économie, des finances et de l'industrie, qui n'a malheureusement pas pu être présent ce soir, à vous en remercier.
Les opinions défendues, quelles qu'elles soient, sont toutes fondées sur des convictions profondes et donc parfaitement honorables.
Un débat également très approfondi a eu lieu au Sénat sur la résolution, déposée au titre de l'article 88-4 de la Constitution, relative au passage à l'euro. Ce débat, qui a eu lieu la semaine dernière, a traité, avec des arguments et des contre-arguments, de toutes les questions évoquées ce soir. Je n'y reviendrai donc pas.
Lors de l'examen, en première lecture, du projet de loi modifiant le statut de la Banque de France, certains, et M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie le premier, avaient estimé qu'il était quelque peu contradictoire de commencer par un texte technique, alors que le débat général n'avait pas encore eu lieu, en raison des contraintes du calendrier parlementaire.
Nous avons retrouvé un ordre logique : la résolution a été votée par le Sénat et c'est seulement maintenant que la Haute Assemblée va adopter, du moins je l'espère, le projet de loi modifiant les statuts de la Banque de France.
Je rappellerai simplement qu'à l'occasion du débat sur ce projet de loi nous avons abordé une autre question connexe qui est celle de l'évolution de la Banque de France et de ses succursales, ce qui était bien légitime.
J'ai le sentiment que les explications que le Gouvernement a pu apporter et les amendements qui ont été introduits tant au Sénat qu'à l'Assemblée nationale et, finalement, par un accord conjoint dans le présent texte issu de la commission mixte paritaire sont de nature à rassurer tous ceux, élus ou salariés, qui pouvaient craindre, sans raison, certes, mais ils le pouvaient, que l'introduction de l'euro ait des conséquences sur la vie des succursales et de la Banque elle-même.
De ce point de vue, le Gouvernement et le Parlement ont bien fait leur travail et le ministre des relations avec le Parlement que je suis ne peut que s'en réjouir.
Je vous remercie donc et je souhaite bien évidemment, au nom du Gouvernement, que le texte issu des travaux de la commission mixte paritaire soit adopté ce soir par la Haute Assemblée. (M. Trucy applaudit.)
M. le président. Personne ne demande plus la parole dans la discussion générale ?...
La discussion générale est close.
Nous passons à la discussion des articles.
Je rappelle qu'en application de l'article 42, alinéa 12, du règlement, lorsqu'il examine après l'Assemblée nationale le texte élaboré par la commission mixte paritaire, le Sénat se prononce par un seul vote sur l'ensemble du texte.
Je donne lecture du texte de la commission mixte paritaire :