M. le président. La parole est à M. Hoeffel.
M. Daniel Hoeffel. Ma question s'adresse à M. le ministre des affaires étrangères.
Des événements douloureux continuent de frapper l'Algérie. Face à cette évolution, plusieurs institutions européennes ont envoyé des délégations pour étudier la situation sur place. Est-il d'ores et déjà possible, monsieur le ministre, de dresser un bilan de ces visites et des conclusions qu'il convient d'en tirer ?
Par ailleurs, les incertitudes de la situation actuelle ne doivent pas nous faire oublier la nécessité de préserver la place économique de la France en Algérie, il ne faut pas donner le sentiment que la France adopte, plus que certains de ses partenaires européens, une position d'attente. Quelles sont, à cet égard, les perspectives qui peuvent être envisagées dans le contexte actuel ? (Très bien ! et applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR et des Républicains et Indépendants. - M. Bimbenet applaudit également.)
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères. Monsieur le sénateur, la question que vous posez est l'une de celles qui nous préoccupent constamment. Comment faire, dans nos relations avec ce pays si proche et si important, pour préserver nos liens avec lui, malgré la tragédie qu'il traverse, et pour préparer l'avenir ?
A cet égard, il faut se réjouir de la multiplication récente des visites, qui ont permis de mieux comprendre les positions des uns et des autres et de dépasser une vision parfois un peu schématique de la situation. Cela a été le cas de la troïka. On avait, à l'époque, souligné ce que l'on présentait comme une absence de résultat, mais
c'était une visite qui visait à engager le dialogue au niveau européen, à savoir trois pays, celui qui avait assumé la présidence européenne, celui qui l'assumait et celui qui l'assumerait.
Par ailleurs, la délégation du Parlement européen a fait du bon travail. J'y ajouterai le déplacement récent du président de la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale française.
Je sais que d'autres visites sont envisagées, par des parlementaires français ou par d'autres pays européens. Ce sont de bonnes initiatives et nous les encouragerons chaque fois qu'on nous le demandera.
Vous me demandez, monsieur Hoeffel, quelle leçon on peut en tirer. On peut d'abord noter que les autorités algériennes se montrent de plus en plus disposées à accueillir de tels déplacements, à entrer dans des discussions, même lorsque c'est à partir d'analyses qu'elles contestent. De toute façon, cet échange permet d'approfondir, de mieux analyser.
En tout cas, j'ai noté que les participants à ces différentes délégations avaient pour dénominateur commun d'être revenus en considérant que la question, souvent mise en avant depuis plusieurs mois, sur l'origine des massacres ne pouvait plus se poser dès lors qu'on avait fait l'effort d'aller sur place et de rencontrer, comme les uns et les autres l'ont fait, des représentants non seulement des autorités, mais aussi des différents partis représentés à l'Assemblée algérienne, ainsi que des représentants de la presse - on connaît la diversité de la presse algérienne aujourd'hui - et de très nombreux mouvements ou associations, y compris des associations algériennes qui font un travail admirable en ce qui concerne les familles des victimes. Il faut encourager ces contacts et, je le répète, nous continuerons à le faire.
S'agissant de la dimension économique, nous faisons le même effort en ce moment pour faciliter la préparation et le bon déroulement de la visite d'une délégation tout à fait importante du CNPF, le Conseil national du patronat français. Un travail est accompli pour que les entreprises, les PME françaises retrouvent le chemin de ce pays où, naturellement, vous le disiez à juste titre, les entreprises américaines, italiennes, espagnoles, allemandes, britanniques et autres ne nous ont pas attendus.
Cela suppose que nous progressions également sur certains dossiers de fond.
En ce qui concerne les visas, j'ai déjà eu l'occasion de le dire, mon collègue Jean-Pierre Chevènement et moi-même avons pris cette question à bras-le-corps afin de faire remonter le nombre de visas, qui était tombé à un niveau exagérément bas, et ce dans des conditions de sécurité qui sont également notre souci à tous. (Applaudissements sur les travées socialistes, sur celles du groupe communiste républicain et citoyen et sur celles du RDSE, ainsi que sur certaines travées de l'Union centriste. - M. Chaumont applaudit également.)

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