RAPPEL AU RÈGLEMENT

M. Michel Charasse. Je demande la parole pour un rappel au règlement.
M. le président. La parole est à M. Charasse.
M. Michel Charasse. Monsieur le président, je souhaiterais que vous attiriez l'attention de M. le président du Sénat sur ce que je vais évoquer dans un instant, afin que, d'ici à la réunion du bureau de notre assemblée, mardi prochain, il ait le temps de réfléchir à l'action qui pourrait éventuellement être menée.
Il s'agit de la situation incroyable qui va être celle des parlementaires, donc des sénateurs, le 10 mars prochain, si les informations qui ont été publiées hier par un journal du soir sont exactes.
Selon ces informations, le Syndicat de la magistrature envisagerait en effet de monopoliser le 10 mars prochain les locaux de la justice pour y organiser une journée d'action sur la réforme de la justice, afin de faire pression sur l'exécutif et le législatif en vue d'accélérer ladite réforme. Le Syndicat de la magistrature se proposerait de convoquer à cette occasion les parlementaires - il ne parle que de les inviter ; de la part de magistrats, il ne peut s'agir que d'une convocation ! (Sourires) - pour qu'ils s'expliquent sur leurs intentions.
Monsieur le président, il y a d'abord là une violation insupportable de la séparation du pouvoir...
M. Dominique Braye. Bien sûr ! C'est scandaleux !
M. Michel Charasse. ... puisque l'autorité judiciaire, même si ce n'est pas - pas encore ? - en formation habituelle dans un tribunal, s'arroge le droit de faire pression sur l'exécutif et sur le législatif : c'est bien un comportement factieux et cela relève du crime de forfaiture, de la loi de 1790.
Mais c'est également une violation de l'article 27 de la Constitution, qui interdit le mandat impératif, puisqu'on tente de nous imposer le sens de nos décisions et de nos votes.
Je ne compte pas beaucoup sur Mme le garde des sceaux - encore que tout peut arriver ! - pour poursuivre ces gens sur la base des articles du code pénal qui traitent des atteintes à l'action de la justice, mais je rappelle que l'article L. 433-1 du code pénal prévoit des peines très sévères à l'encontre de ceux qui font pression sur les élus pour les obliger à faire quelque chose, qu'ils aient ou non l'intention de le faire.
Je souhaite donc que M. le président du Sénat veuille bien réfléchir à la question de savoir s'il ne pourrait pas, sur cette base, saisir le parquet contre le Syndicat de la magistrature ! (Vifs applaudissements sur les travées du RPR.)
M. Dominique Braye. Bravo !
M. le président. Monsieur Charasse, je ne manquerai pas de transmettre dans les meilleurs délais votre demande à M. le président du Sénat.
Mes chers collègues, nous allons maintenant interrompre nos travaux ; nous les reprendrons à quinze heures.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à douze heures trente-cinq, est reprise à quinze heures, sous la présidence de M. René Monory.)