M. le président. « Art. 8. - I. - Au chapitre V du titre IV du livre II du code de la sécurité sociale, la section 2 devient la section 3.
« II. - Au même chapitre, il est inséré une section 2 ainsi rédigée :

« Section 2


« Contribution à la charge des entreprises assurant l'exploitation d'une ou plusieurs spécialités pharmaceutiques
« Art. L. 245-6-1. - Une contribution assise sur le chiffre d'affaires hors taxes réalisé en France auprès des pharmacies d'officine, des pharmacies mutualistes et des pharmacies de sociétés de secours minières, au titre des ventes en gros de spécialités inscrites sur la liste mentionnée à l'article L. 162-17, à l'exception des spécialités génériques définies à l'article L. 601-6 du code de la santé publique, est due par les entreprises assurant l'exploitation d'une ou plusieurs spécialités pharmaceutiques au sens de l'article L. 596 du code de la santé publique.
« Le taux de cette contribution est fixé à 2,5 %.
« Art. L. 245-6-2 . - La contribution due par chaque entreprise est recouvrée et contrôlée par l'Agence centrale des organismes de sécurité sociale, dans les conditions prévues à l'article L. 138-3.
« Les déclarations servant de base au calcul de la contribution sont celles prévues à l'article L. 138-5.
« Lorsqu'une entreprise n'a pas produit la déclaration prévue à l'alinéa précédent dans les délais prescrits ou a produit une déclaration manifestement erronée, le taux de sa contribution est fixé à titre provisionnel d'office à 10 %, la contribution étant appelée sur une assiette constituée par le montant du dernier chiffre d'affaires connu ou à défaut déterminée par tous autres moyens.
« Lorsque l'entreprise produit ultérieurement la déclaration du trimestre considéré, le montant de sa contribution dû au titre de ce trimestre est majoré de 10 %. Les entreprises peuvent formuler une demande gracieuse en réduction de cette majoration en cas de bonne foi dûment prouvée.
« Art. L. 245-6-3 . - La contribution est versée de façon provisionnelle au plus tard le dernier jour de chaque trimestre civil sur la base du chiffre d'affaires réalisé au cours du trimestre civil précédent.
« Au titre d'une année civile, l'ensemble des contributions versées fait l'objet d'une régularisation annuelle au plus tard le dernier jour du trimestre civil suivant l'année civile concernée.
« Si le montant des contributions définitives est différent du montant des contributions versées à titre provisionnel, le solde est imputé lors de l'échéance suivante de la contribution.
« Art. L. 245-6-4 . - Le produit de la contribution est affecté à la Caisse nationale de l'assurance maladie des travailleurs salariés. »
« III. - Les dispositions du présent article s'appliquent au chiffre d'affaires réalisé à compter du 1er janvier 1998.
« IV. - L'article L. 138-2 du code de la sécurité sociale est ainsi modifié :
« 1° Au a , le pourcentage de "1,5 %" est remplacé par le pourcentage de "1,72 %" »;
« 2° Au b , le pourcentage de "1,35 %" est remplacé par le pourcentage de "1,57 %" » ;
« 3° Au c , le pourcentage de « 1,2 %" est remplacé par le pourcentage de "1,42 %" » ;
« 4° Au d , le pourcentage de " 1 %" est remplacé par le pourcentage de "1,22 %" » ;
« 5° Au e , le pourcentage de "0,75 %" est remplacé par le pourcentage de "0,97 %" » ;
« 6° Au f , le pourcentage de "0,5 %" est remplacé par le pourcentage de "0,72 %". »
Sur cet article, je suis saisi de quatre amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 35, M. Oudin, au nom de la commission des finances, propose de supprimer cet article.
Par amendement n° 10, M. Descours, au nom de la commission des affaires sociales, propose de rédiger comme suit l'article 8 :
« Avant le dépôt du prochain projet de loi de financement de la sécurité sociale, le Gouvernement présentera un rapport au Parlement sur la distribution des médicaments remboursables par l'assurance maladie, le rôle et la marge des pharmaciens d'officine, la production et la promotion des médicaments génériques et l'automédication. »
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° 71 rectifié, présenté par MM. Vasselle, Blanc etGournac, et tendant à compléter le texte proposé par l'amendement n° 10 pour l'article 8 par une phrase ainsi rédigée :
« Ce rapport devra tenir compte du rôle respectif des dépositaires des fabricants et des grossistes répartiteurs, eu égard à la qualité du service de santé publique qu'ils doivent assurer. »
Par amendement n° 27, M. Michel Mercier propose, dans le texte présenté par le II de l'article 8 pour l'article L. 245-6-1 du code de la sécurité sociale :
I. - Après les mots : « des spécialités », d'insérer les mots : « homéopathiques et » ;
II. - De remplacer les mots : « à l'article L. 601-6 », par les mots : « aux articles L. 601-3 et L. 601-6 ».
Par amendement n° 78, M. Fischer, Mme Borvo et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent :
I. - A la fin du second alinéa du texte présenté par le II de l'article 8 pour l'article L. 245-6-1 du code de la sécurité sociale, de remplacer le taux : « 2,50 % », par le taux : « 1 % ».
II. - De rédiger comme suit le paragraphe IV de l'article 8 :
« IV. - L'article L. 138-2 du code de la sécurité sociale est modifié comme suit :
« 1° Au a, le pourcentage de "1,5 %" est remplacé par le pourcentage de "1,90 %".
« 2° Au b, le pourcentage de "1,35 %" est remplacé par le pourcentage de "1,75%".
« 3° Au c, le pourcentage de "1,2 %" est remplacé par le pourcentage de "1,60 %".
« 4° Au d, le pourcentage de "1 %" est remplacé par le pourcentage de "1,40 %".
« 5° Au e, le pourcentage de "0,75 %" est remplacé par le pourcentage de "1,05 %".
« 6° Au f, le pourcentage de "0,5 %" est remplacé par le pourcentage de "0,90 %". »
La parole est à M. le rapporteur pour avis, pour présenter l'amendement n° 35.
M. Jacques Oudin, rapporteur pour avis de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation. La commission des finances propose de supprimer l'article 8. En effet, bien que son objectif d'égalisation des conditions de concurrence entre les laboratoires et les grossistes-répartiteurs soit louable, cet article paraît très maladroit.
Les taux de la nouvelle contribution avaient d'abord été fixés au niveau assez excessif de 6,63 %, ce qui aboutissait à supprimer quasiment toute possibilité de marge commerciale sur les ventes directes de médicaments.
L'Assemblée nationale a démontré au Gouvernement l'absurdité de sa mesure et elle a adopté la contribution avec un taux nettement inférieur, soit 2,5 %. Ce taux semble avoir été toutefois fixé de manière relativement aléatoire, sans évaluation objective du coût réel, résultant pour les grossistes-répartiteurs de leurs obligations de service public.
Par ailleurs, afin de compenser le coût de la diminution de la contribution sur les ventes directes, les députés ont relevé parallèlement les taux de la contribution sur les ventes en gros de médicaments. Cela semble parfaitement contradictoire avec l'objectif visé au départ puisque cette contribution pèse principalement sur les grossistes-répartiteurs que l'on cherchait précisément à protéger d'une concurrence déloyale.
La commission des finances est donc d'avis de supprimer l'article 8 et approuve sans réserve l'initiative de la commission des affaires sociales tendant à la présentation par le Gouvernement d'un rapport au Parlement sur la distribution des médicaments remboursables.
M. le président. La parole est à M. Descours, rapporteur, pour défendre l'amendement n° 10.
M. Charles Descours, rapporteur pour les équilibres financiers généraux et l'assurance maladie. M. Oudin vient d'expliquer pourquoi, à la commission des finances comme à la commission des affaires sociales, nous étions contre l'instauration de cette taxe.
L'amendement que nous présentons maintenant vise à ce que le Gouvernement présente au Parlement un rapport sur la distribution des médicaments remboursables par l'assurance maladie, le rôle et la marge des pharmaciens d'officines, la production et la promotion des médicaments génériques et l'automédication.
Nous proposons non pas de supprimer l'article 8, à l'instar de la commission des finances, mais de substituer au texte de cet article celui de l'amendement n° 10.
M. le président. La parole est à M. Vasselle, pour défendre le sous-amendement n° 71 rectifié.
M. Alain Vasselle. Ce sous-amendement a pour objet de conforter le texte de l'amendement qui vient d'être présenté par M. Descours.
Il vise notamment à préciser que le rapport du Gouvernement devra expressément tenir compte du rôle respectif des dépositaires, des fabricants et des grossistes-répartiteurs eu égard à la qualité du service de santé publique qu'ils doivent assurer.
En effet, deux systèmes complémentaires de distribution existent en France : d'une part, les ventes directes assurées par les dépositaires et, d'autre part, les ventes aux grossistes qui sont assurées par les grossistes-répartiteurs. Ces deux filières de distribution sont taxées de manière homogène aux termes des dispositions de l'article L. 138-2 du code de la sécurité sociale. Cette taxe représente environ en moyenne 1 % du chiffre d'affaires du médicament remboursé.
Pour montrer la proportion de ce que représentent l'un et l'autre, je dirai que les grossistes-répartiteurs font 1 milliard de francs de bénéfices contre 66 millions de francs pour les dépositaires assurant des ventes directes.
Il faut donc maintenir un système équilibré entre les interventions de ces deux fournisseurs. Pour des raisons de santé publique, il paraît souhaitable d'étudier spécifiquement les deux filières de distribution du médicament et les rôles respectifs des intervenants afin que les mesures qui s'imposeront ne soient pas prises au détriment de l'une des deux filières.
Mon sous-amendement a pour objet de préciser les dispositions qui sont prévues dans le rapport souhaité par la commission des affaires sociales.
M. le président. L'amendement n° 27 est-il soutenu ?...
La parole est à M. Fischer, pour défendre l'amendement n° 78.
M. Guy Fischer. Cet amendement porte sur la mise en place d'une contribution sur le produit de l'activité des entreprises assurant, pour le compte des laboratoires pharmaceutiques, des ventes directes de médicaments remboursables.
Nous avons été saisis, comme d'ailleurs un certain nombre de nos collègues, je suppose, de nombreux courriers sur cette question qui méritait, à tout le moins, un examen attentif.
J'observe d'ailleurs que la commission des affaires culturelles, familiales et sociales de l'Assemblée nationale a jugé utile de modifier partiellement le texte du projet de loi initial dans le sens souhaité par les professionnels de ce secteur, sans toutefois aller jusqu'au bout de leurs propositions, propositions, d'ailleurs, tout à fait mesurées.
Nous tirons en effet de ces propositions la conclusion que les entreprises de vente directe de médicaments ne sont pas opposées à la mise en place d'une contribution mais celle-ci nécessite un certain nombre d'aménagements eu égard, notamment, à leur part, toute relative, sur le marché de la distribution de médicaments au regard, en particulier de la place occupée par les grossistes-répartiteurs.
Nous comprenons le souci qui les anime d'éviter que cette contribution ne finisse par réduire toujours plus la part de marché qu'ils occupent au profit des grossistes-répartiteurs qui pourraient, dès lors, asseoir encore mieux leur position prépondérante, allant d'ailleurs jusqu'à peser sur le niveau des prix des produits concernés avec les conséquences néfastes sur l'emploi en France.
C'est pour ces raisons de bon sens que nous proposons donc à la Haute Assemblée d'adopter cet amendement n° 78 portant sur l'article 8.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 35, sur le sous-amendement n° 71 rectifié et sur l'amendement n° 78 ?
M. Charles Descours, rapporteur pour les équilibres financiers généraux et l'assurance maladie. S'agissant de l'amendement n° 35 présenté par M. Oudin, j'ai dit tout à l'heure qu'il avait le même objet que l'amendement n° 10 de la commission des affaires sociales. Ce dernier nous paraît toutefois plus complet puisqu'il prévoit le dépôt d'un rapport. Nous considérons donc que l'amendement n° 35 est satisfait par l'amendement n° 10.
La commission des affaires sociales est favorable au sous-amendement n° 71 rectifié.
Je regrette que l'amendement n° 27, proposé par M. Mercier, n'ait pas été défendu. En effet, madame le ministre, monsieur le secrétaire d'Etat, il y a un problème pour les médicaments homéopathiques qui sont distribués directement.
M. le président. La commission peut toujours reprendre un amendement !
M. Charles Descours, rapporteur pour les équilibres financiers généraux et l'assurance maladie. Certes, monsieur le président, mais il est un peu contradictoire avec l'amendement de la commission. (Sourires.)
M. Bernard Kouchner, secrétaire d'Etat. Très légèrement !
M. Charles Descours, rapporteur pour les équilibres financiers généraux et l'assurance maladie. Le Gouvernement, qui, madame le ministre, a tous les pouvoirs, lui, peut, au cours de la navette, réparer l'injustice dont il est l'auteur en matière de distribution des médicaments homéopathiques.
J'en viens à l'amendement n° 78. Le texte initial du Gouvernement prévoyait une taxe de 6,6 %. Cela ne satisfaisait personne. La commission des affaires culturelles, familiales et sociales de l'Assemblée nationale a proposé une autre répartition des taxes ; maintenant, nos collègues du groupe communiste républicain et citoyen en proposent une troisième. Nous le disons dans notre amendement : cela relève de la politique conventionnelle entre les professionnels.
On s'amuse : le Gouvernement propose une taxe, l'Assemblée nationale une autre, le groupe communiste républicain et citoyen du Sénat une troisième. Il faut réunir les grossistes-répartiteurs, les pharmaciens d'officine et les industriels autour d'une table, leur exposer les besoins et leur demander comment ils répartissent. Le Gouvernement, je l'espère, et le Parlement entérineront, mais on n'impose pas ainsi des taxes. En huit jours, trois taux différents ont été proposés ! Nous sommes donc hostiles à l'amendement n° 78.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 35 et 10, sur le sous-amendement n° 71 rectifié et sur l'amendement n° 78 ?
M. Bernard Kouchner, secrétaire d'Etat. Ma position est nette : le Gouvernement, pour des raisons différentes, est défavorable à l'ensemble de ces amendements.
Les amendements n°s 35 et 10 se ressemblent, parce qu'ils visent, d'une certaine manière, à supprimer les dispositions de l'article 8. Je reconnais que le dépôt d'un rapport est intéressant ; mais puisque nous allons le faire pour l'examen du prochain projet de loi de financement de la sécurité sociale, pourquoi prévoir un rapport supplémentaire ?
Quel est notre objectif ?
Les grossistes ont pour tâche - c'est un service public - de rendre, dans les vingt-quatre heures, service à la population en fournissant tous les médicaments à toutes les pharmacies de tous les endroits de France, et, pour cela, ils sont rétribués. Quand la vente directe intervient pour certains médicaments de certains laboratoires, dans certaines pharmacies, elle se partage avec le pharmacien 10,74 %.
Cela ne me paraît pas complètement normal, il me semble que nous devons privilégier les grossistes répartiteurs, qui assurent un service public, je le répète. Comme nous avons le sentiment que c'est juste, nous avons accepté en effet la diminution de la taxe qui a été proposée à l'Assemblée nationale.
M. Charles Descours, rapporteur pour les équilibres financiers généraux et l'assurance maladie. Et tout le monde est mécontent !
M. Bernard Kouchner, secrétaire d'Etat. Non, tout le monde n'est pas mécontent ! Finalement, nous avons un budget en équilibre.
Quant à l'homéopathie, monsieur le rapporteur, il faut qu'elle fasse un nouveau petit sacrifice. En 1996, elle a coûté à la sécurité sociale, 800 millions de francs. Je reconnais qu'il s'agit d'une industrie très spécifiquement française dont nous sommes tout à fait contents ; mais 800 millions de francs, cela me paraît suffisant.
Le Gouvernement est défavorable à l'amendement n° 78, qui vise au contraire à augmenter la taxe. Il nous semble en effet que le dispositif est équilibré.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 35.
M. Jacques Oudin, rapporteur pour avis. Je le retire au profit de l'amendement n° 10, monsieur le président.
M. Charles Descours, rapporteur pour les équilibres financiers généraux et l'assurance maladie. Je vous en remercie, monsieur le rapporteur pour avis.
M. le président. L'amendement n° 35 est retiré.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 71 rectifié, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix, ainsi modifié, l'amendement n° 10, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 8 est ainsi rédigé, et l'amendement n° 78 n'a plus d'objet.

Article 9