RAPPEL AU RÈGLEMENT

Mme Marie-Claude Beaudeau. Je demande la parole pour un rappel au règlement.
M. le président. La parole est à Mme Beaudeau.
Mme Marie-Claude Beaudeau. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, mon rappel au règlement se fonde sur l'organisation des travaux de notre assemblée.
Nous avons en effet appris vendredi dernier par la presse qu'un accord tendant à établir « un concept commun franco-allemand en matière de sécurité et de défense » avait été conclu le 9 décembre dernier, à Nuremberg, entre le Président de la République et le Chancelier d'Allemagne.
En tenant manifestement secret pendant plus d'un mois et demi cet accord, qui porte singulièrement atteinte à la souveraineté de notre pays, le Président de la République et son gouvernement ont délibérément bafoué le droit que l'article 34 de la Constitution reconnaît au Parlement de déterminer « les principes fondamentaux de l'organisation générale de la défense nationale ».
Je tiens ici à le souligner avec force : il est proprement scandaleux que ni le peuple ni ses représentants n'aient été tenus au courant ni des tractations en cours début décembre ni de leur aboutissement.
Faut-il que les abandons ainsi décidés en catimini aient été importants pour que l'on ait jugé, en haut lieu, inopportun de les rendre publics !
Directement inspiré de la très ancienne Communauté européenne de défense, qui a échoué au début des années cinquante, cet accord, d'une extrême gravité, vise en fait à constituer une politique de défense commune placée sous tutelle américaine.
S'inscrivant dans une perspective européenne ouvertement atlantiste et contraire à la démarche d'indépendance nationale définie en son temps par le général de Gaulle, démarche que nous avions soutenue, ses auteurs ont ainsi délibérément choisi de subordonner nos armées et notre force de frappe nucléaire à des objectifs qui n'ont rien à voir avec la défense de la nation.
Au nom du groupe communiste républicain et citoyen, je tiens à protester solennellement contre le fait que le Parlement et l'opinion publique de notre pays aient été tenus à l'écart de cet accord alors que celui-ci met fondamentalement en cause l'actuelle politique étrangère et de défense de la France.
Le Gouvernement a été obligé d'accepter un débat à l'Assemblée nationale, et cela dans la plus grande précipitation, ce qui témoigne de l'embarras dans lequel il se trouve.
Nous demandons donc que notre commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées soit saisie dans les plus brefs délais de cette affaire, aujourd'hui même si possible, que le Gouvernement vienne s'expliquer devant le Sénat et que le Parlement s'exprime par un vote sur le contenu de cet accord. (Très bien ! sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen.)
M. le président. Madame, s'il ne m'appartient pas de porter un jugement sur le sujet que vous venez d'évoquer, permettez-moi de dire, en revanche, qu'il n'a pas de rapport avec l'organisation de nos travaux ! Il concerne plutôt l'ordre du jour, lequel est du ressort du Gouvernement.
De plus, j'ignore quels ont été le précédents en matière de traitement de ce genre de document devant la représentation nationale au cours des années passées. C'est au Gouvernement qu'il revient d'apprécier.
Pour ma part, je ne peux que vous donner acte de votre rappel au règlement qui, encore une fois, porte non pas sur l'organisation de nos travaux, mais bel et bien sur l'ordre du jour.
Mme Hélène Luc. De toute façon, j'ai écrit au président Monory.

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