B. SOUTENIR LES ACTEURS DE LA SOCIÉTÉ CIVILE INVESTIS DANS CES COMBATS

1. Un prérequis de toute politique publique de lutte contre les violences faites aux femmes : garantir aux associations les moyens de leur action

La délégation est convaincue de la nécessité de soutenir l'engagement des acteurs de la société civile investis dans la lutte contre les violences faites aux femmes . Elle a eu plusieurs occasions de rappeler ce prérequis de toute politique publique dans ce domaine , même si elle doit déplorer que ces recommandations soient restées lettre morte, si elle en juge par les alertes qu'elle reçoit régulièrement d'associations de terrain pourtant confrontées à une charge de travail accrue depuis un an.

S'agissant plus précisément du mariage précoce, elle tient à saluer l'implication des associations et des acteurs de terrain rencontrés dans le cadre de son précédent rapport d'information sur les mutilations sexuelles, dont l'action concerne aussi - ce lien est éclairant de la proximité de ces violences - la protection des jeunes filles contre des mariages forcés et des grossesses précoces.

2. Des exemples d'ONG engagées contre le mariage des enfants dont l'action doit être encouragée

Deux ONG au rôle pionnier sont particulièrement actives dans le plaidoyer contre les mariages forcés et pour la promotion et la défense des droits des filles dans le monde : le partenariat mondial Girls not brides , et l'ONG Plan international . Ces organismes ont eu une influence décisive sur la plupart des avancées obtenues depuis une dizaine d'années pour améliorer la condition des filles , et notamment pour faire régresser les mariages précoces.

Grâce à leurs réseaux locaux dans les différents pays , ils agissent à travers une stratégie de plaidoyer auprès de la communauté internationale et des actions de terrain dans les pays où sont menacés les droits des filles.

a) Filles pas épouses, un rôle précurseur dans le plaidoyer contre les mariages forcés

Créée en 2011, l'organisation Filles pas épouses ( Girls not brides ) est aujourd'hui une organisation indépendante, fondée sur un partenariat mondial rassemblant plus de 700 organisations de la société civiles réparties dans quelques 85 pays 67 ( * ) .

Son objectif est de mettre fin au mariage des enfants dans le monde et d'offrir des perspectives d'avenir aux filles.

Depuis sa création en 2011, Filles pas épouses a contribué à faire du mariage des enfants une question traitée au niveau international.

Filles pas épouses a notamment développé son plaidoyer contre le mariage des enfants à l'occasion de la première Journée internationale des droits des filles , le 11 octobre 2012. Son message a été relayé par des personnalités comme le Secrétaire général des Nation unies 68 ( * ) . Par ailleurs, l'action de Filles, pas épouses a permis de mobiliser des engagements financiers de la part des bailleurs de fonds.

LES ORIGINES DE FILLES, PAS ÉPOUSES

Indigné par l'ampleur des mariages des enfants, « The Elders », un groupe de personnalités indépendantes réunies par Nelson Mandela, ont décidé de faire de cette question un sujet prioritaire de leurs actions en faveur de l'égalité des genres.

Convaincus que mettre un terme au mariage des enfants serait bénéfique pour les droits des filles comme pour le développement économique des pays, ces personnalités ont réuni en 2011 un groupe de 80 experts issus d'ONG locales et internationales, d'instituts de recherche et d'organisations internationales, intervenant sur la question du mariage des enfants dans le monde.

Ils ont souhaité soutenir leurs efforts, en faisant comprendre au monde l'urgence de la situation et en les aidant à mieux travailler ensemble.

En septembre 2011, Filles, pas épouses : le Partenariat mondial pour la fin du mariage des enfants a ainsi été officiellement lancé en marge de l'Assemblée générale des Nations unies.

Le Partenariat est conçu comme une plateforme partager des informations, sensibiliser les pays aux droits des filles et développer des stratégies conjointes pour mobiliser le soutien politique et les ressources techniques et financières nécessaires à la fin du mariage des enfants .

En septembre 2016, Filles, pas épouses a dressé le bilan de ses cinq premières années d'existence dans un rapport qui rappelle l'histoire et le contexte de sa création, les avancées réalisées et l'état de la situation des mariages forcés dans le monde 69 ( * ) .

Le document propose également des pistes d'actions pour atteindre l'objectif d'éradication des mariages forcés .

De surcroît, afin de pérenniser la dynamique enclenchée depuis 2011, Filles pas épouses a élaboré une stratégie pour la période 2017-2020 70 ( * ) , qui est envisagée comme une feuille de route à l'intention de l'ensemble des acteurs engagés dans la lutte contre le mariage des enfants.

La stratégie repose sur six objectifs ciblant différents acteurs de la lutte contre le mariage forcé : les gouvernements , en lien avec la société civile, la communauté internationale , les communautés et les familles . Ces objectifs ciblent également la question cruciale des financements et des données statistiques indispensables à l'élaboration d'un état des lieux dans les différentes régions du monde concernées par cette pratique.

b) Plan international, une action contre les violences faites aux filles déployée sur tous les continents

Plan International agit depuis 1937 en faveur des droits des enfants et de l'égalité filles-garçons. Cette ONG a été créée à l'époque de la guerre civile espagnole, sa vocation initiale étant de porter secours aux enfants victimes de la guerre . Ainsi, plusieurs centres ont été mis en place à travers l'Europe au cours de la Deuxième Guerre mondiale pour prendre en charge les enfants déplacés, perdus ou orphelins.

Plan International est aujourd'hui présente dans plus de 70 pays :

- 52 pays en développement, dans les zones les plus vulnérables ;

- 21 pays donateurs, dont la France.

QUELQUES RAPPELS CHRONOLOGIQUES SUR L'ACTION DE PLAN INTERNATIONAL ,
DE SA CRÉATION AUX ANNÉES 2000

1938 : 500 enfants sont parrainés en Espagne. Les premiers parrains sont américains et britanniques.

1940 : 1 200 enfants victimes de la Seconde Guerre mondiale sont parrainés et pris en charge par PLAN .

1953 : PLAN ouvre ses premiers programmes en dehors d'Europe, à Pusan, en Corée du Sud.

1962 : Ouverture des programmes en Colombie et poursuite du déploiement en Asie, dans les zones touchées par les conflits. À la fin des années 1960, PLAN compte près de 20 000 enfants parrainés.

1970 : PLAN ouvre des programmes en Afrique - en Éthiopie, au Mali, au Soudan et au Sierra Leone - et devient Plan International . Plus de 51 600 enfants sont parrainés sur trois continents.

1980 : Le cap des 150 000 parrains est franchi dans la décennie.

1993 : Création de Plan France .

2004 : Plan International vient en aide aux nombreuses victimes du tsunami de décembre 2004.

C'est en 2007 que l'ONG s'engage plus particulièrement pour les droits des filles , à travers une campagne d'ampleur mondiale intitulée « Because I am a Girl ». Plan International est ainsi à l'origine de la Journée internationale des droits des filles reconnue et célébrée par l'ONU depuis le 11 octobre 2012.

Dans le cadre de sa mobilisation pour améliorer la condition des filles dans le monde, Plan International a mis en oeuvre des actions de plaidoyer et des programmes de terrain dans de nombreux pays pour faire progresser les droits des filles.

Plus d'une centaine de programmes dédiés aux filles sont ainsi aujourd'hui développés sur tous les continents, dans des domaines variés : lutte contre l'avortement sélectif en Inde, contre les mutilations sexuelles féminines au Mali, contre les violences sexuelles en Colombie, contre l'esclavage moderne au Népal, contre les mariages précoces au Vietnam, appui à la scolarisation des filles au Cameroun ou au Cambodge.

La délégation aux droits des femmes salue le rôle pionnier et décisif des ONG telles que Filles pas Épouses et Plan International , dont l'engagement et la mobilisation ont largement contribué à faire avancer la condition des filles partout dans le monde.

La délégation appelle à un soutien durable de l'action de ces organismes engagés contre le fléau du mariage des enfants afin de permettre la poursuite des efforts indispensables pour consolider les quelques acquis observés ces dernières années et atteindre de nouvelles avancées .


* 67 Chiffres de janvier 2017.

* 68 Il s'agissait de Ban Ki-Moon à l'époque.

* 69 L'union fait la force - retour sur cinq ans d'avancées vers la fin du mariage des enfants , document publié en septembre 2016 par Filles, pas épouses .

* 70 Stratégie 2017-2020 , document publié en janvier 2017 par Filles pas épouses .

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