Question de Mme de LA PROVÔTÉ Sonia (Calvados - UC) publiée le 10/06/2021

Mme Sonia de La Provôté attire l'attention de M. le ministre de l'intérieur au sujet de la pénurie d'inspecteurs du permis de conduire, notamment dans le département du Calvados.

Phénomène préexistant à la crise sanitaire, il s'est accentué depuis lors, empêchant la venue d'inspecteurs d'autres départements pour pallier les manques. À titre d'exemple, dans le Calvados, le nombre d'inspecteurs est inférieur à la moyenne nationale, et les ouvertures de postes sont insuffisantes pour couvrir les besoins.

À cette pénurie s'ajoutent des facteurs aggravant la situation.

Tout d'abord, le fait que les places pour le passage du permis soient accordées aux auto-écoles en fonction du taux de réussite de leurs candidats. Inéquitable car inégalitaire, cette mesure est difficilement compréhensible, et incomprise par les professionnels du secteur.
Pour pallier ces délais, certains organismes de formation mettent en œuvre des modules de conduite supervisée mais cette solution est un pis-aller pour les personnes concernées qui ne peuvent pas se déplacer librement, notamment pour accéder à une formation ou un emploi.
Ainsi déjà pénalisés, les publics les plus en difficulté le sont encore davantage en ce qu'ils doivent, en outre, continuer pendant ce temps à prendre des heures de conduite.
Ces difficultés touchent aussi les auto-écoles à vocation sociale, obérant l'insertion professionnelle et sociale de leurs candidats.

En Occitanie, une expérimentation est actuellement menée via « Rendez-vous Permis » qui permettrait, si elle est concluante, notamment de maîtriser les délais et d'augmenter les taux de réussite, en désintermédiant l'attribution des places de l'examen pratique. L'attente des résultats de cette expérimentation ne devrait pas pour autant empêcher le recrutement de nouveaux examinateurs et pénaliser le reste des départements.

Enfin, cette situation, si elle touche tous les publics, pénalise plus particulièrement les publics les plus en difficulté financièrement, d'une part, et en empêchant leur insertion professionnelle d'autre part.

Ainsi, elle lui demande de proposer des solutions pour améliorer les délais de passage des candidats au permis, et rétablir une égalité et une équité entre les auto-écoles.

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Réponse du Ministère auprès du ministre de l'intérieur - Citoyenneté publiée le 21/07/2021

Réponse apportée en séance publique le 20/07/2021

M. le président. La parole est à Mme Sonia de La Provôté, auteure de la question n° 1721, adressée à M. le ministre de l'intérieur.

Mme Sonia de La Provôté. Ma question s'adresse au ministre de l'intérieur et concerne la pénurie d'inspecteurs du permis de conduire dans certains départements comme le Calvados, particulièrement dans la commune d'Hérouville-Saint-Clair, dans ce même département.

Si le phénomène existait bien avant la crise sanitaire, il s'est depuis lors aggravé, celle-ci ayant empêché la venue d'inspecteurs d'autres départements pour pallier les manques. Selon les responsables des auto-écoles, près de 350 000 élèves patientent pour passer les épreuves pratiques du permis, pour seulement 1 363 inspecteurs.

Dans le Calvados, le nombre d'inspecteurs est inférieur à la moyenne nationale, et les ouvertures de postes insuffisantes pour couvrir les besoins.

À cette pénurie s'ajoutent des facteurs aggravants.

Tout d'abord, les places pour le passage du permis sont accordées aux auto-écoles en fonction du taux de réussite de leurs candidats. Cette mesure est inéquitable et, bien sûr, inégalitaire.

De plus, pour pallier les délais, certains organismes de formation mettent en œuvre des modules de conduite supervisée. C'est un pis-aller pour les personnes concernées, qui ne peuvent pas se déplacer librement.

Enfin, ces délais contraignent les candidats – souvent jeunes – à payer des heures de conduite supplémentaires, dans l'attente de l'examen.

Ces délais et les coûts ont, pour eux, un impact immense en matière d'accès à une formation ou à un emploi. C'est d'autant plus préjudiciable pour les publics les plus en difficulté, car les moyens sont limités et leur insertion une nécessité. Les difficultés auxquelles ils sont confrontés sont accrues, car les délais concernent aussi les auto-écoles à vocation sociale et solidaire, comme celles qui dépendent d'une mission locale, par exemple, ou celles qui prennent en charge les bénéficiaires d'un financement du permis de conduire par les collectivités.

Madame la ministre, l'une des raisons évoquées par les professionnels est l'expérimentation actuellement menée en Occitanie. En « désintermédiant » l'attribution des places de l'examen pratique, l'objectif serait de maîtriser les délais et d'augmenter les taux de réussite.

Soit, mais si une expérimentation locale est une bonne chose – le Sénat en convient tout à fait –, l'attente de ses résultats ne saurait pénaliser les autres départements, qui se retrouvent, dans l'attente, en situation d'urgence.

Par conséquent, madame la ministre, comment comptez-vous résoudre l'embouteillage, aggravé par la crise sanitaire, remédier à cette pénurie d'inspecteurs du permis de conduire et faciliter, ainsi, l'accès à ce passeport pour l'emploi et l'insertion ?

M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée.

Mme Marlène Schiappa, ministre déléguée auprès du ministre de l'intérieur, chargée de la citoyenneté. Madame la sénatrice, je voudrais rappeler que, avec 1 929 000 épreuves pratiques, dont 1 422 200 pour la catégorie B du permis de conduire, ce dernier représente le premier examen de France.

Le confinement a eu pour effet d'allonger d'une vingtaine de jours le délai médian entre les deux passages de l'examen pratique, ce délai passant de 42 à 64 jours en mars 2021.

La pleine mobilisation du ministère de l'intérieur pour augmenter l'offre de places d'examen a permis d'inverser la tendance sur les délais, ceux-ci étant repassés à 58 jours en mai 2021. Ainsi, depuis le 1er juillet 2020, un rythme de 13 examens par jour et par inspecteur est défini : plus d'un million d'examens a pu être organisé en 2020.

En décembre dernier, l'indemnité pour les examens supplémentaires a été portée de 11,5 euros à 15 euros et, au premier trimestre de 2021, une incitation financière spéciale a été mise en place pour les inspecteurs.

Enfin, il a été procédé au recrutement et à la formation de 30 examinateurs supplémentaires issus du groupe La Poste.

La mobilisation des inspecteurs et des délégués du permis de conduire, dont je voudrais ici saluer l'engagement, a permis de multiplier par quatre la production d'examens supplémentaires sur les trois premiers mois de 2021 par rapport à la même période en 2020. Ce sont 50 000 places d'examen supplémentaires qui ont été proposées sur les six premiers mois de 2021, par rapport à la même période en 2019.

Fort du succès de l'expérimentation d'une méthode d'attribution des places d'examen de l'épreuve pratique en Occitanie, le Gouvernement a décidé de généraliser progressivement ce dispositif à l'ensemble du territoire depuis mai 2021.

S'agissant de la situation du département du Calvados, il ressort que le nombre d'examens de la catégorie B proposés mensuellement a connu une baisse de près de 20 % dans les années 2019 et 2021.

Ce département fait l'objet d'un examen attentif par la Délégation à la sécurité routière. Une rencontre est prévue prochainement entre les équipes de la sous-direction de l'éducation routière et du permis de conduire et les services préfectoraux, pour étudier les solutions à mettre en place.

M. le président. La parole est à Mme Sonia de La Provôté, pour la réplique.

Mme Sonia de La Provôté. Pour de nombreuses raisons, cette question touche essentiellement les jeunes, et plutôt des jeunes en situation de précarité et ayant un besoin d'insertion.

Il faut, au moins, un traitement prioritaire de cette population, afin de lui permettre, dans la situation actuelle si difficile, de trouver un emploi et une situation d'avenir.

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