Question de M. PIEDNOIR Stéphane (Maine-et-Loire - Les Républicains) publiée le 20/05/2021

Question posée en séance publique le 19/05/2021

M. le président. La parole est à M. Stéphane Piednoir, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Stéphane Piednoir. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre et, plus globalement, à l'ensemble du Gouvernement.

Je voudrais évoquer un temps que les moins de 4 ans ne peuvent pas connaître. Un temps où votre majorité défendait avec force l'interdiction du cumul des mandats ; un temps où les « marcheurs » voulaient incarner la rupture avec l'ancien monde, c'est-à-dire avec les pratiques politiques qu'ils jugeaient d'un autre temps.

Mais patatras ! Depuis plusieurs semaines, nous observons la multiplication des candidatures de ministres aux élections départementales et régionales, parfois même aux deux à la fois !

Six candidatures dans les Hauts-de-France ; cinq en Île-de-France… Une quinzaine de candidatures ont été présentées au total, à tel point que l'on peut se demander quelle région n'a pas son ministre candidat !

Certains ont fait marche arrière, constatant la médiocrité du score que les sondages leur prédisaient ; d'autres, en désespoir de cause, ont fait appel au renfort de leurs collègues. Tous semblent animés d'une frénésie : servir les intérêts jupitériens pour attirer la foudre sur quelques concurrents potentiellement gênants.

Alors qu'une crise sans précédent frappe notre pays, votre gouvernement est-il encore pleinement investi dans la gestion de cette crise ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur des travées du groupe UC. – Protestations sur les travées du RDPI.)


Réponse du Premier ministre - Relations avec le Parlement et participation citoyenne publiée le 20/05/2021

Réponse apportée en séance publique le 19/05/2021

M. le président. La parole est à M. le ministre délégué chargé des relations avec le Parlement et de la participation citoyenne. (Exclamations ironiques sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Marc Fesneau, ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des relations avec le Parlement et de la participation citoyenne. Monsieur le sénateur Piednoir, je me contenterai de rappeler la loi. Celle-ci autorise à être ministre et candidat ; elle permet d'être président de région et candidat à sa succession ; elle accorde même le droit d'être sénateur et candidat aux élections départementales et régionales. C'est la loi, rien que la loi – je suis convaincu que nous partagerons au moins ce point de vue.

En outre, il est curieux que vous reprochiez au Gouvernement et aux membres de la majorité d'être candidats à des élections alors que, dans les médias, vous déplorez sans cesse qu'ils ne se confrontent pas au suffrage universel.

M. Alain Richard. Exactement !

M. Marc Fesneau, ministre délégué. Monsieur le sénateur Piednoir, je pense qu'il y a toujours une fierté et un honneur à défendre ses convictions et ses idées dans les débats électoraux territoriaux. C'est toujours une bonne chose que de défendre une vision et un projet : les Français ont le droit d'entendre ce que nous avons à dire dans le cadre du débat démocratique. Je suis certain que, démocrate comme vous l'êtes, vous partagerez aussi ce point de vue.

Sans vouloir être désobligeant, je rappelle que le gouvernement Fillon, que vous souteniez, comptait dix-huit ministres candidats. Cette propension qu'ont les membres de l'opposition à dire exactement l'inverse de ce qu'ils faisaient du temps où ils se trouvaient du côté de la majorité est tout de même étrange ! (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.) Je le regrette, devant les Français, car nous y perdons notre crédit collectif. (Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.)

Pour vous rassurer, monsieur le sénateur, le Gouvernement est pleinement à la tâche. Il est mobilisé sur la crise sanitaire, sur la vaccination, sur les processus de déconfinement. Il vient en aide au milieu culturel, aux lieux de spectacle, aux commerçants…

Si vous ne le voyez pas, les Français, eux, le voient ! (Vifs applaudissements sur les travées du groupe RDPI. – Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.)

Plusieurs sénateurs Les Républicains. Rendez-vous en 2022 !

M. le président. La parole est à M. Stéphane Piednoir, pour la réplique.

M. Stéphane Piednoir. Monsieur le ministre, je comprends bien l'intérêt qu'il y a à se confronter au suffrage universel lorsque l'on n'a jamais été élu sur son nom…

M. Marc Fesneau, ministre délégué. Je l'ai été !

M. Stéphane Piednoir. Un tiers du Gouvernement est actuellement en campagne. Votre référence à l'ancien monde est donc quelque peu déplacée.

Je ne doute pas que, avec la même force, vous expliquerez aux Français que l'on ne peut plus être parlementaire et élu local – voilà la différence avec l'ancien monde ! –, mais que l'on peut être ministre et candidat, c'est-à-dire ministre et colleur d'affiches du dimanche en costume et boutons de manchette !

Mme Jacqueline Gourault, ministre. C'est honteux !

M. Stéphane Piednoir. Mesdames, messieurs les ministres, les Français attendent autre chose de l'exécutif que du marketing et de la communication. Ils espèrent, en réalité, que l'on cesse de les prendre pour des imbéciles ! (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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