Question de M. DEMILLY Stéphane (Somme - UC) publiée le 21/01/2021

Question posée en séance publique le 20/01/2021

M. le président. La parole est à M. Stéphane Demilly, pour le groupe Union Centriste. (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)

M. Stéphane Demilly. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'économie, des finances et de la relance.

Les conséquences de la crise sanitaire sont dramatiques pour le monde économique, et spécifiquement pour l'industrie aéronautique.

La chute du trafic aérien, inédite depuis la Seconde Guerre mondiale, a mis en péril les compagnies aériennes et, par effet domino, toute la filière de construction d'avions. Boeing a annoncé 30 000 suppressions d'emplois et Airbus 15 000, dont 5 000 en France, pour faire face à la baisse de près de 40 % de ses commandes.

Traduction concrète : des bassins d'emploi spécialisés, comme le bassin historique d'Albert, dans la Somme, et ses 3 000 salariés, vivent un séisme économique, et donc social, d'une amplitude inimaginable.

Le plan de sauvegarde initié par votre gouvernement a permis de limiter ou de ralentir les effets de cette crise aussi violente qu'imprévisible. Mais nous sommes maintenant « entrés dans le dur » avec une adaptation des capacités industrielles à la réalité « cassée » du marché.

Nous ne pouvons pas, nous ne devons pas laisser ce bassin de vie s'effondrer, une histoire industrielle s'évaporer et un avenir nous échapper. Les élus, les chefs d'entreprise et les salariés souhaitent que cette force de compétences, structurée au fil de dizaines d'années, soit toujours opérationnelle quand la reprise, attendue en 2023, deviendra réalité et qu'elle devra se décliner industriellement.

Personne n'est responsable de la déflagration vécue et de la perte des 1 000 emplois dans ce bassin picard. Mais si nous ne maintenons pas en vie le tissu de la supply chain partout en France, le jour où le soleil brillera de nouveau sur l'aéronautique mondiale, cette sous-traitance se fera définitivement dans des pays low cost. Et là, en revanche, nous aurons notre part de responsabilité.

Il faut donc courber l'échine et attendre. Mais cette résilience et cette volonté de rebondir ne sont possibles, monsieur le ministre, qu'avec un concours puissant et sans faille de l'État. Ce brutal effondrement de notre excellence aéronautique doit être conjoncturel et non définitif. Les sous-traitants vous le demandent. (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)


Réponse du Ministère de l'économie, des finances et de la relance publiée le 21/01/2021

Réponse apportée en séance publique le 20/01/2021

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'économie, des finances et de la relance.

M. Bruno Le Maire, ministre de l'économie, des finances et de la relance. Monsieur le sénateur Demilly, je veux vous assurer que nous serons aux côtés du bassin picard, aux côtés du département de la Somme, aux côtés du bassin normand, aux côtés du bassin occitan, à Toulouse, où je me rendrai vendredi prochain, pour soutenir la filière aéronautique et les sous-traitants.

La crise touche de manière très inégalitaire les différents secteurs économiques français. Dans le fond, il y a deux économies aujourd'hui en France : une économie qui se porte bien, et c'est tant mieux – je pense notamment au bâtiment, aux travaux publics, à l'agroalimentaire – et des secteurs très durement touchés, plus qu'ils ne l'ont jamais été dans leur existence économique, comme la filière aéronautique.

Avec le Premier ministre, nous avons mis en place une stratégie globale qui vise à maintenir l'ensemble du secteur aéronautique, lequel représente près de 400 000 emplois dans notre pays et 58 milliards d'euros de chiffre d'affaires.

Nous soutenons bien évidemment notre fleuron industriel, Airbus – c'est le sens de mon déplacement à Toulouse, vendredi prochain. Nous soutenons également l'ensemble des compagnies aériennes : non seulement notre compagnie nationale, mais également toutes les compagnies étrangères qui ont continué d'acheter des Airbus avec des garanties export. En 2020, nous aurons ainsi réussi à limiter la casse avec 566 ventes, grâce au soutien de l'État.

En ce qui concerne les sous-traitants, nous avons mis en place, à la demande du Président de la République, un fonds d'investissement pour permettre d'occuper les ingénieurs, de les faire travailler sur un certain nombre de projets, de développer les investissements dans l'innovation. Ce fonds de soutien est doté de 15 milliards d'euros. Le département de la Somme va pouvoir bénéficier d'un certain nombre de projets industriels intéressant la filière aéronautique.

Comme vous pouvez le constater, monsieur le sénateur Demilly, le maintien de notre filière aéronautique parmi les plus performantes et les plus capables de réussir au XXIe siècle, avec le soutien de l'État, est une préoccupation absolument prioritaire du Gouvernement. Croyez-moi, nous y arriverons et nous aiderons la filière à passer ce moment particulièrement difficile. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

M. le président. La parole est à M. Stéphane Demilly, pour la réplique.

M. Stéphane Demilly. Monsieur le ministre, venez nous voir dans le bassin de la Somme pour en parler.

M. Bruno Le Maire, ministre. Avec plaisir !

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