Question de M. VAUGRENARD Yannick (Loire-Atlantique - SER) publiée le 14/01/2021

M. Yannick Vaugrenard attire l'attention de M. le ministre de l'économie, des finances et de la relance sur la possibilité de rendre obligatoire un stage dans une petite ou moyenne entreprise (PME) pour les étudiants des grandes écoles (école nationale d'administration - ENA, Polytechnique, Mines…).

En effet, bien que la situation sanitaire actuelle occupe une grande partie des actions menées par le Gouvernement, il est essentiel de ne pas mettre de côté des initiatives qui pourraient aider les entreprises de notre pays, en particulier les plus petites, PME et très petites entreprises (TPE).

En 2015, 63 % des salariés étaient employés dans des PME. Cependant, elles embauchent beaucoup moins de jeunes diplômés que les grandes entreprises.
Or, cela leur porte préjudice car de nombreuses études montrent l'importance de ces profils pour leur développement et leur dynamisme.
Par ailleurs, nous constatons que, même parmi les PME françaises les plus performantes, leurs difficultés à recruter des jeunes diplômés sont réelles.

D'autres pays européens, comme la Grande-Bretagne, se sont saisis du problème et ont mis en place des programmes particuliers associant grandes universités et PME, permettant ainsi aux étudiants d'effectuer des stages dans ces entreprises.

Il apparaît donc opportun de faire découvrir aux futurs grands décideurs ce qui fait notre richesse économique. Trop souvent, les étudiants des grandes écoles comme l'ENA, l'école Polytechnique ou encore l'école nationale supérieure des Mines de Paris, intègrent directement des grandes entreprises, publiques ou privées, ce qui ne leur donne pas une image réelle de la diversité économique de notre pays.

Il lui demande donc que s'engage une réflexion afin de pouvoir instaurer un stage dans une PME, dans le cursus des étudiants de nos grandes écoles françaises.

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Transmise au Ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation


Réponse du Ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation publiée le 14/07/2021

Réponse apportée en séance publique le 13/07/2021

M. le président. La parole est à M. Yannick Vaugrenard, auteur de la question n° 1450, transmise à Mme la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation.

M. Yannick Vaugrenard. Madame la ministre, je souhaite vous interroger sur la possibilité de rendre obligatoire un stage en PME pour les étudiants des grandes écoles, comme l'École nationale d'administration (ÉNA), l'École polytechnique ou encore l'École nationale supérieure des Mines de Paris.

En effet, bien que la situation sanitaire actuelle occupe une grande partie des actions menées par le Gouvernement, il est essentiel de ne pas mettre de côté des initiatives qui pourraient aider les entreprises, notamment les plus petites, les PME et les très petites entreprises (TPE).

En 2015, 63 % des salariés étaient employés dans une PME, mais ces entreprises embauchent beaucoup moins de jeunes diplômés que les grandes sociétés. Or cela leur porte préjudice, car de nombreuses études montrent l'importance de ces profils pour le développement mais aussi pour le dynamisme des entreprises.

D'autres pays européens, comme le Royaume-Uni, se sont saisis du problème et ont mis en place des programmes spécifiques associant grandes universités et PME et facilitant les stages. En Allemagne, le niveau moyen d'encadrement des entreprises est bien meilleur que celui des PME et entreprises de taille intermédiaire (ETI) françaises, notamment parce que les jeunes diplômés s'y orientent naturellement à la sortie de leurs études.

Il paraît donc opportun de faire découvrir aux futurs grands décideurs ce qui fait notre richesse économique. Trop souvent, les étudiants des grandes écoles intègrent directement de grands établissements, privés ou publics, ce qui ne les confronte pas à la diversité économique de notre pays et de nos territoires. Nos dirigeants sont par ailleurs très demandeurs de ce type d'initiative et la Banque publique d'investissement, Bpifrance, y a déjà travaillé. C'est une volonté forte exprimée par les réseaux de petites et moyennes entreprises.

Il me semble donc primordial d'instaurer, de manière systématique, au moins un stage dans une petite entreprise dans le cursus des étudiants de nos grandes écoles françaises.

Je vous saurais gré de bien vouloir m'indiquer, madame la ministre, ce que le Gouvernement compte faire sur ce sujet.

M. le président. La parole est à Mme la ministre.

Mme Frédérique Vidal, ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation. Monsieur le sénateur Vaugrenard, les grandes écoles, notamment celles du service public, ont toujours attaché une importance particulière aux expériences en milieu professionnel de leurs étudiants.

Ainsi, à l'ÉNA, les élèves suivent un stage de sept mois en préfecture ou en collectivité territoriale, au cours duquel ils effectuent une « mission entreprise » de deux mois, au sein d'une PME ou d'une PMI du territoire. Il s'agit d'une nouveauté, datant de 2019, mise en place sous l'impulsion du directeur de l'école, car, auparavant, les stages en entreprise avaient lieu majoritairement dans de grandes entreprises françaises. Les retours d'expérience de ce nouveau stage sont particulièrement positifs, de la part tant des élèves que des entreprises.

En outre, dans le cadre de l'Institut national du service public, qui sera créé au 1er janvier 2022, ces stages en entreprise seront pérennisés et l'ouverture des élèves sur le secteur privé sera renforcée par la création d'un tronc commun à toutes les écoles de service public.

Toujours dans la même dynamique, l'Institut national des études territoriales prévoit un stage d'ouverture de quatre semaines pouvant s'effectuer dans le secteur privé. Le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) met à la disposition des employeurs de la documentation sur les modalités de transmission des offres de stage.

Cela correspond aussi à la volonté de Polytechnique, école dans laquelle les élèves ingénieurs participent, dès la première année, comme dans toutes les écoles d'ingénieurs, à un stage de terrain dans les territoires. Ils effectuent également un stage en entreprise durant leurs deuxième et quatrième années de formation. Ainsi, les élèves ingénieurs de l'École supérieure des Mines ParisTech passent au minimum douze mois en entreprise sur les trois années de formation.

Le Gouvernement est par ailleurs attaché au renforcement des liens entre l'ensemble des étudiants et le tissu des PME de nos territoires. Les volontariats territoriaux en entreprise permettent, par exemple, à des étudiants du supérieur d'avoir des expériences en PME industrielle, avec des soutiens financiers. L'apprentissage est également un levier puissant d'accueil d'étudiants dans des PME. L'innovation des PME est également encouragée via le renforcement des partenariats public-privé.

Le Gouvernement est donc mobilisé pour établir un lien fort et durable des étudiants avec les petites et moyennes entreprises. J'encourage l'ensemble des établissements d'enseignement supérieur, universités et écoles, à signer des partenariats, en lien avec les collectivités et les PME-PMI qui les entourent.

M. le président. La parole est à M. Yannick Vaugrenard, pour la réplique.

M. Yannick Vaugrenard. Je vous remercie de votre réponse, madame la ministre.

Vous avez indiqué, au début de votre intervention, que les élèves de l'ÉNA faisaient des stages en sous-préfecture – c'est le cas la plupart du temps – et un stage de quelques semaines en entreprise. Il me semblerait préférable d'inverser ce ratio, afin que les étudiants passent beaucoup plus de temps dans nos petites et moyennes entreprises et dans nos entreprises de taille intermédiaire. Cela leur permettra probablement d'être beaucoup plus conscients, lorsqu'ils occuperont des postes importants dans la haute administration et qu'ils rédigeront des décrets d'application ou des projets de loi ou de directives, des réalités du terrain et de l'« applicabilité » des mesures que nous décidons, à l'échelon national.

Il est donc important de renforcer ce qui a déjà été commencé. Il existe une fracture culturelle, territoriale et sociale ; une telle mesure éviterait ou, tout au moins, diminuerait ce type de fracture, que chacun regrette.

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