Question de M. THÉOPHILE Dominique (Guadeloupe - LaREM) publiée le 28/11/2019

M. Dominique Théophile attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de l'alimentation sur les freins existant en France au développement de l'agroforesterie. En Guadeloupe, où la culture de la banane et de la canne à sucre est fragilisée par un contexte économique et social difficile et par la concurrence des pays d'Afrique, Caraïbes et Pacifique (ACP), la culture du café, du cacao et de la vanille offre des perspectives intéressantes.

Il convient en effet de repenser en partie le développement de la filière agricole guadeloupéenne en développant certaines cultures de niche destinées notamment à l'exportation. Un projet d'implantation d'un parc agroforestier et agrotouristique a ainsi vu le jour sur le territoire de Bouillante en Guadeloupe.

La production en sous-bois présente un certain nombre d'avantages : outre la diversification de la production agricole, elle apporte une réponse à la réduction du foncier disponible, à la pollution des sols, à la limitation des intrants ou de l'irrigation, mais également au désengagement de la puissance publique et aux considérations environnementales.

Des dizaines d'emplois devraient par ailleurs être créés, ces exploitations non mécanisées exigeant le recours à de nombreux salariés agricoles.

Or, le fait que l'agroforesterie relève désormais de la foresterie, et non plus de l'agriculture, bride son développement en Guadeloupe comme ailleurs. Il en résulte une baisse de plus de 50 % des financements alloués à ses projets. Ainsi, il lui demande si le Gouvernement envisage de faire évoluer cette classification afin de favoriser le développement de cette activité.

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Réponse du Ministère de l'agriculture et de l'alimentation publiée le 15/01/2020

Réponse apportée en séance publique le 14/01/2020

M. Dominique Théophile. Ma question porte sur le développement de l'agroforesterie.

En Guadeloupe, la culture de la banane et celle de la canne à sucre sont fragilisées, depuis plusieurs années, par un contexte économique et social difficile, ainsi que par l'âpre concurrence des pays d'Afrique, de la Caraïbe et du Pacifique.

Il convient, dans ce contexte, de repenser en partie le développement de notre filière agricole. Certaines cultures traditionnelles de niche – je pense notamment au café, au cacao et à la vanille – offrent, par exemple, des perspectives intéressantes. Principalement destinées à l'exportation, ces cultures de sous-bois, en nombre limité aujourd'hui, pourraient permettre à la Guadeloupe de diversifier sa production agricole sans rogner sur les cultures déjà existantes, et ce malgré la réduction du foncier disponible.

L'agroforesterie est également pourvoyeuse d'emplois, puisque les exploitations, non mécanisées, doivent recourir à de nombreux salariés agricoles. Son développement permet, en outre, de répondre à certaines considérations environnementales.

Un projet d'implantation d'un parc agroforestier et agrotouristique a ainsi vu le jour sur le territoire de Bouillante, en Guadeloupe. D'autres ne demandent qu'à émerger. Cependant, le fait que l'agroforesterie relève de la foresterie, et non pas de l'agriculture, freine son développement, en Guadeloupe comme ailleurs. Il en résulte une baisse importante des financements alloués à ces projets. Envisagez-vous, monsieur le ministre, de faire évoluer cette classification, afin de favoriser le développement de cette activité ?

Mme la présidente. La parole est à M. le ministre.

M. Didier Guillaume, ministre de l'agriculture et de l'alimentation. Monsieur le sénateur Dominique Théophile, je souhaite vraiment que nous parvenions à faire évoluer les dispositifs existants afin de permettre une meilleure prise en compte de l'agroforesterie, notamment dans les territoires ultramarins. Comme vous l'avez dit, la filière agroforestière revêt une importance particulière.

Nous devons effectivement travailler sur les cultures de niche. Les territoires d'outre-mer en général, et la Guadeloupe en particulier, doivent absolument diversifier leur agriculture et préparer la transition agroécologique. Il importe de mettre en place de nouvelles filières résilientes, qui apporteront de la valeur ajoutée et permettront aux habitants de trouver des emplois durables. Les territoires ultramarins ont besoin de tendre vers l'autonomie alimentaire.

Les filières agricoles et agroforestières représentent une opportunité de développement très importante en outre-mer. Nous devons progresser vers des pratiques vertueuses, qui permettent de lutter contre le réchauffement et le dérèglement climatiques. Elles peuvent prendre des formes variées : bocages, alignements interparcellaires, prés-vergers ou, plus spécifiquement, jardins créoles, cultures sous forêt…

Vous évoquez particulièrement l'agroforesterie, qui est très importante pour la Guadeloupe. Dans le cadre de la politique agricole commune, deux types d'aides permettent de financer l'agroforesterie : les aides à l'entretien des infrastructures agroécologiques, via les mesures agroenvironnementales et climatiques (MAEC), et surtout les aides à l'investissement. Parmi celles-ci, outre les dispositifs visant les investissements dits « non productifs », l'agroforesterie bénéficie d'un régime spécifique : l'aide à la mise en place et à l'entretien des systèmes agroforestiers.

Nous travaillons dans cette direction dans le cadre du plan stratégique national. Je souhaite, au titre de la transition agroécologique, promouvoir l'agroforesterie, qui doit avoir toute sa place sur le territoire national, notamment en outre-mer. J'espère que nous parviendrons à trouver des financements adéquats dans le cadre de la future politique agricole commune.

Mme la présidente. La parole est à M. Dominique Théophile, pour la réplique.

M. Dominique Théophile. Je vous remercie de ces indications, monsieur le ministre.

Le développement des cultures historiques de la canne à sucre et de la banane est désormais limité sur notre territoire. Il nous faut donc imaginer une diversification pour maintenir les emplois du secteur agricole. Sur le terrain, le travail réalisé par la chambre d'agriculture et d'autres acteurs permet à des jeunes d'intégrer ce secteur d'activité, qui reste pourvoyeur d'emplois.

Le financement est au cœur des préoccupations des porteurs de projets. Un soutien des pouvoirs publics et de la PAC est souhaitable.

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