Question de Mme DINDAR Nassimah (La Réunion - UC) publiée le 20/06/2019

Mme Nassimah Dindar attire l'attention de M. le ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire, sur la situation du blanchiment du corail à la Réunion.

En effet, cela fait bientôt vingt ans que le corail réunionnais souffre d'un phénomène de blanchissement menant à sa disparition. Depuis le début des années 2000 le taux de recouvrement moyen du corail vivant dans les lagons est passé de 51 % à 29 % alors que, dans les années 1970, ce taux était compris entre 70 % et 80 %. Aujourd'hui par exemple, dans la ville de Saint-Leu, 41 % des coraux sont blanchis. Et cette tendance a également été observée à l'île Maurice. Ainsi depuis la mi-mars 2019, les deux îles soeurs présentent un risque fort de blanchissement corallien.

La réserve marine a alors analysé la qualité de l'eau afin de savoir où venait le problème. Elle a alors révélé qu'en février la température de l'eau était à 29°, et a conclu que c'est une « température de stress pour le corail ».

C'est pourquoi la préfecture a lancé un programme d'études permettant de mesurer l'ampleur du blanchissement.

Ce qui donne espoir c'est que le corail dispose tout de même d'une capacité de résilience.

En effet à Saint-Leu encore, l'arrivée d'une houle australe a déjà permis à une partie des coraux de retrouver leurs couleurs. Toutefois face au réchauffement climatique, les coraux deviennent fragiles car lorsqu'ils sont stressés, ils expulsent leurs algues et deviennent tout blancs.

De plus d'autres facteurs sont à prendre en considération et ces derniers sont d'origines humaines. Il s'agit de rejets agricoles et d'eaux usées, de coulées de boue ou de mauvais comportements des usagers du lagon. Ces derniers aggravent alors les effets du réchauffement climatique.

Face à ces menaces, les coraux tentent encore une fois de s'adapter. Mais si aucune mesure n'est prise en faveur de cette espèce, non seulement ces derniers mourront, mais d'autres ressources halieutiques risquent également de disparaitre.

La santé du corail est sur une pente déclinante, il faut agir immédiatement pour le corail mais aussi pour la planète entière qui subit des effets de plus en plus alarmants du réchauffement de la terre.

Elle lui demande alors quelles mesures seront mises en œuvre pour protéger cette espèce en voie de disparition ainsi que d'autres espèces.

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Transmise au Ministère de la transition écologique et solidaire


Réponse du Ministère de la transition écologique et solidaire publiée le 19/09/2019

Le changement climatique causé par les émissions de gaz à effet de serre d'origine anthropique affecte d'ores et déjà les écosystèmes marins – en particulier les récifs coralliens dont le réchauffement des eaux provoque le blanchissement. Les années 2014-2017 ont vu l'épisode de blanchissement le plus long jamais enregistré, un nouvel épisode est en cours depuis mars 2019 et les récentes publications du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) (Rapport Spécial du GIEC sur les conséquences d'un réchauffement global de 1,5°C) prévoient une aggravation de ce phénomène dans les années à venir. Pour lutter contre le blanchissement des coraux, l'Initiative française pour les récifs coralliens (IFRECOR), co-animée par le ministère de la transition écologique et solidaire et par le ministère des Outre-mer, a publié en janvier 2019 un Guide à l'attention des gestionnaires des Outre-mer Français pour le suivi environnemental des épisodes de blanchissement corallien et l'évaluation de leurs impacts sur le peuplement corallien (NICET et al. 2019) définissant des protocoles opérationnels et standardisés en accord avec les préconisations de l'Initiative internationale pour les récifs coralliens (ICRI). En 2019 près de 100 000 € ont été délégués aux Outre-mer français pour des études et suivis rapides, basés sur ces protocoles, en réponse à des épisodes critiques de blanchissement, dont 48 000 € à la Réunion. La loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages a fixé pour objectif la protection de 75 % des récifs coralliens français d'ici à 2021, objectif rehaussé à 100% d'ici à 2025 par le plan biodiversité. À cette fin, un plan d'actions pour la protection des récifs coralliens des Outre-mer français est en cours d'élaboration. Afin de favoriser et maximiser la résilience des récifs coralliens face aux effets des changements climatiques, ce plan s'attache à encadrer et diminuer les pressions anthropiques locales affectant les récifs, dont la pêche, les pollutions telluriques provenant du bassin versant, ou les comportements inadéquats des usagers du milieu marin. Le plan d'actions pour la protection des récifs coralliens s'articule en cohérence avec le plan national d'adaptation au changement climatique (PNACC), et en complémentarité de l'action menée au niveau international pour la mise en œuvre effective de l'Accord de Paris et la réduction des émissions de CO2.

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