Question de M. KAROUTCHI Roger (Hauts-de-Seine - Les Républicains) publiée le 06/06/2019

M. Roger Karoutchi attire l'attention de M. le ministre de la culture sur le projet de matinales filmées dans les radios locales de France Bleu, ayant entraîné un important mouvement de grève ce 29 mai 2019.

Depuis juin 2018, les matinales de France Bleu Toulouse et de France Bleu Nice sont diffusées en simultané, à titre expérimental, sur France 3. Elles sont tournées dans les studios de radio de ces antennes locales. Ce dispositif est destiné à être étendu à l'ensemble des matinales des France Bleu. La direction de France Bleu juge positive cette première expérience, et affirme publiquement qu'elle implique des coûts additionnels qui sont pris en charge par France 3. Citée par un grand quotidien du soir, la direction de France Télévisions annonce que ce coût « en formation et en personnel » s'élève à 8,8 millions d'euros. Il n'est pas précisé, en revanche, si les salariés de Radio France qui acceptent de passer à la télévision touchent une prime ou une compensation analogue, et à combien s'élève cette dépense supplémentaire pour l'entreprise.

Le syndicat national des journalistes (SNJ) de Radio France, à l'inverse, fait part de ses réserves, notamment quant à l'indépendance éditoriale de la radio. Il a été rejoint par le SNJ de France Télévisions, qui estime dans un communiqué que « la radio filmée n'est pas l'avenir de l'audiovisuel public ».

Les mêmes syndicats à l'origine du mouvement de grève craignent également pour la pérennité de leurs contenus sportifs actuels, France Télévisions n'ayant pas les droits sur les images d'un grand nombre de compétitions ; ils craignent également un redéploiement des effectifs au profit des matinales télévisées et au détriment du nombre de reportages de proximité, au plus près des territoires.

Enfin, les directions de France Télévisions et de Radio France n'ont pas annoncé quelle matinale serait diffusée sur quelle chaîne, les réseaux de France Bleu (quarante-quatre stations) et de France 3 (vingt-quatre chaînes) n'ayant pas le même découpage territorial.

Il lui demande si les critiques des journalistes concernés lui semblent justifiées, si ce projet tel qu'il a été conçu conserve toute sa pertinence aujourd'hui, et s'il dispose d'informations chiffrées quant à ses conséquences budgétaires.

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Réponse du Ministère de la culture publiée le 25/06/2020

Le ministre de la culture tient à assurer son attachement à la mission essentielle de proximité de l'audiovisuel public, qui favorise la cohésion sociale au plus près des territoires, met en valeur les évènements culturels régionaux et participe de la démocratie locale. Le renforcement de l'offre de proximité de l'audiovisuel public constitue l'un des axes prioritaires de la transformation du secteur, affirmé dès 2018 dans le cadre de la réforme annoncée par le Premier ministre. L'étude « Ma télévision et ma radio de demain », conduite conjointement par France Télévisions et Radio France à l'hiver dernier, confirme du reste l'engouement et le vif intérêt des Français pour une offre médiatique de proximité. Son renforcement se traduira notamment par des rapprochements entre les réseaux locaux France 3 et France Bleu. Une première étape de ce rapprochement a été l'expérimentation de matinales communes France 3 – France Bleu en Occitanie et en Provence-Alpes-Côte d'Azur, depuis le mois de janvier 2019. Le bilan de cette expérimentation étant jugé très satisfaisant par les deux partenaires, les sociétés ont annoncé en mai dernier qu'elles généraliseraient progressivement sur l'ensemble du territoire la diffusion des matinales de France Bleu sur France 3. Dès septembre 2019, deux nouvelles matinales de France Bleu ont été diffusées sur les antennes régionales de France 3 à Guéret et Lille. En 2020, dix nouvelles matinales communes seront lancées par les deux entreprises. Le déploiement se poursuivra avec une dizaine de stations concernées par an, pour atteindre jusqu'à 44 rendez-vous simultanés d'ici à 2022. Le ministre de la culture, très attaché au développement des coopérations et synergies entre entreprises de l'audiovisuel public, se félicite de ce déploiement, effectué dans un budget maîtrisé. Le déploiement de ces matinales communes est mené par Radio France et France Télévisions, notamment dans leurs aspects pratiques (calendrier, organisation des découpages régionaux, formation des salariés, etc.), sous le contrôle de leurs instances de gouvernance. Les grands principes de cette coopération sont inchangés depuis son lancement : Radio France conserve sa responsabilité et liberté éditoriale, quand France Télévisions assure la diffusion des programmes télévisés et s'acquitte des coûts de mise en image de ces matinales.

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