Question de Mme IMBERT Corinne (Charente-Maritime - Les Républicains-R) publiée le 14/03/2019

Mme Corinne Imbert attire l'attention de Mme la ministre des armées sur la thématique de la fidélisation des militaires de l'armée française. Bien que l'institution militaire bénéficie d'une image positive au près de nos compatriotes, il est de plus en plus difficile de fidéliser nos personnels militaires. En effet, près de deux militaires sur trois envisagent de quitter l'institution afin de changer d'activité. Cette tendance s'amplifie chez certains corps spécialisés comme les fusiliers marins et les fusiliers commandos de l'air. La conciliation de la vie privée et de la vie militaire et le sentiment de ne pas avoir les moyens de remplir ses missions sont parmi les raisons qui expliquent ce phénomène. Aussi lui demande-t-elle si le Gouvernement entend mener une réflexion afin de repenser notre modèle de fidélisation des armées afin de tenir compte des nouvelles aspirations sociétales.

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Réponse du Ministère des armées publiée le 27/06/2019

Pour le ministère des armées, la fidélisation consiste à créer une dynamique qui permet de conserver le plus longtemps possible l'expérience acquise et les compétences procurées pour chacun au sein de l'institution. Il s'agit d'éviter des départs volontaires lorsqu'ils sont source de difficultés pour le service comme c'est le cas d'éléments de qualité ou disposant de compétences critiques. Ces départs sont également évitables quand il existe un moyen direct ou indirect d'agir sur la cause de départ. L'effort de fidélisation porte à la fois sur des militaires très qualifiés,  dix à quinze ans de service voir plus, et sur les jeunes de toutes catégories, car 50 % des recrues quittent les armées dans les cinq premières années de leur engagement. La ministre porte une attention toute particulière à la fidélisation des effectifs en raison du renouvellement de très nombreux contrats de recrutement signés lors de la phase de remontée en puissance des ressources humaines 2015-2018 et de l'arrivée des demandes d'admission à la retraite à jouissance immédiate des militaires recrutés en 2002-2005. La fidélisation s'entend à deux niveaux. Le premier, dit « global » car la fidélisation s'appuie sur l'amélioration de la condition militaire afin de rendre l'équilibre satisfaisant pour le plus grand nombre entre les besoins de l'institution et la prise en compte de la condition militaire. Le second, dit « ciblé » car la fidélisation prend appui sur le constat d'une tension particulière dans un vivier. Elle implique un système d'alerte pour déceler les flux de départs anormaux et la mise en œuvre de moyens d'enquêtes pour en comprendre les causes. Elle relève essentiellement de tous les échelons du commandement de proximité, qui façonne sa ressource humaine. Les mesures, visant à fidéliser les militaires, mises en œuvre sont principalement d'ordre financières et de gestion individualisées. Le ministère des armées dispose d'ores et déjà d'outils indemnitaires : primes de compétences critiques (prime de haute technicité, prime réversible de compétences à fidéliser), d'échelons exceptionnels, nouvelle allocation financière spécifique de formation (AFSF), pour les spécialités les plus sensibles notamment. La mise en place, d'ici la fin du premier semestre 2019, de la prime intitulée « lien au service » remplacera les dispositifs existants de recrutement-fidélisation et permettra une meilleure attractivité financière pour les intéressés. Le gestionnaire disposera ainsi d'un levier indemnitaire plus réactif et efficace pour répondre en temps réel au besoin du moment, notamment pour les filières techniques concurrentielles. Ce dispositif ainsi que la conception d'une politique des ressources humaines à long terme, notamment à travers le chantier de la nouvelle politique de rémunération des militaires, devraient apporter une réponse plus structurelle à la question de la fidélisation. En outre, des mesures sectorielles sont en cours d'élaboration en faveur de certains métiers dont les rémunérations ne sont pas suffisamment compétitives face aux salaires offerts par les secteurs civils public et privé, comme par exemple les praticiens des armées, les médecins en particulier. La mise en œuvre des dispositifs ministériels, nouveaux ou en cours de finalisation, viendra prochainement soutenir l'attractivité de ces professions sous statut militaire. Il s'agit en particulier de l'allocation spécifique d'études et de la valorisation financière des praticiens qui s'ajoutent à la future prime « lien au service ». S'agissant des mesures de gestion individualisées, celles-ci sont mises en œuvre à travers la construction de parcours professionnels, l'attention du commandement aux situations individuelles et la prise de mesures relatives à la condition du personnel. En ce qui concerne les parcours professionnels, les armées et services, qui n'ignorent pas l'importance qu'accorde chaque personnel à la visibilité sur son avenir, développent le dialogue de gestion individualisé. Les plans d'actions en la matière visent à valoriser les parcours professionnels (promotion interne, accès au statut de carrière, formations et aides à la reconversion) notamment pour les nombreux militaires sous contrat. Ces aides, couplées aux dispositifs d'aide au départ qui sont renouvelés dans le cadre de la nouvelle loi de programmation militaire, favorisent la lisibilité des parcours professionnels. Ils s'attachent à conforter l'attractivité des parcours « ressources humaines » en les personnalisant (possibilité de moduler les durées de contrat, selon les services et les spécialités) et en valorisant les compétences détenues (valorisation plus importante des acquis de l'expérience et certification par étapes, adéquation grades/compétences/responsabilités/ rémunérations, suivi individualisé des compétences entre autre dans l'armée de l'Air avec le projet EPerVIER). Par ailleurs, l'amélioration des conditions d'emploi et de vie repose sur les échelons de mise en œuvre. L'attention du commandement est marquée dès la phase de formation initiale, par une sélection et une formation spécifique de l'encadrement et inclut la phase d'accueil et d'intégration des jeunes recrues au sein des unités opérationnelles : lettres aux familles et accueil de celles-ci aux cérémonies, dossiers d'accueil, parrainages internes, parcours d'accueil dans les unités. Le suivi individualisé et la valorisation de chacun au quotidien sont assurés par les cadres de contact et contrôlés dans de nombreuses unités par des revues d'effectifs conduites par les échelons supérieurs du commandement (commandant d'unité, chefs de corps par exemple). Le but est de donner à chacun sa juste place dans l'organisation de la vie des unités et de valoriser les responsabilités pour lesquelles le militaire a été sélectionné et formé, notamment par des marques de reconnaissance individuelles ou collectives. Afin de diffuser les bonnes pratiques et d'en assurer la mise en œuvre, certaines armées ont mis en place des observatoires des spécialités sensibles ou des comités de suivi dédiés à la fidélisation. Les directions de ressources humaines produisent annuellement à l'intention des commandants de formation des directives de fidélisation, parfois assorties d'objectifs personnalisés. Des missions d'accompagnement sont également déployées auprès des unités opérationnelles pour les conseiller, à l'issue d'une brève inspection, sur des mesures d'accueil, de management ou de gestion des ressources humaines pouvant être mises en œuvre au vu de leur situation. Enfin, concernant les mesures de condition du personnel, celles-ci de portée générale visent à améliorer les conditions de vie et d'emploi et contribuent à l'effort fourni pour améliorer la fidélisation du personnel. Les armées et services s'attachent à développer la qualité de vie au travail et une meilleure conciliation avec la vie personnelle et familiale. Le plan d'accompagnement des familles et d'amélioration de la condition des militaires 2018-2022 participe également à la manœuvre globale de fidélisation.

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