Question de M. LÉVRIER Martin (Yvelines - LaREM) publiée le 15/11/2017

Question posée en séance publique le 14/11/2017

M. Martin Lévrier. Ma question s'adresse à Mme la ministre du travail.

Vendredi dernier, madame la ministre, vous avez posé le premier jalon de la profonde réforme de l'apprentissage promise par le candidat Emmanuel Macron. Nous le savons, la France compte aujourd'hui environ 7 % de jeunes apprentis, tandis que notre voisin allemand frôle les 15 %.

Nos entreprises industrielles ne trouvent plus de jeunes à embaucher en apprentissage. Alors que la rentrée est déjà loin, les centres de formation d'apprentis disposent encore de nombreuses offres qu'ils ne parviennent pas à satisfaire – situation paradoxale dans un pays où 23 % des jeunes de moins de 25 ans sont au chômage.

Malheureusement, la filière de l'apprentissage est méprisée par les familles, par les jeunes et, plus globalement, par le système. C'est pourtant une voie de réussite : plus de 70 % des apprentissages débouchent sur un emploi stable.

Nous ne pouvons que déplorer ce manque de considération. Non seulement l'apprentissage facilite l'insertion professionnelle de nos jeunes, mais il contribue aussi à permettre à chacun de trouver sa voie. Des jeunes qui ne trouvent pas leur équilibre dans le système scolaire s'épanouissent et réussissent grâce à l'apprentissage. Ce n'est donc pas un cursus de second rang, mais bien plus une grande voie de réussite en complément de l'éducation nationale, avec des passerelles entre les deux qu'il nous faut renforcer.

Aujourd'hui, le système de l'apprentissage doit s'adapter aux aspirations des jeunes et aux besoins des entreprises. Il est l'un des outils à même de remettre l'ascenseur social en marche.

Une fois dressé ce constat, je tiens à vous renouveler tout mon soutien dans cette réforme devant faciliter l'insertion professionnelle des jeunes, transformer notre économie et faire évoluer les mentalités.

Madame la ministre, dans le cadre des concertations collectives que vous avez initiées, comment construirez-vous un triptyque solide qui associera entreprises, CFA et régions, au service de ces jeunes en recherche d'emploi et de diplômes valorisants ? (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche.)

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Réponse du Ministère du travail publiée le 15/11/2017

Réponse apportée en séance publique le 14/11/2017

Mme Muriel Pénicaud, ministre du travail. Monsieur le sénateur Martin Lévrier, je tiens tout d'abord à vous remercier de votre question. (Ah ! sur les travées du groupe Les Républicains.) Je sais l'attachement de très nombreux sénateurs, depuis fort longtemps, et notamment du président Larcher, à la question de l'apprentissage. Nous sommes tous concernés par ce sujet.

L'apprentissage est aujourd'hui une voie de réussite, mais il reste mal vu et décrié. C'est une voie de réussite, parce que 70 % des apprentis trouvent un emploi, la moitié d'entre eux dans l'entreprise qui les a embauchés.

Cette voie est aussi parsemée d'obstacles. Vous l'avez souligné, c'est une situation paradoxale dans un pays où 1,3 million de jeunes ne sont ni en emploi, ni à l'école, ni à l'université, ni en apprentissage. C'est un scandale, un gâchis humain, une perte d'opportunité économique et un risque pour notre cohésion sociale.

Oui, l'apprentissage a besoin d'être amplifié et transformé. C'est une cause qui nous concerne tous. C'est la raison pour laquelle, vendredi dernier, avec Jean-Michel Blanquer et Frédérique Vidal, en présence également de Sophie Cluzel - car les handicapés ne représentent que 1 % des apprentis en France - et de Laura Flessel, nous avons commencé la concertation avec les régions, avec les partenaires sociaux, avec les organismes consulaires, avec les CFA et avec les professionnels du secteur.

Nous ne pouvons nous contenter d'une petite réforme tant les obstacles sont nombreux : un jeune ne sait pas comment trouver l'entreprise, ou même le CFA, qui l'accueillera. Il ne sait pas non plus quels débouchés s'ouvrent à lui, ni s'il aura un diplôme ou s'il pourra poursuivre ses études jusqu'à devenir - ce qui est le cas - ingénieur.

Les entreprises doivent également se livrer à une véritable course d'obstacles. Sans me lancer dans une énumération, je rappellerai simplement qu'elles ne peuvent signer de contrats d'apprentissage que durant deux mois par an et qu'elles sont gênées par toute une série de règlements.

Oui, cette concertation, que j'ai confiée à Sylvie Brunet, présidente de la section travail et emploi du CESE, est à nos yeux très importante.

J'aurai l'honneur de vous présenter, au printemps prochain, un projet de loi intégrant cette dimension de la transformation de l'apprentissage. Il y va de l'avenir de notre jeunesse. Je vous remercie par avance de votre soutien. (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche, ainsi que sur des travées du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen et du groupe Union Centriste.)

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