Question de Mme DURRIEU Josette (Hautes-Pyrénées - Socialiste et républicain) publiée le 05/10/2016

Question posée en séance publique le 04/10/2016

Mme Josette Durrieu. Ma question s'adresse à M. le ministre des affaires étrangères et du développement international.

Alep, « ville martyre », sous un déluge de feu : un hôpital détruit par des armes anti-bunker ; l'utilisation d'armes chimiques et de barils de chlore… Il y a encore 300 000 survivants et 100 000 enfants affamés et enfermés. On ne sort pas d'Alep !

Alep est « au cœur de la tragédie syrienne ». Au-delà des mots « barbarie » et « crime de guerre », la trêve est rompue et les Occidentaux ne réagissent pas. Les ruines d'Alep sont aussi celles de la conscience internationale.

Au-delà du discours du président Hollande à l'ONU – la France avait raison en 2013 ! –, au-delà du silence d'Obama et des États-Unis « à bout de patience », tout est-il bloqué ?

Comment mobiliser autour de la France la communauté internationale ? Quelle pression morale peut-on exercer, ou espérer, pour répondre aux cris des Syriens et sauver des vies à Alep ?

Comment gérer la stratégie russe, celle de Poutine, maître du jeu au Moyen-Orient soutenant le régime implacable de Bachar, et peut-être son maintien au pouvoir ? Comment éviter l'impasse avec la Russie ? Est-ce le retour à la logique des blocs, à la guerre froide ?

Y a-t-il une issue diplomatique au conflit entre deux camps qui semblent irréconciliables ? Cette solution politique est-elle encore possible, ou est-ce trop tard ? (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain, du groupe écologiste et du RDSE. – M. Jean-Pierre Raffarin applaudit également.)

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Réponse du Secrétariat d'État, auprès du ministère des affaires étrangères et du développement international, chargé du commerce extérieur, de la promotion du tourisme et des Français de l'étranger publiée le 05/10/2016

Réponse apportée en séance publique le 04/10/2016

M. Matthias Fekl, secrétaire d'État auprès du ministre des affaires étrangères et du développement international, chargé du commerce extérieur, de la promotion du tourisme et des Français de l'étranger. Je vous prie tout d'abord, madame la sénatrice, de bien vouloir excuser le ministre des affaires étrangères et du développement international, Jean-Marc Ayrault, qui est actuellement retenu dans le cadre des travaux de l'Assemblée des Français de l'étranger.

Notre priorité absolue, aujourd'hui en Syrie, est de tout faire pour mettre fin au déluge de violence qui submerge Alep depuis maintenant une semaine. Vous avez rappelé, avec précision et force, l'horreur des exactions qui se déroulent dans cette ville aujourd'hui martyre.

Ce qui se passe à Alep, cette logique de guerre totale, est sans précédent, y compris dans ce conflit qui, pourtant, n'a pas été avare d'horreurs.

Ce déchaînement de violence, qui cible les civils, en particulier les hôpitaux et les personnels de santé, est monstrueux et inacceptable. Ce sont des actes constitutifs de crimes de guerre, et leurs auteurs devront en répondre, y compris devant la justice internationale.

Comment y mettre un coup d'arrêt ? Certains préconisent un alignement total sur Moscou au nom de la lutte contre le terrorisme. D'autres, à l'inverse, estiment que nous devons rompre avec Moscou.

Soyons clairs, et le ministre des affaires étrangères l'a indiqué sans ambiguïté, aucune de ces deux options ne permettra de mettre fin au drame qui se déroule sous nos yeux.

Il y a deux pistes d'action.

La première est la voie diplomatique. La France travaille en ce sens au sein du Conseil de sécurité de l'ONU, où nous sommes engagés dans la négociation d'une résolution, afin d'établir un cessez-le-feu et de permettre aux populations civiles d'Alep de recevoir une aide humanitaire. Cette négociation est compliquée, mais elle se poursuit. Le moment de vérité approche, et la France prend toute sa part dans la négociation, comme il se doit, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité.

La seconde piste d'action est le volet humanitaire. L'Union européenne a lancé une initiative, en lien avec les Nations unies, pour que l'aide humanitaire soit acheminée sans délai et que les blessés puissent être évacués. La France, là aussi, prend toute sa part, et nous sommes en contact étroit avec Mme Federica Mogherini, avec un seul objectif : mettre fin au martyre d'Alep. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain, du groupe écologiste et du RDSE.)

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