Question de Mme RIOCREUX Stéphanie (Indre-et-Loire - Socialiste et républicain) publiée le 13/05/2016

Question posée en séance publique le 12/05/2016

Mme Stéphanie Riocreux. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre.

Ce lundi, vous avez présenté le plan d'action contre la radicalisation et le terrorisme. Ces mesures précises visent à compléter l'arsenal que vous avez déjà mis en œuvre pour faire face à l'évolution de la menace terroriste.

Vous avez mis à disposition du public un numéro vert national pour permettre aux proches des personnes radicalisées ou en voie de l'être de trouver des interlocuteurs. Plus de 9 000 personnes ont ainsi déjà été signalées ; 1 600 d'entre elles font ou ont fait l'objet d'un suivi sur la base du volontariat et 800 familles bénéficient d'un accompagnement.

Les chiffres sont là, et plus personne aujourd'hui ne peut contester la nécessité de poursuivre et de développer la mise en œuvre des mesures de prévention. Des familles de tous milieux ont besoin d'aide. Les collectivités territoriales et les maires, que nous représentons ici, sont chaque jour un peu plus confrontés à ce phénomène.

Vous avez annoncé la création de centres spécifiques dans chacune des régions. Deux types de centres seront créés : les uns pour des personnes déjà radicalisées, de retour de zones de conflits ; les autres pour des personnes en voie de rupture sociale et menacées par la radicalisation, tel le centre expérimental avec hébergement sur la base du volontariat que vous envisagez d'ouvrir prochainement en Indre-et-Loire, sur le site de Pontourny, à Beaumont-en-Véron.

Comme j'ai pu le constater localement, la perspective de l'ouverture d'un tel centre fait naître attentes et interrogations. À Pontourny, les salariés d'une structure locale d'accueil qui allait fermer ses portes s'investissent particulièrement pour la réussite de cette expérimentation nationale. Mais, dans le contexte général actuel, des inquiétudes légitimes, suscitées par le profil des personnes attendues, se manifestent également.

Les élus locaux de tous bords sont mobilisés aux côtés des services de l'État pour la réussite de cette structure à but préventif. Pouvez-vous leur garantir – nous garantir – que sera mis en place, tel qu'annoncé, un comité de suivi auquel ils seront associés afin de veiller à la bonne intégration du projet sur le terrain et à l'efficacité d'une mesure dont notre pays attend beaucoup pour ne pas, comme l'a affirmé avec force M. le maire de Beaumont-en-Véron, revivre la terrible année 2015 ? (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain.)

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Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 13/05/2016

Réponse apportée en séance publique le 12/05/2016

M. Bernard Cazeneuve, ministre de l'intérieur. Madame la sénatrice, vous avez rappelé l'action du Gouvernement en matière de déradicalisation.

Voilà maintenant près de deux ans, avant même que le phénomène d'engagement de jeunes Français dans des activités à caractère terroriste ne prenne une dimension importante, M. le Premier ministre et moi-même avons mis en place une série de mesures extrêmement précises qui ont déjà fait la preuve de leur efficacité, dont un numéro vert ayant permis le signalement de 5 000 personnes, les services de renseignement en ayant eux-mêmes signalé près de 5 000 autres : ce sont donc 10 000 personnes au total qui sont suivies par les services du ministère de l'intérieur en raison de leur radicalisation.

Nous avons également mis en place autour des préfets et des procureurs de la République, depuis avril 2014, un dispositif qui mobilise l'ensemble des administrations de l'État, du ministère de la santé lorsqu'il s'agit de problèmes de santé mentale jusqu'aux services de renseignement du ministère de l'intérieur, en passant par l'éducation nationale ou la protection judiciaire de la jeunesse, en vue d'instaurer des dispositifs individualisés de déradicalisation des jeunes concernés.

Près de 4 000 fonctionnaires ont déjà été formés au titre de la mise en œuvre de ces politiques transversales de déradicalisation.

Nous avons en outre voulu agir sur internet avec les entreprises du secteur pour développer un contre-discours et bloquer administrativement les sites et les blogs qui appellent au terrorisme.

Nous entendons également œuvrer en lien avec les collectivités locales. À cet égard, nous signerons dans quelques jours une convention avec l'Association des maires de France et les missions locales.

Enfin, les centres de déradicalisation que vous avez évoqués, qui accueilleront les jeunes sur la base du volontariat, permettront de mener en milieu semi-ouvert, en association étroite avec les territoires, de véritables actions coordonnées et concertées de déradicalisation, pour amplifier la politique efficace que nous avons déjà conduite. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain.)

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