Question de Mme GIUDICELLI Colette (Alpes-Maritimes - Les Républicains) publiée le 17/03/2016

Mme Colette Giudicelli attire l'attention de Mme la ministre des affaires sociales et de la santé sur la pratique de la ventilation artificielle par insufflation, couramment appelée « bouche-à-bouche » en geste de premier secours, lors des accidents cardio-respiratoires. Depuis la parution d'une étude américaine en 2012, jugeant dans la plupart des cas inutile voire néfaste la pratique de cette technique sur un patient adulte en arrêt cardiaque, de nombreux pays, notamment anglo-saxons, la déconseillent. Selon cette étude, les chances de survie des patients passent de 18 % à 34 % lorsque l'on ne ventile plus les victimes. En dehors des cas de noyade, d'électrocution ou lorsqu'il s'agit d'un enfant, elle préconise de se contenter du massage cardiaque pour faire circuler le sang en attendant les secours, c'est-à-dire faire circuler le sang jusqu'au cœur et au cerveau, le sang contenant généralement assez d'oxygène pour alimenter encore les organes pendant dix à quinze minutes. Pratiquer le « bouche-à-bouche » entraînerait de facto l'arrêt momentanée de cette réanimation cardio-cérébrale, en faisant redescendre la tension tout en apportant peu d'oxygène au final au patient. Des centaines de vie auraient ainsi été sauvées dans plusieurs États d'Amérique. Actuellement, en France, la plupart des organismes formateurs des premiers secours continuent d'enseigner et de promouvoir par diffusion l'utilité de la ventilation artificielle par insufflation lors des accidents cardo-respiratoires. Aussi, elle aimerait connaître son opinion sur cette étude et ses répercutions sur l'enseignement des gestes de premier secours dans notre pays.

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Réponse du Ministère des affaires sociales et de la santé publiée le 14/07/2016

L'étude publiée en 2012 dans la revue de l'American College of Cardiology concerne la période 2004-2010. Elle semble objectiver une augmentation du taux de survie des patients adultes lors de la prise en charge des arrêts cardiaques basée sur l'usage unique des compressions thoraciques sans association du bouche-à-bouche. Cependant, les directives 2015 du Conseil Européen de Réanimation préconisent la mise en œuvre des actions suivantes : « Les personnes assurant la réanimation cardio-pulmonaire (RCP) devraient procéder à des compressions thoraciques sur toutes les victimes d'un arrêt cardiaque. Si ces personnes ont été formées et qu'elles sont capables de réaliser des insufflations, elles devraient combiner compressions thoraciques et insufflations. Nous ne sommes pas suffisamment sûrs de l'équivalence entre une RCP par compressions thoraciques seules et une RCP standard pour recommander la modification des pratiques actuelles. ». Les référentiels utilisés pour l'enseignement des gestes de premier secours sont basés sur ces recommandations. Toutefois, l'apprentissage des gestes de premiers secours et plus largement le secourisme relèvent du ministère de l'intérieur, en particulier de la direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises.

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