Question de M. KAROUTCHI Roger (Hauts-de-Seine - Les Républicains) publiée le 19/11/2015

M. Roger Karoutchi attire l'attention de M. le ministre de l'intérieur sur les violences dont les forces de l'ordre ont été les victimes aux alentours du camp de fortune des migrants, près de Calais. Alors que de nombreuses voix dénoncent des conditions de travail de plus en plus compliquées pour les forces de l'ordre, ces dernières ont fait face pendant quelques heures à des migrants près de Calais dans la nuit du dimanche 8 novembre au lundi 9 novembre 2015. Il s'inquiète de tels agissements qui tendent à être de plus en plus répandus, notamment en Allemagne, alors que le nombre de migrants sur leur territoire est nettement plus important. Les affrontements ont été la conséquence de la tentative de blocage de la rocade portuaire, d'après la préfecture du Pas-de-Calais. Il souhaite prendre connaissance de l'état réel des effectifs des forces de l'ordre dans ce secteur et savoir si ces individus vont faire l'objet de poursuites judiciaires.

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Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 07/07/2016

Le Nord de la France, notamment la région du Calaisis, est confronté depuis plusieurs années à une arrivée massive de migrants illégaux cherchant à traverser la Manche pour se rendre au Royaume-Uni et à l'activité de nombreuses filières d'immigration clandestine. La crise migratoire exceptionnelle qui touche l'Europe depuis plusieurs mois a encore aggravé cette situation. La ville de Calais et ses abords sont particulièrement touchés. La situation y génère une coexistence souvent tendue avec la population, dont l'exaspération et le sentiment d'insécurité croissent. Les acteurs économiques également sont préoccupés. Confrontées à une situation migratoire, sécuritaire et humanitaire exceptionnelle extrêmement difficile, les forces de l'ordre présentes sur le terrain font face à des enjeux multiples : garantir la sécurité de la population, démanteler les filières d'immigration clandestine, empêcher les intrusions dans le tunnel et sur le port, assurer l'ordre public, etc. Très fortement sollicitées, elles accomplissent leurs missions avec courage et dévouement, avec une conscience professionnelle exemplaire. L'État met tout en œuvre pour leur assurer les moyens d'accomplir leurs missions et pour les protéger. Car les forces de l'ordre elles-mêmes sont régulièrement prises à partie par les migrants et certains agitateurs (jets de pavés, de cailloux…). L'omniprésence de militants du mouvement No Borders, prompts à entretenir un climat hostile envers les forces de l'ordre, n'est pas de nature à apaiser le climat. Il y a lieu à cet égard de relever le comportement de plus en plus violent des migrants, face aux policiers mais aussi face au personnel de sécurité de la zone portuaire. Dans la nuit du 9 novembre 2015 par exemple, des policiers des CRS ont été confrontés à environ 150 migrants particulièrement virulents à hauteur de la route des Gravelines, comme rappelé dans la question écrite. Une douzaine de policiers ont été contusionnés au cours des heurts. L'un des meneurs, Français, était interpellé le 12 novembre. Un autre meneur, ressortissant britannique, a également été rapidement identifié et des poursuites ont été engagées à son encontre. Tout est mis en œuvre, face aux infractions quelles qu'elles soient, face aux troubles à l'ordre public, quels qu'ils soient, pour restaurer l'ordre et le respect de la loi, pour interpeller les auteurs des infractions et les déférer à la justice. L'État agit avec détermination, dans le respect du droit mais sans aucune complaisance envers les fauteurs de troubles et les délinquants. D'importantes forces de police sont mobilisées : la sécurité publique s'appuie à Calais sur plus de 220 policiers, régulièrement soutenus par le renfort de brigades anti-criminalité (BAC) d'autres communes du département, tandis que la police aux frontières déploie à Calais et Dunkerque plus de 550 policiers. Ces moyens ont été accrus au cours des derniers mois. En octobre dernier, le ministre de l'intérieur a ainsi décidé de déployer 100 policiers et gendarmes supplémentaires à Calais. Des forces mobiles sont également massivement engagées, aussi bien par la police nationale (10,5 compagnies républicaines de sécurité) que par la gendarmerie nationale (6 escadrons de gendarmes mobiles), représentant près de 1 200 policiers et militaires et permettant une sécurisation H24 des secteurs sensibles (site Eurotunnel, La Lande, centre-ville…). Il convient de rappeler que le Gouvernement a décidé en septembre dernier un renforcement exceptionnel des moyens consacrés à la lutte contre l'immigration clandestine sur le plan national, avec le recrutement exceptionnel de 900 policiers et gendarmes supplémentaires. Aux côtés de ses partenaires locaux, en premier lieu de la municipalité, l'État s'est donc engagé dans un effort sans précédent pour assurer l'ordre public à Calais et garantir aux Calaisiens la sécurité qui leur est due. Au-delà, sous l'impulsion du Gouvernement, des réponses globales et durables sont recherchées, en matière de sécurité et d'humanité, et de nombreuses initiatives ont été prises, sur le plan national mais aussi sur le plan diplomatique avec un renforcement de la coopération avec le Royaume-Uni et les impulsions données par la France au sein de l'Union européenne. Si la situation demeure grave et préoccupante, les solutions humanitaires mises en place par le Gouvernement ont cependant permis de ramener le nombre de migrants présents à Calais à 4 000 contre 6 000 il y a quelques mois.

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