Question de M. FORTASSIN François (Hautes-Pyrénées - RDSE) publiée le 04/11/2015

Question posée en séance publique le 03/11/2015

Ma question, qui concerne un sujet que suit attentivement le groupe du RDSE depuis des années, s'adressait à Mme la ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie, qui est actuellement en déplacement en Chine, avec le Président de la République... (Marques d'ironie sur les travées du groupe Les Républicains.) Peut-être ses amis chinois lui parleront-ils de l'hydrogène ? Peut-être lui diront-ils qu'ils sont, comme nos amis japonais, très intéressés par le savoir-faire français en la matière ? Il s'agit d'une filière dans laquelle notre recherche excelle, mais dont les travaux profitent à d'autres.

En effet, le géant français de la chimie, Air Liquide, est mobilisé aux côtés de l'industrie automobile japonaise pour développer la voiture à hydrogène, laquelle dispose de nombreux atouts : son autonomie est de 650 kilomètres et elle peut être rechargée en seulement trois minutes.

Les grands constructeurs automobiles japonais, encouragés et fortement soutenus par l'État nippon, qui a défini une stratégie nationale de l'hydrogène, présentent ces jours-ci de nouveaux modèles à pile combustible – modèles propres qui ne rejettent que de l'eau...

À l'heure de la COP 21 et de la lutte contre le réchauffement climatique, et alors que la France est à la pointe de la maîtrise technique de cette énergie propre, il est pour le moins étrange que nous n'encouragions pas les constructeurs automobiles français à s'orienter vers la voiture à pile combustible, plutôt que de poursuivre la recherche sur les seuls modèles électriques. Y a-t-il une raison à cela ?

Qu'attend la France pour faire de l'hydrogène une priorité nationale ? Pourquoi ne pas définir, nous aussi, une stratégie nationale et inciter nos constructeurs automobiles à s'engager dans cette voie ? Alors que la fin de la motorisation à explosion approche, ne risquons-nous pas de rater le virage de l'hydrogène ? (Bravo ! et applaudissements sur les travées du RDSE. – Mme Marie-Noëlle Lienemann applaudit également.)

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Réponse du Secrétariat d'État, auprès du ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche, chargé de l'enseignement supérieur et de la recherche publiée le 04/11/2015

Réponse apportée en séance publique le 03/11/2015

Monsieur le sénateur, vous avez raison d'insister sur le potentiel énergétique de l'hydrogène qui peut être converti - chacun le sait dans cette enceinte - en chaleur, en électricité et en force motrice sans émettre de polluants, gage de neutralité en matière d'émission de gaz à effet de serre. (Murmures amusés sur les travées du groupe Les Républicains.) Je sais que vous en êtes convaincus depuis belle lurette. (Sourires entendus sur les mêmes travées.)

Il existe une stratégie nationale de développement de l'hydrogène issue de la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte, que vous avez votée.

L'article 121 de ce texte prévoit notamment que le Gouvernement remette un plan de développement de ces énergies au Parlement. Ce plan comprend l'instauration d'un modèle économique du stockage par hydrogène de l'électricité, la mise en œuvre de mesures incitatives destinées à promouvoir les innovations technologiques, le déploiement - c'est l'une des conditions de réussite de l'utilisation de cette énergie - d'une infrastructure de stations de distribution à hydrogène réparties sur l'ensemble du territoire, l'adaptation des règlements pour permettre l'essor de ces nouvelles applications.

La France, qui dispose de nombreux atouts industriels, est prête à démultiplier ses efforts dans ce domaine. À cet égard, la région Rhône-Alpes a lancé, comme vous le savez, un grand démonstrateur national de mobilité, le projet HyWay.

De même, le programme d'investissements d'avenir, le PIA, soutient les projets de démonstrateurs industriels des technologies de conversion et de stockage de l'énergie.

Toutefois, comme vous le soulignez dans votre question, la mobilisation des industriels reste en deçà des efforts de la puissance publique.

M. le président. Veuillez conclure, monsieur le secrétaire d'État !

M. Thierry Mandon, secrétaire d'État. C'est désormais vers cette mobilisation que tous nos efforts doivent tendre et ce d'autant plus qu'un certain nombre de groupes français montrent à l'étranger qu'ils en ont les compétences. Mon collègue Emmanuel Macron et moi-même allons trouver les moyens pour les arrimer plus fortement à l'émergence de cette technologie en France. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain.)

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