Question de M. PLACÉ Jean-Vincent (Essonne - ECOLO) publiée le 09/07/2015

M. Jean-Vincent Placé attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt, porte-parole du Gouvernement sur la nécessité d'une réelle sensibilisation des agriculteurs aux méthodes de l'agro-écologie afin de produire autrement.

Il tient d'abord à souligner les objectifs louables et légitimes fixés par le ministère de l'agriculture afin de positionner la France comme leader de l'agro-écologie. Les politiques mises en œuvre, comme celles prévues par la loi n° 2014-1170 du 13 octobre 2014 d'avenir pour l'agriculture, l'alimentation et la forêt, semblent aller dans ce sens. Cependant, il semble nécessaire d'accentuer la sensibilisation des agriculteurs français et de les impliquer davantage dans ce projet.
En effet, les chiffres tirés de l'étude de l'institut BVA publiée le 30 janvier 2015, sur la perception de l'agro-écologie par les agriculteurs français, témoignent d'un manque de sensibilisation non négligeable qui tend de facto vers un manque d'investissement dans l'agro-écologie, ce qui freine l'essor de ce mode de production. En effet, certains chiffres sont éloquents. Une bonne part des agriculteurs, près de 42 %, ne se sentent pas engagés dans une démarche agro-écologique et ne pensent pas s'y engager. De plus, seulement 50 % ont déjà entendu parler d' « agro-écologie ». Enfin, la sensibilisation à l'agro-écologie est davantage suscitée par la presse et les médias que par les élus, locaux ou non, seulement 8 % des agriculteurs ayant entendu parler d'agro-écologie via des élus, maires ou députés.

Dès lors, il lui demande s'il entend mettre en place un programme national de sensibilisation afin d'impliquer davantage les agriculteurs dans l'agro-écologie.

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Réponse du Ministère de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt publiée le 01/10/2015

Lancé par le ministre chargé de l'agriculture le 18 décembre 2012, le projet agro-écologique pour la France est dans une phase active de mise en œuvre. Durant l'année 2014, un plan d'action composé de 16 chantiers et de plus de 70 actions a été élaboré, avec les partenaires du projet, afin d'en définir les engagements attendus et les réalisations concrètes. Lors du comité national d'orientation et de suivi du 30 janvier 2015, un bilan de cette première année d'engagement politique pour l'agro-écologie a été présenté. L'étude de l'institut BVA citée dans la question a montré que les termes « agro-écologie », « triple performance » ou « produire plus et mieux » étaient connus de la moitié de l'échantillon et que 93 % des agriculteurs ont déjà mis en place une des démarches en lien avec le projet. Cette étude a aussi revelé que plus de 90 % de ces agriculteurs souhaitaient s'impliquer dans de nouvelles pratiques en lien avec l'agro-écologie. Le mouvement est donc engagé, il doit maintenant s'amplifier. De nombreuses actions ont été conduites et de nombreux événements organisés, aussi bien au niveau national qu'au niveau local, pour sensibiliser les professionnels et les encourager à s'engager dans la transition agro-écologique. Le ministère en charge de l'agriculture s'appuie tout d'abord sur la richesse de son enseignement agricole, dont les formations ont été rénovées pour intégrer l'agro-écologie. Les réseaux de développement agricole sont également mobilisés pour accompagner les agriculteurs et les encourager dans la transition. Deux dispositifs ont par ailleurs été développés pour assurer la diffusion du projet. La loi d'avenir pour l'agriculture, l'alimentation et la forêt a ainsi créé les groupements d'intérêt économique et environnemental (GIEE) qui regroupent des collectifs d'agriculteurs autour d'un projet, reconnus au niveau régional. Plus de 100 GIEE sont reconnus à ce jour. Un outil informatique de diagnostic agro-écologique des exploitations a en outre été développé et mis à disposition des agriculteurs gratuitement et librement. La diffusion des pratiques agro-écologiques mobilisera également, dans le cadre du plan Ecophyto, le réseau DEPHY ; ce réseau de groupes d'agriculteurs qui s'engagent à réduire l'utilisation des produits phytosanitaires est accompagné par des ingénieurs réseau qui encouragent l'innovation et le changement pour des techniques et systèmes économes et performants. Le projet agro-écologique fera enfin l'objet d'un suivi et d'une évaluation en continu, afin d'être en mesure de compléter ou réorienter certaines actions si cela s'avérait nécessaire.

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