Question de M. MAZUIR Rachel (Ain - SOC) publiée le 25/06/2015
M. Rachel Mazuir appelle l'attention de Mme la ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes sur certaines méthodes pratiquées pour éliminer le bégaiement.
Le bégaiement peut provenir de prédispositions génétiques puis être déclenché par un fait émotionnel, comme la rentrée scolaire chez un enfant.
Aujourd'hui ce sont essentiellement les orthophonistes qui essayent de vaincre ce handicap : si un enfant est pris en charge avant ses six ans, la thérapie peut être efficace rapidement. Malheureusement, un enfant sur trois peut rester bègue : il le vit très mal car il est souvent moqué de ses camarades, et mal-compris par ses professeurs.
Certains ont donc eu recours, à leurs frais, à des coachs privés qui pratiquent la méthode portée par l'institut d'élimination du bégaiement, dite « Impocco », du nom de son fondateur.
Il s'agit d'une technique basée sur la contraction musculaire du bras qui semble bien réussir aux stagiaires qui l'ont suivie. Or elle est très contestée par les orthophonistes car elle est physique et basée sur la vigilance et le contrôle permanent.
À ce jour cette méthode n'est pas reconnue par l'assurance maladie.
Il la remercie de bien vouloir lui faire part de son avis sur le sujet.
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Transmise au Ministère des affaires sociales et de la santé
Réponse du Ministère des affaires sociales et de la santé publiée le 10/11/2016
Le bégaiement touche environ 650 000 personnes, soit 1 % de la population en France. Un ensemble de thérapies peut être proposé dans le domaine de l'orthophonie et de la phoniatrie mais aussi des thérapies comportementales et cognitives, des approches psychologiques pour un trouble qui n'apparaît en effet que dans la relation avec l'autre, voire des traitements médicamenteux. La guidance parentale est la première approche chez l'enfant chez qui ce trouble apparaît habituellement entre 2 et 4 ans. La prise en charge précoce est d'autant plus importante qu'un enfant atteint sur quatre restera bègue à l'âge adulte. Enfin, la recherche sur le bégaiement a beaucoup progressé au cours des dernières années : différences anatomiques et fonctionnelles à l'imagerie par résonnance magnétique, excès de sécrétion de dopamine chez les enfants bègues, identification de mutations génétiques associées au bégaiement, ouvrant la voie à de futures options thérapeutiques. En clinique, le consensus actuel est celui d'une approche thérapeutique globale et évolutive, adaptée à chaque cas en se basant sur une évaluation diagnostique qui est du ressort des professionnels médicaux et paramédicaux. Les praticiens vont adapter leur programme de soins aux caractéristiques du bégaiement de chaque patient, ainsi qu'à ses attentes, en composant à partir d'approches variées. Il s'agira de redonner à la personne bègue une parole fiable et spontanée qui, même si des dysfluences persistent, va lui permettre de s'exprimer comme elle le souhaite. L'opinion des spécialistes du domaine du bégaiement est donc effectivement extrêmement réservée vis-à-vis des méthodes visant à un contrôle volontaire constant des organes de la parole, comme solution unique au bégaiement, telle que celle développée par monsieur Ivan Impocco. La rééducation du bégaiement est expressément mentionnée dans la liste des actes professionnels accomplis par les orthophonistes à l'article R. 4341-3 du code de la santé publique. Ces actes sont pris en charge par l'assurance maladie, ce qui ne peut être le cas des interventions de coach privés.
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