Question de M. SAVIN Michel (Isère - UMP) publiée le 13/02/2015

Question posée en séance publique le 12/02/2015

M. Michel Savin. Ma question s'adresse à M. le ministre des affaires étrangères.

Deux anciens pilotes de chasse de l'aéronavale française, Pascal Fauret et Bruno Odos, originaires de mon département de l'Isère, sont actuellement toujours assignés à résidence en République dominicaine, après y avoir été incarcérés pendant quinze mois dans des conditions extrêmement dures, au motif qu'ils seraient impliqués dans un trafic de drogue.

Les autorités françaises ont réalisé des enquêtes poussées quant à leurs antécédents et à leurs personnalités : ces pilotes ont tous deux été titulaires d'une accréditation spéciale, sur décision personnelle du Président de la République française, et ont été à plusieurs reprises décorés pour des opérations militaires sur des théâtres extérieurs. Les bulletins de leurs casiers judiciaires sont bien évidemment vierges de toute condamnation.

Reconvertis dans l'aviation civile, les deux pilotes sont, au moment de leur arrestation, en mars 2013, tous deux salariés d'une compagnie d'aviation d'affaires, en mission pour le compte d'un client de cette dernière.

Le 19 mars 2013, alors qu'ils s'apprêtent à effectuer un vol commercial à partir de la République dominicaine en direction de la France, l'avion qu'ils pilotent est la cible d'un assaut de la direction nationale du contrôle des drogues, la DNCD. Au cours de cette opération spectaculaire et très médiatisée, la DNCD affirme avoir trouvé près de 700 kilos de cocaïne dans vingt-six valises. Le haut fonctionnaire dominicain qui a conduit cette opération ainsi que la plupart de ses collaborateurs seront rapidement démis de leurs fonctions par les plus hautes autorités de la République dominicaine.

Par la suite, de nombreuses et graves incohérences, ainsi qu'un important écho médiatique vont aboutir à l'enlisement judiciaire de cette affaire pendant plusieurs mois. Pendant cette très longue procédure, au cours de laquelle les pilotes ne seront jamais entendus et qui verra se succéder les juges et les renvois d'audience – plus de quinze ! –, la justice dominicaine fera la preuve des difficultés qu'elle éprouve à conduire le processus judiciaire à son terme.

Finalement libérés le 21 juin 2014, nos compatriotes ont depuis lors l'interdiction de quitter le territoire dominicain, restant privés de la présence de leurs familles, et ils survivent sans papiers et sans aucune ressource. Un comité de soutien, créé par d'anciens collègues pilotes de chasse de Bruno et Pascal, comprend aujourd'hui plus de 4 000 membres. De nombreux citoyens et parlementaires se sont associés à ce mouvement de soutien.

Sachant parfaitement que la France n'intervient pas dans les procédures judiciaires en cours dans un État souverain,…


M. le président. Il faut conclure !


M. Michel Savin. … mon inquiétude quant à la sérénité dans laquelle va se dérouler le procès prévu dans les prochains jours me conduit malgré tout à demander quelles démarches la diplomatie française peut être amenée à effectuer pour assister nos compatriotes et veiller à la tenue d'un procès équitable ?

Par ailleurs, la condamnation à mort en Indonésie de M. Serge Atlaoui, qui craint sa prochaine exécution, occupe l'actualité. J'ai été alerté ce matin par les membres du groupe d'amitié France-Indonésie, qui avaient reçu son épouse au Sénat. Peut-on savoir comment le Gouvernement compte intervenir, sachant que M. Atlaoui clame son innocence depuis le début de cette affaire ? (Applaudissements sur les travées de l'UMP, ainsi que sur plusieurs travées de l'UDI-UC.)

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Réponse du Secrétariat d'État, auprès du ministère des affaires étrangères et du développement international, chargé du commerce extérieur, de la promotion du tourisme et des Français de l'étranger publiée le 13/02/2015

Réponse apportée en séance publique le 12/02/2015

tourisme et des Français de l'étranger.

M. Matthias Fekl,secrétaire d'État auprès du ministre des affaires étrangères et du développement international, chargé du commerce extérieur, de la promotion du tourisme et des Français de l'étranger.Monsieur le sénateur, vous l'avez rappelé avec gravité, avec sincérité, nos concitoyens Pascal Fauret et Bruno Odos ont été arrêtés en compagnie de deux autres ressortissants français, le 19 mars 2013, en République dominicaine, à bord d'un avion contenant 682 kilos de cocaïne, dans le cadre d'une affaire de trafic international de produits stupéfiants.

Durant toute leur détention, ils ont bénéficié de la protection consulaire de l'ambassade de France à Saint-Domingue, dont les agents leur ont régulièrement rendu visite. Leurs familles ont été reçues à plusieurs reprises au ministère des affaires étrangères et sont appuyées par notre consulat chaque fois qu'elles se rendent sur place.

L'ambassadrice comme le Quai d'Orsay ont effectué de nombreuses démarches auprès des autorités dominicaines pour exprimer notre préoccupation concernant la durée de la détention provisoire et demander qu'un jugement soit rendu dans les meilleurs délais.

Remis en liberté sous contrôle judiciaire le 21 juin 2014, ils demeurent à ce jour sous le coup d'une interdiction de quitter le territoire dominicain, dans l'attente de leur procès qui devrait s'ouvrir le 9 mars prochain. Un représentant de notre ambassade sera présent aux audiences en qualité d'observateur. (Exclamations sur les travées de l'UMP.)

Par ailleurs, leurs documents d'identité ont été confisqués par les autorités locales. Afin de permettre à M. Odos d'effectuer différentes démarches auprès d'administrations de notre pays, nous avons saisi les autorités compétentes pour récupérer sa carte nationale d'identité. L'ambassade demeure en contact régulier avec nos concitoyens et continuera de suivre de très près la situation.

M. Charles Revet. C'est normal !

M. Matthias Fekl,secrétaire d'État. Vous avez également évoqué le cas tragique de notre compatriote Serge Atlaoui, condamné en Indonésie. Là aussi, les services diplomatiques et consulaires de notre pays, toutes les autorités nationales ont été mobilisés dès le début de cette affaire pour essayer d'apporter la meilleure réponse possible.

Cette situation tragique nous touche tous - vous l'avez souligné, monsieur le sénateur - au plus profond de nous-mêmes. Je vous confirme la détermination du Gouvernement et des autorités françaises de rester mobilisés aux côtés de Serge Atlaoui et de se battre pour l'abolition de la peine de mort, partout dans le monde. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et du groupe écologiste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)

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