Question de Mme BLANDIN Marie-Christine (Nord - ECOLO) publiée le 16/01/2015

Question posée en séance publique le 15/01/2015

Mme Marie-Christine Blandin. Ma question s'adresse à Mme la ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche.

C'est un difficile exercice que de reprendre nos échanges après l'effroi, les larmes et les douloureuses condoléances. Mais c'est un exercice nécessaire que de chercher ensemble à faire mieux pour prévenir le plus tôt possible de telles horreurs.

Vivre ensemble, respecter l'autre, savoir ce qui relève de l'intime, contenir la violence, cela s'apprend très tôt. Pour construire une école plus inclusive, plus juste, plus apaisée, le Conseil supérieur des programmes, le CSP, a répondu à votre saisine sur l'enseignement moral et civique, madame la ministre. Il précise que, par la culture de la sensibilité, la culture de la règle et du droit, la culture du jugement, l'élève doit être capable d'empathie, d'exprimer en les contrôlant ses émotions, de se sentir membre d'une collectivité. Dans le socle qu'il a élaboré, le CSP écrit que « l'élève développe sa maîtrise des moyens d'expression et d'argumentation qui évitent le recours à la violence ».

La laïcité figurera dans le programme de chaque cycle. On enseignera la diversité des cultures et des religions, ainsi que la neutralité de l'État. Voilà donc des gages d'espoir, sans compter l'indispensable éducation à l'image et aux médias, encore trop peu promue.

Au lendemain du drame, dans les classes, l'hommage que l'on voulait collectif a été émaillé par des prises de distance, des contestations, des tensions. Certains pédagogues se sont trouvés en difficulté.

L'article 70 de la loi d'orientation et de programmation pour la refondation de l'école de la République oblige désormais les écoles de formation des enseignants à mettre en œuvre, à destination de tous les futurs maîtres, une formation à la prévention et à la résolution non violente des conflits. À de très rares exceptions près, comme celle de Caen, la mise en place de ces enseignements n'est pas effective.

Madame la ministre, quelles dispositions allez-vous prendre pour que les écoles supérieures du professorat et de l'éducation, les ÉSPÉ, mettent en œuvre, avec l'aide de personnes ressources, elle aussi prévue par la loi, la formation initiale et continue des enseignants…


M. le président. Veuillez poser votre question, chère collègue !


Mme Marie-Christine Blandin. … en matière de médiation, de prévention et de résolution non violente des conflits ? Il faut aussi apporter aux enseignants de la République, dont nous tenons à saluer de nouveau le sang-froid, une connaissance argumentée de la laïcité, afin qu'ils ne se trouvent pas démunis. (Applaudissements sur les travées du groupe écologiste.)

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche publiée le 16/01/2015

Réponse apportée en séance publique le 15/01/2015

Mme Najat Vallaud-Belkacem,ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche. Madame Blandin, en vous écoutant parler de gestion de crise, j'ai eu une pensée pour tous les chefs d'établissement et leurs équipes éducatives qui ont été confrontés, pendant quelques jours d'horreur, au problème du confinement des élèves dans les établissements.(Mmes Marie-Christine Blandin et Corinne Bouchoux acquiescent.) Je tiens à témoigner ici du sang-froid dont ces personnels ont fait preuve.

Mme Jacqueline Gourault. Très bien !

Mme Najat Vallaud-Belkacem,ministre.Il faut les remercier d'avoir su gérer ces situations de telle sorte que tous les parents retrouvent leurs enfants à l'heure prévue, même si les protocoles peuvent toujours être améliorés. Les événements de ces derniers jours nous poussent à examiner avec lucidité tout ce que nous pouvons améliorer dans le fonctionnement de l'institution scolaire.

Vous m'interrogez, madame la sénatrice, sur les écoles supérieures du professorat et de l'éducation. Heureusement que nous avons réintroduit une formation initiale de qualité des enseignants au sein de ces établissements ! Cette formation inclut un apprentissage de la prévention et de la gestion des situations conflictuelles.

Vous me dites que toutes les ÉSPÉ n'offrent pas de tels modules dans leurs troncs communs. Rassurez-vous, elles sont bien plus nombreuses que vous ne le dites à dispenser cet enseignement, dont l'intitulé peut différer selon les établissements. Par exemple, l'ÉSPÉ de Lyon consacre bel et bien un enseignement à la prise en charge des incivilités et de la violence scolaire ainsi qu'à la prévention du harcèlement : simplement, celui-ci relève d'une unité d'enseignement intitulée « contexte d'exercice du métier ».

Je n'en réunirai pas moins, dans quelques jours, tous les directeurs d'ÉSPÉ pour étudier ensemble comment améliorer encore la formation initiale des enseignants et leur donner les moyens de faire face aux situations difficiles.

Je l'ai dit il y a quelques instants en répondant à Mme Gonthier-Maurin : il s'agit d'assurer non seulement la formation initiale, mais aussi la formation continue et l'accompagnement, au quotidien, de la pratique professionnelle des enseignants.

À cet égard, j'ai demandé aux recteurs de dépêcher, au sein des quelque 200 établissements où se sont produits des incidents que nous considérons comme graves, ces professionnels aguerris que sont les référents « laïcité », les référents « mémoire et citoyenneté » et les proviseurs « vie scolaire ». Ils interviendront dans les classes concernées pour reprendre la discussion avec les élèves, sans rien éluder. (Applaudissementssur les travées du groupe socialiste, du groupe écologiste et du RDSE. -M. Patrick Abate applaudit également.)

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