Question de Mme CARTRON Françoise (Gironde - SOC) publiée le 24/01/2014

Question posée en séance publique le 23/01/2014

Mme Françoise Cartron. Ma question s'adresse à Mme la ministre déléguée chargée de la réussite éducative.

Vous avez lancé jeudi dernier, conjointement avec le ministre de l'éducation nationale et le ministre en charge de la ville, la réforme de l'éducation prioritaire : c'est l'un des chantiers les plus importants de la refondation de l'école.

Il s'agit d'un plan ambitieux, comprenant des mesures concrètes, fortes, centrées sur la pédagogie et soutenues par des moyens importants. Il s'agit aussi d'un plan nécessaire au regard de l'exigence de justice sociale !

Engagée au début des années quatre-vingt, la politique d'éducation prioritaire visait un objectif : donner plus à ceux qui ont moins, donner plus aux territoires et aux établissements qui concentrent le plus de difficultés.

Trente ans après, force nous est de constater que les résultats ne sont pas à la hauteur de nos espérances. La France reste le pays développé dans lequel le poids des origines sociales sur la réussite scolaire est le plus fort. Et les conclusions du rapport PISA de 2012 font apparaître ce terrible constat : notre école n'offre pas aux enfants les plus défavorisés les meilleures chances de réussite. Les inégalités scolaires – qui sont des inégalités sociales – se sont encore accrues ces dix dernières années, faute d'une ambition nationale et d'une attribution efficace des moyens !

Dans ce contexte si difficile, nous constatons des réussites locales remarquables, dues à l'engagement formidable des équipes pédagogiques sur le terrain. Mais ces équipes ont besoin de soutien, de moyens, de reconnaissance et d'un accompagnement durable dans l'accomplissement de leur travail, lequel est, je le rappelle, spécifique.

Nous le savons, la continuité est le maître-mot en matière d'éducation prioritaire : l'encadrement des enfants doit être renforcé tout au long de leur scolarité et il est nécessaire d'assurer la stabilité des équipes enseignantes dans la durée.

De même, ces équipes doivent pouvoir bénéficier d'une formation adaptée et de perspectives de carrière améliorées.

M. Alain Fouché. La question !

Mme Françoise Cartron. Refonder l'école, c'est refonder l'éducation prioritaire !

Madame la ministre, voici ma question : quels moyens entendez-vous donner, et selon quel calendrier, pour soutenir cette nécessaire continuité dans l'accompagnement pédagogique des 20 % d'élèves inscrits aujourd'hui dans une zone d'éducation prioritaire, qu'elle soit urbaine ou rurale ? (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste, du groupe CRC et du groupe écologiste. – M. Robert Hue applaudit également.)

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Réponse du Ministère chargé de la réussite éducative publiée le 24/01/2014

Réponse apportée en séance publique le 23/01/2014

Mme George Pau-Langevin, ministre déléguée auprès du ministre de l'éducation nationale, chargée de la réussite éducative. Madame la sénatrice, effectivement, la question de l'éducation prioritaire est un élément central de la refondation de l'école de la République.

Vous l'avez dit, nous ne pouvons accepter que notre pays affiche les résultats qui ressortent de la dernière enquête PISA. Dans les quartiers prioritaires qui relèvent de la politique de la ville, les enfants issus de milieux modestes n'ont pas le niveau qu'ils devraient avoir. Pourtant, il y a des équipes enseignantes qui font un travail remarquable. Ainsi, à Marseille, où je me suis rendue ce matin,...

M. Roger Karoutchi. Décidément, vous y allez tous !

M. Jean Bizet. C'est un pèlerinage ! (Rires sur les travées de l'UMP.)

Mme George Pau-Langevin, ministre déléguée. ... j'ai visité deux collèges qui réalisent des projets magnifiques.

Les enseignants qui travaillent dans ces quartiers, et dont la tâche n'est pas facile, font véritablement honneur à notre pays ! (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste, du groupe écologiste et du groupe CRC.)

M. François Rebsamen. Très bien !

M. Didier Guillaume. Cela mérite d'être dit !

Mme George Pau-Langevin, ministre déléguée. Absolument ! On ne dit pas suffisamment combien ces professionnels sont remarquables.

Cette refondation de l'éducation prioritaire consistera d'abord à concentrer les moyens accordés aux équipes éducatives dans les quartiers qui en ont le plus besoin, lesquels bénéficieront en premier lieu des postes débloqués dans le cadre du dispositif « plus de maîtres que de classes » et de la scolarisation des enfants de moins de trois ans.

Les personnels non enseignants, c'est-à-dire les infirmières et les assistantes sociales, ont également un rôle précieux à jouer dans ces quartiers, car c'est justement là que les enfants ont des problèmes de santé et ont besoin de parler.

En vue d'améliorer le climat scolaire, nous allons augmenter encore le nombre d'assistants d'éducation et de prévention dans les établissements prioritaires.

M. Yves Pozzo di Borgo. Ils ne sont pas assez nombreux !

Mme George Pau-Langevin, ministre déléguée. Il convient également d'améliorer les relations partenariales au sein de l'école. Dans ces quartiers où les parents sont souvent éloignés des codes de l'institution scolaire, il faut renforcer la relation entre les enseignants et les parents, car une convergence des efforts est nécessaire pour donner aux enfants un bon niveau d'éducation.

Un point me semble important : désormais, les enfants de sixième seront pris en charge de manière continue et n'auront plus l'occasion de sortir de l'établissement entre deux cours. Au lieu de cela, ils bénéficieront de cours de soutien, d'accompagnement pédagogique, de tutorat et de moyens numériques.

M. Didier Guillaume. C'était indispensable !

Mme Dominique Gillot. Bravo !

M. Jean-Louis Carrère. On voit que vous aimez l'école, madame la ministre !

Mme Dominique Gillot. Et les enfants !

Mme George Pau-Langevin, ministre déléguée. Quant aux enseignants, dont l'investissement personnel est considérable, ils bénéficieront de moyens accrus, mais surtout de temps pour faire des recherches, se concerter et monter des projets.

Cette belle réforme est de longue haleine, mais elle est indispensable pour qu'aucun jeune de France n'ait le sentiment qu'il est laissé sur le bord du chemin. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste, du groupe CRC et du groupe écologiste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)

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