Question de M. POZZO di BORGO Yves (Paris - UCR) publiée le 12/10/2012

Question posée en séance publique le 11/10/2012

M. Yves Pozzo di Borgo. Ma question s'adressait à M. le Premier ministre, mais, en son absence, je sais que M. le ministre délégué chargé des transports, de la mer et de la pêche me répondra.

La mondialisation implique le développement d'une économie entrepreneuriale de la connaissance et se caractérise par la puissance de l'urbanisation. En conséquence, les grandes villes sont devenues le moteur essentiel de l'économie mondiale.

Les villes-monde, comme New York, Londres, Tokyo et Paris, avec les nouvelles entrantes – je pense notamment à Shanghai ou à São Paulo –, sont devenues la référence de cette mondialisation. Or Paris est une petite ville de 2 millions d'habitants enfermée dans son périphérique. (Protestations sur plusieurs travées du groupe socialiste.) Par contre, Paris-Île-de-France est une ville-monde, où 18 % de la population française fournit 29 % du PIB, dont 22 % est utilisé par les Franciliens, le reste étant distribué dans les autres régions françaises.

Le Président Nicolas Sarkozy en avait pris acte dans son discours du 29 avril 2009. La loi du 3 juin 2010 sur la grande boucle des transports parisiens constituait le premier pas pour accompagner, pour conforter les pôles stratégiques d'Île-de-France et assurer le développement économique du pays et de l'Europe. Cela s'est fait avec le consensus des acteurs politiques, économiques et sociaux de la région, même si, à l'époque, nos collègues des groupes communiste et socialiste n'avaient pas voté cette loi.

Toutefois, en dehors d'une allusion du Président de la République le jour de son investiture à l'hôtel de ville de Paris, qui a parlé discrètement d'une métropole parisienne, nous avons été très surpris que, vendredi dernier, dans son discours supposé fondateur sur les collectivités territoriales, il n'ait pas dit un mot sur la nécessité de construire le Grand Paris.

Mme Marie-Hélène Des Esgaulx. Eh oui !

M. Yves Pozzo di Borgo. Ajoutez à cela l'absence du premier milliard d'euros sur le Grand Paris dans la loi de programmation budgétaire, alors même que 311 millions d'euros de taxe spéciale ont déjà été prélevés sur les entreprises franciliennes pour financer ce projet, sans compter la part que les Franciliens paient sur leurs impôts locaux !

Vous comprendrez, monsieur le Premier ministre, ou plutôt vous, monsieur le ministre qui allez répondre à ma question – Mme la ministre de l'écologie étant elle aussi absente –,…

M. Michel Savin. Mais où sont-ils ?

M. Yves Pozzo di Borgo. … que les élus franciliens, dont beaucoup de vos amis politiques, notamment le président de la région lui-même, s'interrogent sur l'absence de réflexion et de vision sur ce dossier majeur.

M. Alain Gournac. Eh oui !

M. Yves Pozzo di Borgo. Ce gouvernement a-t-il une vision du Grand Paris ? Si oui, laquelle ? Deux minutes trente pour répondre, cela sera peut-être un peu court, mais nous avons besoin d'être rassurés. (Applaudissements sur les travées de l'UCR et de l'UMP.)

M. Joël Guerriau. Très bien !

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Réponse du Ministère chargé des transports, de la mer et de la pêche publiée le 12/10/2012

Réponse apportée en séance publique le 11/10/2012

M. Frédéric Cuvillier, ministre délégué auprès de la ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie, chargé des transports, de la mer et de la pêche. Monsieur le sénateur, puisque vous avez besoin d'être rassuré,...

M. Yves Pozzo di Borgo. Beaucoup !

M. Frédéric Cuvillier, ministre délégué. ... je vais vous redire pour la énième fois combien le Gouvernement, dont notamment Mme Duflot, la ministre chargée de l'égalité des territoires,...

M. Joël Guerriau. Encore elle !

M. Frédéric Cuvillier, ministre délégué. ... est attentif à la concrétisation de la réalisation du Grand Paris.

Vous avez replacé Paris dans un contexte de compétitivité internationale, mais le Grand Paris tel que le Gouvernement souhaite le réaliser - et nous le ferons ! - est le Grand Paris des habitants. S'il doit bien évidemment être une source d'attractivité nationale, voire internationale, il doit pouvoir répondre aux besoins du quotidien.

Le Grand Paris qui est le nôtre, c'est celui de l'emploi, de l'attractivité économique, du logement, notamment social,...

M. Christian Cambon. Des mots !

M. Frédéric Cuvillier, ministre délégué. ... pour répondre à la volonté du Président de la République et du Premier ministre. C'est également le Grand Paris de l'égalité des territoires pour éviter que des zones de cette région ne soient enclavées. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et du groupe écologiste.)

M. François Rebsamen. Très bien !

M. Frédéric Cuvillier, ministre délégué. C'est le Grand Paris de l'efficacité, de la solidarité et de l'innovation. (Exclamations sur les travées de l'UMP.)

M. Alain Gournac. Blablabla !

M. Frédéric Cuvillier, ministre délégué. Bref, c'est un Grand Paris que nous rendrons crédible, alors que vous nous avez surtout laissé un Grand Paris qui n'est qu'une succession de promesses et de projets. Nous, nous ne nous limitons pas à faire des projets, nous les concrétisons !

M. Alain Gournac. C'est une catastrophe !

M. Frédéric Cuvillier, ministre délégué. J'ai répondu il y a quelques instants sur le milliard d'euros que vous avez évoqué, mais vous l'avez dit vous-même, des crédits ont été levés : dès demain,...

M. Alain Gournac. Le changement, c'est demain !

M. Frédéric Cuvillier, ministre délégué. ... nous devrons répondre aux attentes des Franciliens, et je pense notamment au caractère anxiogène des transports.

Nous le ferons, parce que nous avons la volonté d'expertiser et d'analyser. La méthode utilisée pour le schéma national des infrastructures de transport et pour le Grand Paris est de rendre crédible ligne par ligne, réalisation par réalisation, l'ensemble des projets. Ces derniers n'avaient pour l'instant été qu'un amoncellement de promesses électorales faites dans une période qui s'y prêtait.

M. Gérard Larcher. Ça va, on a compris !

M. Frédéric Cuvillier, ministre délégué. Ce qui n'était que des promesses électorales deviendra bientôt la concrétisation d'une volonté ambitieuse et solidaire. (Vifs applaudissements sur les travées du groupe socialiste et du groupe écologiste, ainsi que sur certaines travées du RDSE. - Exclamations sur les travées de l'UMP et de l'UCR.)

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