Question de M. DELAHAYE Vincent (Essonne - UCR) publiée le 14/12/2011

Question posée en séance publique le 13/12/2011

Concerne le thème : La compétitivité

M. Vincent Delahaye. Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, la compétitivité de la France s'érode : la balance commerciale est dangereusement déficitaire, la croissance de notre PIB est nulle, voire négative. Plusieurs facteurs sont en jeu.

Je pense tout d'abord à la non-maîtrise de nos finances publiques, qui occasionne sans cesse de nouvelles taxes pour augmenter nos recettes, lesquelles freinent notre compétitivité.

Cette instabilité fiscale a lourdement pesé sur certains secteurs, notamment sur la filière photovoltaïque française, dont les baisses successives de tarifs de rachat de l'électricité ont sévèrement affecté la compétitivité pourtant prometteuse.

M. Roland Courteau. C'est bien vrai !

M. Vincent Delahaye. Je pense ensuite à l'instabilité fiscale, qui va de pair avec une complexité administrative toujours plus pesante sur nos entreprises, empêchant des TPE de devenir de vraies PME. Monsieur le secrétaire d'État, quelles mesures comptez-vous prendre afin de simplifier durablement l'environnement réglementaire et fiscal des entreprises ?

Je pense enfin au coût du travail, qui est trop élevé en France : il a augmenté pour l'ensemble de l'industrie et des services marchands de 40 % entre 2000 et 2010, contre seulement 19 % en Allemagne.

Un moyen de retrouver un avantage compétitif sur les coûts salariaux serait d'adopter une mesure, souvent évoquée mais jamais concrétisée, du type « TVA sociale ». Cela consisterait à faire peser le financement de notre protection sociale non plus sur le travail, mais sur une hausse de la TVA et donc sur la consommation. En plus de réduire le coût du travail et donc d'améliorer notre compétitivité, cette disposition permettrait de lutter contre les délocalisations et de faire participer les produits importés à l'effort de protection sociale des Français.

Monsieur le secrétaire d'État, quelles sont les intentions du Gouvernement en la matière et quels sont les freins actuels à la mise en place rapide d'une TVA sociale ? (Applaudissements sur les travées de l'UCR. – M. Alain Bertrand applaudit également.)

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Réponse du Secrétariat d'État chargé du commerce, de l'artisanat, des petites et moyennes entreprises, du tourisme, des services, des professions libérales et de la consommation publiée le 14/12/2011

Réponse apportée en séance publique le 13/12/2011

M. Frédéric Lefebvre, secrétaire d'État. Monsieur le sénateur, vous avez eu raison de souligner que, depuis trente ans, tous les gouvernements - ce n'est pas une question de droite ou de gauche ! - ont emprunté le chemin de la facilité en trouvant dans l'endettement et le déficit la solution à toutes les difficultés.

M. Roland Courteau. Certains plus que d'autres !

M. Frédéric Lefebvre, secrétaire d'État. Je vois que vous le revendiquez !

M. Roland Courteau. C'est vous les 500 milliards d'endettement en cinq ans !

M. Frédéric Lefebvre, secrétaire d'État. Avec près de 10 % de prélèvements obligatoires de plus que les entreprises de nos principaux compétiteurs, c'est un facteur majeur de la baisse de la compétitivité de nos entreprises. Voilà la réalité !

C'est pourquoi la réduction du niveau des prélèvements obligatoires a été un enjeu constamment à l'esprit du Gouvernement. J'en veux pour preuve la suppression de la taxe professionnelle, qui a rendu près de 7 milliards d'euros aux entreprises, tout particulièrement aux TPE et aux PME, lesquelles irriguent nos territoires. Mais il faut aller plus loin !

Vous me permettrez de prendre un peu de distance avec la formule de « TVA sociale », car elle donne le sentiment...

M. Alain Néri. ... d'être antisociale !

M. Frédéric Lefebvre, secrétaire d'État. ... que le seul moyen est d'augmenter la TVA. Or vous connaissez l'importance du moteur de la consommation dans notre pays.

Le Président de la République a annoncé l'installation prochaine d'un Haut Comité sur le financement de la protection sociale, qui devrait prendre en compte cette préoccupation dans sa réflexion. Le dispositif à imaginer devra trouver le meilleur équilibre entre cet objectif de réduction de coût, qui affaiblit notre compétitivité, et celui qui est non moins impérieux de préserver la consommation des ménages, laquelle demeure un moteur important, si ce n'est essentiel, de la croissance française.

M. Alain Néri. Un moteur qui a des ratés !

M. Frédéric Lefebvre, secrétaire d'État. Maintenir la trajectoire de retour à l'équilibre des finances publiques sans affecter la croissance nous impose des exigences. C'est pourquoi nous avons respecté, y compris lorsque nous avons annoncé un plan d'effort national partagé, tous les dispositifs qui préparent l'avenir de notre pays, à savoir le crédit d'impôt recherche ou le programme des investissements d'avenir.

Il aurait pourtant été si facile de couper dans les investissements. Une telle décision ne met personne dans la rue ! Reste que ce n'est pas la meilleure façon de préparer l'avenir de nos enfants.

M. le président. La parole est à M. Vincent Delahaye, pour la réplique.

M. Vincent Delahaye. Monsieur le secrétaire d'État, je vous remercie de votre réponse, mais elle ne me satisfait pas complètement.

Le terme de « TVA sociale » n'est peut-être pas le plus approprié. Certains ont parlé de « TVA antidélocalisations ». Manuel Valls, qui n'appartient pas au même parti que moi, a employé les mots de « TVA emploi ». Pourquoi pas ! Quoi qu'il en soit, une telle mesure serait favorable au développement de l'emploi, notamment industriel, en France, et l'on en aurait bien besoin.

Concernant les prélèvements obligatoires et la nécessité de revenir à un déficit maîtrisé ou, ce que je préférerais, à l'équilibre budgétaire, je souhaite que l'on fasse plus d'efforts sur les dépenses que sur les recettes. Mais, pour l'instant, ce n'est pas la direction qui nous est proposée.

Même en ne prenant pas de mesures drastiques sur les dépenses, on risque quand même une récession. Je ne la souhaite pas, mais quitte à avoir la récession, autant avoir pris les mesures drastiques qui s'imposaient. Ayons le courage de le faire rapidement, faute de quoi nous irons dans le mur !

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