Question de Mme TASCA Catherine (Yvelines - SOC) publiée le 01/06/2011

Question posée en séance publique le 31/05/2011

Concerne le thème : Politique audiovisuelle extérieure

Mme Catherine Tasca. La réforme de l'audiovisuel extérieur de la France était censée apporter davantage de cohérence et d'efficacité. Elle n'atteint aucun de ces deux objectifs.

Je ne reviendrai pas sur la guerre ouverte à laquelle se sont livrés pendant des mois M. Alain de Pouzilhac et Mme Christine Ockrent, avant que celle-ci ne renonce à son poste. Une page se tourne, mais France 24, RFI et TV5 Monde se trouvent profondément déstabilisés.

Monsieur le ministre, la holding n'est plus dirigée depuis des mois, sans que cela entraîne la moindre réaction de l'État. Dans n'importe quelle autre entreprise, les deux dirigeants auraient été remerciés et remplacés depuis longtemps.

Nous avions été nombreux ici à dénoncer le transfert de la tutelle du Quai d'Orsay vers Matignon et votre ministère, pour des raisons de pure convenance personnelle, ainsi que la désignation des dirigeants par le Président de la République. Mais personne n'aurait imaginé un tel gâchis !

C'est le moment choisi par le conseil d'administration pour décider, sur fond de nouveau plan social, le déménagement de RFI à proximité immédiate de France 24, malgré l'opposition des salariés de la radio, et sans tenir compte des inspections en cours.

Monsieur le ministre, ce déménagement préfigure-t-il une fusion avec France 24, et donc la poursuite du démantèlement de RFI ?

Au moment où le continent africain et le monde méditerranéen connaissent de profonds bouleversements, RFI doit absolument garder toute sa place au sein de l'AEF. Avec la recherche systématique des mutualisations, que restera-t-il de RFI, première radio en Afrique francophone ?

Plus globalement, monsieur le ministre, de nombreuses questions restent sans réponse. Quel type de management est envisagé ? Quelles perspectives financières sont proposées pour un partage équitable entre les trois composantes ? Enfin, y a-t-il aujourd'hui une stratégie de l'AEF ? Si oui, laquelle ? Et qui la pilote ? (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC-SPG, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)

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Réponse du Ministère de la culture et de la communication publiée le 01/06/2011

Réponse apportée en séance publique le 31/05/2011

M. Frédéric Mitterrand, ministre. Madame la sénatrice, je vous remercie d'avoir posé cette question. Il faut bien reconnaître que le tableau que vous venez de dresser comporte une grande part de vérité.

D'un côté, j'affirme fortement que cette réforme, à maints égards très positive, était nécessaire ; de l'autre, je déplore, tout comme vous, cette « guerre des chefs » – une expression qui pourrait prêter à rire en d'autres circonstances ! – et l'opacité du fonctionnement général d'AEF, qui explique pourquoi j'ai demandé à l'inspection des finances de me remettre un rapport : il s'agit d'y voir clair et de définir plus solidement le contrat d'objectifs et de moyens.

Je ne reviendrai pas sur vos considérations concernant le transfert de l'audiovisuel extérieur de la France sous la tutelle du ministère de la culture et de la communication. Contrairement à vous, je considère qu'il s'agit d'une très bonne décision et que mon administration est tout à fait compétente pour suivre ce dossier de près.

Nous attendons les rapports de l'inspection des finances et de la mission parlementaire pour donner à la réforme les prolongements bénéfiques que l'on peut en espérer.

Il est question, non pas de fusionner RFI et France 24,...

M. Guy Fischer. C'est pourtant ce qui se dit !

M. Frédéric Mitterrand, ministre. ... mais de réunir les opérateurs au sein d'un seul groupe mutualisé dans lequel tous les personnels travailleraient ensemble et partageraient les mêmes locaux, et où les journalistes, qui se connaissent et exercent leur métier sur le terrain avec un professionnalisme exceptionnel, échangeraient leurs informations.

Vous l'avez dit très justement, madame Tasca, les journalistes de RFI jouent un rôle essentiel, en Afrique notamment. Je tiens à leur rendre hommage, tout comme à ceux de France 24, qui ont également joué un grand rôle lors de la révolution rabe.

M. le président. La parole est à Mme Catherine Tasca, pour la réplique.

Mme Catherine Tasca. Je vous remercie de vos réponses, monsieur le ministre, même si elles ne me rassurent pas tout à fait.

Si nous ne voulons pas connaître à nouveau les errements précédents, lourdement préjudiciables à la politique extérieure de la France, nous ne devons pas regarder le passé, mais nous tourner vers l'avenir.

Je conteste certaines de vos analyses.

Tout d'abord, je n'approuve absolument pas le bilan très négatif établi par les deux dirigeants de RFI.

Ensuite, vous dites souhaiter une autonomie de la holding. Je considère, pour ma part, que celle-ci doit s'inscrire beaucoup plus nettement au sein de la politique extérieure de la France.

Enfin, s'agissant de TV5, vous avez évoqué des perspectives de mutualisation. Je me permets de rappeler qu'il s'agit d'une organisation multilatérale et que la mutualisation n'est donc pas forcément une voie souhaitable pour cette chaîne.

M. le président. Il faut conclure !

Mme Catherine Tasca. Nous attendons que l'État reprenne très fermement ce dossier en main et résolve, notamment, les problèmes du management, du projet et de la stratégie. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC-SPG, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)

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