Question de M. LEGENDRE Jacques (Nord - UMP) publiée le 09/02/2011

Question posée en séance publique le 08/02/2011

Concerne le thème : Aggravation des inégalités sociales dans le système scolaire

M. Jacques Legendre. La dernière enquête PISA –programme international pour le suivi des acquis des élèves – pilotée par l'OCDE évalue et compare les connaissances des élèves de 15 ans dans trois domaines : la lecture, les mathématiques et la culture scientifique.

Cette enquête montre le poids de l'origine sociale dans les inégalités scolaires en France, alors que notre pays était dans la moyenne en 2000 selon ce critère. En dix ans, il y a eu chez nous un creusement des inégalités scolaires d'origine sociale.

Je citerai deux exemples frappants à cet égard : en France, un lycéen issu d'un milieu défavorisé a deux fois moins de chances d'accéder à l'enseignement supérieur que s'il avait grandi en Espagne ou en Irlande ; dans notre pays, un lycéen a 4,3 fois plus de risques d'être en échec à 15 ans s'il est issu d'un milieu social défavorisé, alors que ce facteur est en moyenne de 3 au sein de l'OCDE.

Un autre enseignement fort de cette enquête est que l'efficacité ne se mesure pas seulement au travers de la dépense publique. L'étude montre que certains pays de l'OCDE qui dépensent moins que la France sont mieux classés qu'elle, par exemple la Pologne, Singapour ou la Corée du Sud. L'enjeu est donc de dépenser mieux, de redéployer les moyens en fonction des priorités et des besoins.

Nous avons déjà beaucoup avancé dans cette voie, comme en témoignent deux types de mesures : la mise en place de programmes du primaire recentrés sur les fondamentaux que sont la lecture et l'écriture ; l'instauration d'un véritable dispositif d'accompagnement éducatif comprenant l'aide personnalisée, l'accompagnement personnalisé, le tutorat, l'internat d'excellence.

Ces mesures, que nous soutenons, mettent en lumière l'objectif visé par le Gouvernement ces dernières années : limiter le plus possible le nombre d'élèves en difficulté. Mais cela ne saurait suffire et notre système éducatif doit encore évoluer.

Pouvez-vous nous préciser, monsieur le ministre, les mesures que le Gouvernement envisage, notamment en matière d'autonomie de décision des établissements scolaires, pour renforcer notre efficacité dans le domaine de l'éducation ? (Applaudissements sur les travées de l'UMP.)

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et de la vie associative publiée le 09/02/2011

Réponse apportée en séance publique le 08/02/2011

M. Luc Chatel, ministre. Monsieur Legendre, les résultats de l'enquête PISA sont très intéressants, car ils nous permettent de comparer notre système éducatif à ceux de soixante-quatre autres pays. Ils montrent que la France se situe à la fin du premier tiers du classement. Nous sommes dans la moyenne des pays de l'OCDE s'agissant des acquis, aussi bien en lecture qu'en mathématiques.

Surtout, cette enquête nous renseigne sur deux faiblesses de notre système éducatif.

D'abord, la France reste le pays du grand écart : le nombre d'élèves qui accèdent à l'excellence est trop réduit, alors que le nombre d'élèves en grande difficulté a plutôt tendance à augmenter.

Ensuite, notre système éducatif, plus que ceux des autres grands pays développés, a du mal à lutter contre les déterminismes sociaux.

Dès lors, que faire ?

La politique que nous menons va dans la bonne direction, non parce que c'est la nôtre, mais parce que c'est celle qui a été mise en place par tous les pays obtenant de meilleurs résultats que nous dans les enquêtes PISA.

Cette politique est fondée sur la personnalisation de l'enseignement. Si l'on veut, après le défi de la massification et de la quantité auquel notre système éducatif a su répondre entre 1970 et 1990, relever le défi de la qualité, en faisant en sorte qu'il y ait une solution pour chacun à la sortie de l'école, nous devons, tout au long de la scolarité, organiser des temps de différenciation, c'est-à-dire faire davantage pour les élèves ayant plus de difficultés, être capables d'accompagner individuellement les élèves, notamment avec les plateformes de suivi et d'appui aux décrocheurs, l'aide personnalisée dès le primaire pour détecter les difficultés de lecture avant qu'il ne soit trop tard ou l'action que nous menons en faveur des enfants handicapés, ceux-ci étant accueillis en beaucoup plus grand nombre aujourd'hui qu'il y a cinq ans.

En outre, comme vous l'avez indiqué, nous devons faire davantage confiance aux acteurs locaux, déléguer, transférer des compétences aux établissements scolaires, aux chefs d'établissement, aux professeurs.

M. le président. Monsieur le ministre, je vous prie de conclure.

M. Luc Chatel, ministre. L'autonomie et la personnalisation se renforcent progressivement dans notre système éducatif : tel est l'esprit de la politique que nous menons.

M. le président. La parole est à M. Jacques Legendre, pour la réplique.

M. Jacques Legendre. J'avais mis l'accent sur les élèves décrocheurs, car ce problème nous préoccupe. La commission s'est rendue récemment au Canada et a vu ce qui se faisait en Ontario : il vaut mieux rattraper les élèves menacés de décrochage quand ils sont encore à l'école plutôt que de mettre en place des systèmes de rattrapage, plus coûteux et moins efficaces. Priorité à l'école ! (Très bien ! sur les travées du groupe socialiste.)

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