Question de M. MARINI Philippe (Oise - UMP) publiée le 19/12/2002

A quelques jours du début de l'année 2003 qui sera celle de " l'Algérie en France ", M. Philippe Marini souhaite attirer l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur les mécontentements que suscite l'organisation de cet événement dans sa forme actuelle parmi les communautés harki, pieds-noirs et chez les anciens combattants de la guerre d'Algérie. Même si la diplomatie nécessite prudence et courtoisie, il peut paraître étonnant de passer sous silence une partie importante de l'histoire de ce pays et de vouloir en écarter les populations vivant aujourd'hui en France mais ayant une grande part de leur vie, de leur coeur et de leurs racines sur cette terre. Réécrire l'histoire, en effacer certains épisodes douloureux n'est probablement pas la meilleure voie pour entretenir une amitié et une réconciliation auxquelles nous sommes très attachés. II n'est aucunement question de s'ingérer dans la vie de l'État algérien. II serait cependant regrettable que le pays des droits de l'homme qu'est la France n'obtienne pas sur son sol une présentation la plus objective possible de l'histoire d'un pays qui lui fut intimement lié. Aussi ne serait-il pas illégitime de permettre à quelques membres des communautés pieds-noirs, harki et à des anciens combattants de participer au comité d'organisation de cette manifestation. Ce n'est actuellement malheureusement pas le cas. Confians dans la volonté gouvernementale de renforcer nos liens amicaux avec nos amis algériens sans oublier harkis, pied-noirs et anciens combattants, il souhaite connaître les mesures envisagées par le ministère des affaires étrangères afin de donner tout son éclat à cette année de l'Algérie en France en permettant à toutes les parties concernées d'y être associées.

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Réponse du Ministère des affaires étrangères publiée le 13/02/2003

Le commissariat général de l'année de l'Algérie en France a lancé dès mars 2002 un appel à projets sur son site www.djazair2003.org, auquel plus de 300 associations ou personnes privées ont répondu, parmi lesquelles des associations de harkis. Par ailleurs, le commissariat général a effectué, entre février et juin 2002, seize missions régionales dans les principales villes de France où des réunions ont été organisées par les DRAC (directions régionales des affaires culturelles) avec les responsables des institutions culturelles et du milieu associatif pour informer le plus largement possible sur la tenue de l'année de l'Algérie. Dans chacune de ces réunions, qui ont rassemblé de 80 à 150 personnes selon les régions, il a été rappelé, souvent en présence du consul d'Algérie de la région, que cette année serait culturelle, sans tabou ni censure, organisée sur la base de critères artistiques, et que tous étaient invités à y participer sans aucune exclusive, en particulier tous ceux qui ont ou ont eu un rapport à l'Algérie. Quant au comité d'organisation, il est composé de fonctionnaires, nommés ès qualité, comme il est d'usage pour toutes les saisons étrangères en France. L'un des membres de ce comité, représentant le ministère de l'éducation nationale, est un Français rapatrié d'Algérie. Par ailleurs, l'objectif général de " Djazaïr, une année de l'Algérie en France ", comme celui de toutes les saisons étrangères en France, est de présenter la culture du pays invité, avec toute sa profondeur de champ. C'est la raison pour laquelle 20 % des manifestations de l'année de l'Algérie sont consacrées à la présentation de quelques temps forts de l'histoire de l'Algérie, de la préhistoire à 1962. On mentionnera notamment les expositions et les colloques sur la préhistoire, sur les périodes puniques et numides (exposition du musée d'archéologie de Rouen), sur la période romaine (au musée d'Arles), sur saint Augustin et son temps (au musée d'Aquitaine de Bordeaux), sur Abd-el-Kader (aux Archives nationales, à Chantilly, à Pau et à Amboise). Concernant la période coloniale française, les mouvements artistiques et littéraires en Algérie et en France à la même époque sont présentés à travers de nombreuses manifestations dont une liste indicative est donnée en annexe.ANNEXE

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