Question de M. HOEFFEL Daniel (Bas-Rhin - UC) publiée le 25/07/2002

M. Daniel Hoeffel appelle l'attention de M. le ministre de la culture et de la communication sur les risques d'inadaptation de certaines filières de formation concernant le patrimoine culturel. La nécessité de la formation d'une culture patrimoniale au sein des collectivités territoriales à l'heure de la décentralisation, d'une part, le retard pris par rapport au niveau de formation de nos partenaires européens, d'autre part, rendent indispensable une formation associant enseignants, chercheurs et praticiens expérimentés dans la restauration du patrimoine. Or, le centre des hautes études de Chaillot, en ne faisant connaître, ni la liste des enseignants ni le programme détaillé des matières enseignées et en ne tenant pas compte dans son enseignement de la diversité régionale des matériaux des monuments français, et en décidant en plus de ne faire dorénavant appel presque qu'à des intervenants du ministère de la culture, choisit une orientation de repli sur soi qui ne tient compte ni d'une nécessaire ouverture sur l'Europe ni des besoins qui sont ressentis dans les régions. Une telle option conduira inévitablement dans l'avenir à des interventions inadaptées et disproportionnées par rapport aux impératifs de la sauvegarde bien conçue du patrimoine culturel français. Il lui demande quelles sont les dispositions qu'elle envisage pour redonner au " Cours de Chaillot ", une orientation réaliste prenant en compte le fait que protection et gestion des monuments historiques ne peuvent plus fonctionner en 2002 selon un modèle centralisé.

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Réponse du Ministère de la culture et de la communication publiée le 05/09/2002

L'implication des collectivités territoriales dans la préservation du patrimoine, domaine auquel l'ensemble de nos concitoyens est très attaché, est un moyen essentiel pour que soient bien évaluées et comprises par tous les interventions que rend nécessaire cette protection. Cela nécessite que les élus puissent disposer des compétences spécifiques permettant d'élaborer et de gérer une démarche patrimoniale, partagée avec l'ensemble des habitants et des activités installés sur leur territoire. Dans cette optique, le ministère étudie en liaison avec le ministère de l'intérieur et le CNFPT en particulier les possibilités d'évolution des cadres d'emploi de la fonction publique territoriale pour y développer la filière culturelle et le recrutement d'architectes. Le Centre des hautes études de Chaillot, lieu de la transmission des savoirs du patrimoine depuis plus d'un siècle, joue un rôle majeur dans ce domaine puisqu'il forme les architectes du patrimoine à l'intervention sur les bâtiments et dans les quartiers anciens : un peu moins de 700 sont actuellement en activité dont près des deux tiers exercent une activité libérale. Parmi ceux qui oeuvrent dans le secteur public, outre les architectes en chef des monuments historiques et les architectes des bâtiments de France, agents de l'Etat, d'autres travaillent au sein des collectivités territoriales ou comme architectes-conseils des conseils d'architecture, d'urbanisme et d'environnement (CAUE). La liste des enseignants qui assurent les formations dispensées par cette institution fait appel d'une part à des universitaires, des ingénieurs, des juristes et des personnels de l'administration culturelle, dont les compétences respectives constituent un apport méthodologique essentiel, propre à favoriser l'élargissement du champ d'exercice professionnel des architectes. Mais cette transmission est aussi assurée par des architectes praticiens, qui forment leurs jeunes collègues aux réalités auxquelles ils sont eux-mêmes confrontés dans leur activité professionnelle. A des postes divers, ils interviennent en effet, en tous points du territoire, sur les différents types de patrimoine architectural, urbain et paysager, tant en terme d'échelles ou de modes de protection, que de matériaux, de structure, ou de pathologies. L'esprit d'ouverture et le souci de répondre concrètement aux besoins ressentis sur le terrain par les usagers et les élus sont naturellement pris en compte dans le programme et l'organisation pédagogiques qui font l'objet d'une réforme qui se met en place depuis septembre 2001. Elle se traduit principalement par l'ouverture aux différentes expressions du patrimoine - depuis les édifices prestigieux jusqu'au patrimoine ordinaire - ainsi qu'aux questions actuelles que sont par exemple la réutilisation et ses limites, la nécessaire adaptation aux normes de confort et d'hygiène ou la maîtrise de l'urbanisation. Dans les modalités d'enseignement, cette réforme organise le développement progressif du travail dirigé appliqué à des questions concrètes touchant aux édifices et aux centres anciens. Quant au positionnement de l'expertise française dans le domaine de la sauvegarde du patrimoine, et donc la formation aux techniques et aux problématiques de la conservation, le Centre des hautes études de Chaillot s'inscrit dorénavant dans un cadre résolument européen, du point de vue des échanges d'expériences, des collaborations avec des organismes européens, et bien entendu de la circulation des étudiants. Une brochure d'information et des pages web consultables à l'adresse http ://www.archi.fr/CHEC/index.html permettent d'informer le public sur les différents programmes et actions de cette institution, service à compétence nationale rattaché à la direction de l'architecture et du patrimoine.

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