Question de M. LORRAIN Jean-Louis (Haut-Rhin - UC) publiée le 22/03/2001

M. Jean-Louis Lorrain appelle l'attention de Mme le ministre de l'emploi et de la solidarité sur l'évolution préoccupante de la profession d'ophtalmologiste. La nécessité de nouveaux moyens préventifs et thérapeutiques et le vieillissement de la population génèrent une demande constante si ce n'est croissante de cette spécialisation médicale. Cependant le nombre des opthalmologistes n'a cessé de décroître en raison de l'instauration de l'internat comme seule voie d'accès à la spécialité, conjuguée à la diminution programmée des postes formateurs. Jusqu'ici le dialogue serein est resté inopérant, les parutions dans les médias n'ont pas suscité davantage de réactions des pouvoirs publics et certaines régions ont vu le nombre des postes d'internes mis au concours divisé par deux ; l'amertume des étudiants se comprend lorsqu'ils apprennent qu'à côté des 50 diplômés français, une trentaine d'ophtalmologistes diplômés hors Union européenne ont été admis cette année par le ministère à exercer en France. Les radiations annuelles de l'ordre des médecins atteignent aujourd'hui 125 ophtalmologistes par an, soit 70 de plus que les estimations par âge. 900 actifs ont plus de cinquante-cinq ans et quitteront leur activité durant les dix prochaines années, sans compter les départs involontaires. Les départs volontaires dépassent actuellement le double des prévisions. Il serait nécessaire de doubler d'ici à 2003 le nombre de postes d'internes formateurs en opthalmologie. Et il faut au moins douze ans pour former un ophtalmologiste ; la spécialité aura perdu en quinze ans 20 % de ses effectifs. Les décideurs en matière de démographie des ophtalmologistes ne tiennent compte ni de leur champ d'activité, ni de leur accessibilité (schémas régionaux de l'organisation sanitaire publiés par les agences de l'hospitalisation et les DRASS), ni des problèmes de plus en plus aigus de l'urgence des soins dans une spécialité chirurgicale souvent nécessitée par les accidents domestiques ou de la voie publique. Le dépistage des glaucomes est à moitié effectué, les 500 000 cas négligés évoluent vers la cécité. Les cataractes augmentent, leur apparition se fait plus précoce ; la rétinopathie diabétique requiert des professionnels spécialisés or moins de la moitié seulement des diabétiques bénéficie d'un suivi ophtalmologique conforme aux instructions ministérielles. Quelles mesures sont envisagées par le ministère à brève échéance pour maintenir le développement de la spécialisation en ophtalmologie, stopper la diminution du nombre des ophtalmologistes et accroître celui des internes formateurs ?

- page 978


Réponse du ministère : Emploi publiée le 31/05/2001

Réponse. - Le rapport Polton du centre de recherche d'études et de documentation en économie de la santé (CREDES) a présenté l'analyse des différents éléments susceptibles d'intervenir dans l'évolution de la démographie médicale, compte tenu de la baisse de la démographie médicale, qui devrait s'accélérer à partir de 2007/2008. La répartition entre spécialites et généralistes fait apparaître un nombre de spécialistes supérieur aux généralistes : le nombre de médecins en exercice début 1998 était de 191 500 (49 % de médecins généralistes et 51 % de médecins spécialistes). Cependant la baisse démographique est inégalement répartie sur les différentes spécialités et l'ophtalmologie est une des spécialités les plus concernées avec la pédiatrie et la gynécologie obstétrique notamment. D'autre part, on constate une augmentation des médecins salariés : la proportion de médecins exclusivement salariés parmi les médecins spécialistes a fortement augmenté passant de 26 à 50 % entre 1973 et 1999, ainsi qu'une émergence des femmes dans la profession, notable au fil des années : de 14 % en 1968, ce taux de féminisation est passé à 35 % pour les généralistes et à 36 % pour les spécialistes au 1er janvier 1999. Enfin, il existe une inégale répartition sur le territoire : d'importantes disparités départementales existent au sein des régions et sont plus marquées parmi les médecins généralistes libéraux (exclusifs ou mixtes). Devant ce constat, des mesures ont été prises sur le numerus clausus de l'examen de fin de première année des études médicales qui, après avoir été fixé à 3 700 pour l'année universitaire 1998/1999 a été porté à 3 850 pour l'année universitaire 1999/2000 et à 4 100 pour l'armée universitaire 2000/2001. De plus, en ce qui concerne l'internat, trois filières nouvelles ont été créées, la gynécologie obstétrique et médicale, l'anesthésie et la pédiatrie. Mais il ne peut s'agir de la seule réponse à la situation de baisse démographique du corps médical tant au niveau national que départemental. C'est pourquoi, la ministre de l'emploi et de la solidarité a demandé à ses services, dans le cadre d'un groupe de travail ministériel consacré à l'avenir de la démographie médicale, de proposer des solutions permettant de faire face à cette évolution afin d'atténuer les inégalités départementales d'accès aux soins. La préservation de la qualité du service rendu est en effet une priorité du Gouvernement. Les conclusions de ce groupe seront remises à la ministre prochainement et serviront de base à une concertation large menée avec l'ensemble des professionnels de santé sur les solutions à mettre en uvre au cours des prochaines années, en particulier pour adapter les flux de praticiens formés aux besoins de la population et pour réduire les disparités régionales constatées au niveau de l'offre.

- page 1851

Page mise à jour le