Question de M. de VILLEPIN Xavier (Français établis hors de France - UC) publiée le 31/03/1994

M. Xavier de Villepin attire l'attention de M. le ministre de la coopération sur l'approvisionnement en médicaments des Etats africains touchés par la dévaluation du franc CFA. En dépit des mesures prises et rappelées dans le communiqué du ministère en date du 1er mars 1994, il semble bien que nos partenaires africains aient décidé d'acheter des médicaments génériques pour tenter de compenser en partie la hausse des prix des médicaments. Il souhaite donc savoir si l'industrie pharmaceutique française ne risque pas de perdre une part importante de ses marchés dans cette zone et si les circuits de distribution actuellement en place ne vont pas en être fortement perturbés.

- page 700


Réponse du ministère : Coopération publiée le 09/06/1994

Réponse. - La structure du marché du médicament dans la zone franc (de l'ordre de 2 MF par an) fait une part prédominante (près de 96 p. 100 en valeur) aux produits en provenance de France. Ce chiffre recouvre néanmoins une réalité plus nuancée dans la mesure où la moitié de ces médicaments sont produits par des laboratoires non français installés en France, ou transitent par la France, qui sert dans ce cas de plate-forme de réexportation vers le marché africain. Il n'en demeure pas moins que les produits français sont très massivement présents dans la zone franc, tout particulièrement dans le secteur privé qui distribue la très grande majorité (70 p. 100 environ) des médicaments consommés. Dans le secteur public et privé non lucratif, le recours aux produits génériques est en revanche largement répandu. Les laboratoires français fabriquent en effet essentiellement des spécialités et les exportent vers le marché de l'Afrique francophone sous des présentations identiques à celles qui prévalent sur le marché français. Même si les prix des médicaments français sont parmi les moins élevés d'Europe, ils restent néanmoins inaccessibles à la très grande majorité des populations africaines. En effet, dans des pays où, avant le réajustement monétaire, seulement 30 p. 100 de la population avait accès aux médicaments, le prix est le facteur déterminant de l'accessibilité. La dévaluation n'a fait que renforcer cet état de fait puisqu'il n'existe aucun système de protection sociale prenant en charge cette dépense malgré l'effort accompli par les laboratoires français qui ont décidé de ramener leurs prix à l'exportation vers les pays de la zone franc au niveau du prix grossiste hors taxe français, soit une baisse d'environ 10 p. 100 en moyenne. C'est sur la base de ce constat (forte proportion de spécialités françaises, prédominance du secteur privé) que le Gouvernement français a décidé de subventionner pour 40 MF une vingtaine de médicaments de base distribués dans le secteur privé. Cette subvention doit permettre à l'ensemble des acteurs (laboratoires, gouvernements, importateurs, officines) de s'adapter pour mettre en place des systèmes de prix favorisant les médicaments peu chers, des produits et des conditionnements plus adaptés aux besoins africains et des modalités d'approvisionnement faisant un plus large appel à la concurrence. Ce sont autant d'orientations que les ministres de la santé des pays de la zone franc ont adoptées lors d'une réunion tenue à Abidjan les 17 et 18 mars derniers. Les produits génériques, généralement moins chers que les spécialités, font partie des options possibles pour accroître sensiblement la quantité de médicaments importés pour la même dépense de santé. Les laboratoires français, pour des raisons de stratégie commerciale et industrielle qui leur sont propres, n'en fabriquent malheureusement pas. Ils risquent donc d'être exclus de ce marché en expansion probable et des autres marchés du monde en développement, s'ils choisissent de poursuivre cette stratégie. Il convient de souligner que les produits génériques ne sont pas immédiatement et automatiquement substituables dans le secteur privé aux spécialités employées jusqu'à aujourd'hui : il faudra du temps pour que les habitudes de prescription évoluent, les produits devront être agréés, les systèmes devront prendre en compte cette nouvelle forme de médicaments. On constate cependant que nombre de grossistes-importateurs, dont les plus importants sont des entreprises françaises, ont décidé d'élargir leur gamme aux produits génériques et de recourir à des formes plus concurrentielles d'approvisionnement. Au-delà des effets de réajustement du marché à court terme auxquels l'initiative française tente de répondre, la dévaluation peut, d'une certaine façon, être une chance pour les populations africaines d'accéder à des produits pharmaceutiques moins chers. Le ministère de la coopération ne peut pas vouloir autre chose même si son souhait est que ces produits soient, dans toute la mesure du possible, d'origine française. Depuis le mois de janvier 1994, le ministère de la coopération, toute somme de financement confondue, a injecté 126 MF dans le secteur du médicament. ; génériques et de recourir à des formes plus concurrentielles d'approvisionnement. Au-delà des effets de réajustement du marché à court terme auxquels l'initiative française tente de répondre, la dévaluation peut, d'une certaine façon, être une chance pour les populations africaines d'accéder à des produits pharmaceutiques moins chers. Le ministère de la coopération ne peut pas vouloir autre chose même si son souhait est que ces produits soient, dans toute la mesure du possible, d'origine française. Depuis le mois de janvier 1994, le ministère de la coopération, toute somme de financement confondue, a injecté 126 MF dans le secteur du médicament.

- page 1430

Page mise à jour le