Question de M. GUENA Yves (Dordogne - RPR) publiée le 26/09/1991

M. Yves Guéna appelle l'attention de M. le ministre d'Etat, ministre de l'éducation nationale, sur le problème de l'apprentissage des langues étrangères. Le plurilinguisme étant indispensable dans le monde moderne, il apparaît souhaitable que le ministère de l'éducation nationale veille à ce que l'enseignement de l'anglais ne se fasse pas au détriment d'autres langues, mais s'efforce de promouvoir l'apprentissage de ces dernières, notamment des langues latines, telles que l'italien et l'espagnol, qui sont en constante régression. En effet, depuis dix ans, le nombre des élèves d'italien, première langue, est passé de 0,3 à 0,1 p. 100, celui des élèves d'espagnol de 2,1 à 0,9 p. 100 dans les classes (publiques et privées) de sixième. A cet égard, il tient à souligner les difficultés que rencontre la poursuite ou l'implantation de l'enseignement de deux langues dès la sixième. Cette formule, lancée pour l'apprentissage de langues autres que l'anglais, peut, en effet, contribuer à compenser le déficit actuel de l'apprentissage de langues latines. Aussi quand, à la satisfaction de tous (élèves, enseignants et parents), les principaux de collèges trouvent ou recherchent les moyens pédagogiques et financiers nécessaires au lancement ou au maintien d'une telle expérience, devraient-ils être largement encouragés. En conséquence, il lui demande quelles instructions il compte donner pour que cette initiative puisse, non seulement se dérouler, mais se multiplier.

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Réponse du ministère : Éducation publiée le 13/02/1992

Réponse. - Le développement de l'enseignement des langues vivanves constitue l'une des priorités du ministère de l'éducation nationale. A cet égard, il convient de souligner que l'enseignement des langues vivantes dans le système éducatif repose sur deux principes : pluralisme des langues offertes au travers d'un éventail de douze langues au collège, et de quatorze au lycée, et libre choix des familles. Il convient de rappeler que le dispositif prévu par la réglementation définie au niveau national et applicable à l'ensemble des collèges, publics et privés sous contrat, prévoit pour tous les élèves, à l'entrée en classe de sixième, une langue étrangère dont la pratique, dans son expression courante, à la fin de la classe de troisième, est un des objectifs assignés au collège par la loi d'orientation sur l'éducation du 10 juillet 1989. Le commencement de l'étude d'une seconde langue vivante étrangère, à partir de la classe de quatrième, choisie parmi celles qui n'auraient pas été retenues précédemment, fait également partie de ces objectifs. A ce sujet, il y a lieu de souligner que la généralisation progressive entreprise depuis la rentrée scolaire 1989 de l'étude de deux langues vivantes par l'ensemble de tous les élèves suivant le cycle de collège, l'une de ces deux langues devant être une langue de la Communauté économique européenne, parmi lesquelles figurent l'espagnol et l'italien, notamment, ne peut que répondre au souhait exprimé par l'honorable parlementaire de donner à ces langues latines la place qui leur revient dans le système éducatif. Par ailleurs, si un enseignement simultané de deux langues dès la sixième avait été mis en place, à titre d'essai, dans une dizaine d'établissements au cours de l'année 1986-1987, il importe de préciser qu'il n'était pas apparu souhaitable d'y donner suite. En effet, la mise en place dans le cycle d'observation d'une deuxième langue vivante introduit un enseignement supplémentaire ne figurant pas au programme des classes correspondantes. Cet enseignement, qui ne s'adresse, en tout état de cause, qu'à une partie des élèves, crée une forme de filière, ce qui va à l'encontre de l'objectif assigné aux collèges de préparer la totalité des élèves à l'entrée en lycée, en leur donnant des compétences identiques. De plus, dans la mesure où cet enseignement n'est pas proposé dans tous les établissements et ne peut être assuré, ne faisant pas partie des programmes, d'un point à l'autre du territoire, sa mise en place risque de porter préjudice aux élèves amenés à changer d'établissement ou de région et ne permet pas ainsi d'offrir à l'ensemble de la population scolaire l'égalité face au service public de l'éducation nationale. Pour l'ensemble de ces raisons, et dans la mesure où la pratique courante d'une langue étrangère et l'apprentissage de la maîtrise d'une seconde représentent les priorités à satisfaire à ce niveau de scolarité, il ne paraît pas opportun d'institutionnaliser des initiatives de cette nature.

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