Question de M. COLLETTE Henri (Pas-de-Calais - RPR) publiée le 01/08/1991

M. Henri Collette appelle l'attention de Mme le Premier ministre sur une récente enquête auprès de 10 000 hommes d'affaires (Le Monde, 22 juin 1991) faisant apparaître, à propos de la compétitivité des nations que le Japon serait au premier rang et la France au quinzième rang. Compte tenu qu'au-delà de ce résultat des critiques accablantes sont formulées à l'égard de la France qui souffrirait d'une " image traditionelle de pays trop centralisé, nationaliste, bureaucratique, étouffé par l'Etat, accablé par les conflits sociaux.. ", il lui demande les réflexions que lui inspire cette enquête.

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Réponse du ministère : Premier ministre publiée le 03/10/1991

Réponse. - La question posée par l'honorable parlementaire met en évidence un paradoxe : si l'image de la France, telle qu'elle ressort des enquêtes d'opinion auprès des industriels étrangers n'est pas parmi les meilleures (si l'on en croit l'enquête citée), cela n'empêche pas ces chefs d'entreprise d'avoir beaucoup investi en France dans le passé et de continuer à le faire aujourd'hui. La présence étrangère dans l'industrie est, en effet, nettement plus accentuée en France que dans d'autres pays développés. Les statistiques rassemblées par la direction des relations économiques mettent en évidence que les entreprises étrangères contrôlaient, en 1988, 9 p. 100 de l'emploi aux Etats-Unis, 1 p. 100 au Japon, 16 p. 100 en R.F.A., 13 p. 100 au Royaume-Uni et 22 p. 100 en France. Les dernières données, actuellement disponibles, montrent aussi qu'en 1989 la France arrivait au troisième rang mondial comme pays d'accueil, avec un flux d'investissements étrangers de 60,9 milliards de francs (pour la même année, les investissements étrangers étaient respectivement de 460,2 milliards de francs pour les Etats-Unis, 162,4 milliards de francs pour la Grande-Bretagne et 28,3 milliards de francs pour la R.F.A.). Contrairement à une idée reçue, les investissements japonais participent largement à ce mouvement, puisque l'on dénombrait en mars 1990, d'après le C.E.P.I.I., quatre-vingt-dix-neuf implantations manufacturières nippones en France, contre cent quarante en Grande-Bretagne, quatre-vingt-dix-huit en R.F.A., cinquante-cinq en Espagne et trente en Italie, le total C.E.E. s'élevant à cinq cent quarante-quatre. Une explication de cette contradiction entre la réalité des faits et l'image de notre pays telle qu'elle apparaît dans certains sondages est sans doute à trouver dans les limites mêmes de ces enquêtes d'image comme instruments de mesure de la compétitivité ou de l'attractivité réelle d'une économie. Ainsi, par exemple, peut-on relever que l'enquête de la Fondation du World Economic Forum, à laquelle fait référence l'honorable parlementaire, place la France bien loin derrière le Portugal au regard du critère d'internationalité de l'économie, alors que notre pays est le quatrième pays exportateur mondial . De même la Turquie est-elle mieux notée que la France en matière financière par cette enquête, alors que, comme chacun sait, parmi les trente premières banques mondiales, on trouve cinq établissements français, mais aucune banque turque. En fait, cette enquête ne met nullement en exergue des faiblesses réelles de notre économie, mais l'image de notre pays perçue à l'étranger ; ces résultats témoignent de façon caricaturale de la méconnaissance, au-delà de nos frontières, de nos performances et de nos atouts. Les pouvoirs publics se sont préoccupés, depuis plusieurs années, d'analyser les causes de cette situation et d'y apporter les réponses adéquates afin d'améliorer notre compétitivité et notre attractivité. Notre stratégie économique, assise sur la stabilité de notre monnaie et le développement de l'investissement, est ainsi tout entière destinée à renforcer la compétitivité réelle de l'économie française. Le Gouvernement mène en outre une politique active visant à créer les conditions d'un nouvel élan pour l'industrie française, et à renforcer nos entreprises, notamment les P.M.E.-P.M.I. Des décisions ont déjà été prises ; d'autres suivront, le Gouvernement s'est engagé, résolument dans la préparation de l'avenir de notre pays. Ainsi, le ministre délégué à l'industrie et au commerce extérieur vient-il de confier à M. Dominique Taddei, en collaboration avec le professeur Benjamin Coriat, une mission sur les nouvelles armes du défi industriel ; son rapport, prévu pour fin juin 1992, permettra certainement d'accentuer la préparation de notre économie au grand marché unique européen de 1993. S'agissant de l'attrait des investisseurs étrangers, l'allégement de la réglementation intervenue depuis janvier 1990 (notamment la suppression du contrôle préalable pour les investissements communautaires en France) a déjà contribué à modifier certaines pratiques incriminées par nos partenaires et devrait contribuer à modifier progressivement l'image de notre pays. Des efforts ont été entrepris par la D.A.T.A.R. et par la D.R.E.E. pour mieux informer les industriels étrangers sur les possibilités d'investissement existant en France et pour faciliter leurs démarches. Par ailleurs, le commissariat général du Plan a créé un groupe de travail sur la localisation des investissements directs internationaux et l'attractivité de la France, afin de mieux comprendre l'origine des réticences ça et là exprimées et de proposer des actions pour y remédier. Enfin, par circulaire du 11 avril 1991, a été instituée une commission, présidée par le directeur de cabinet du Premier ministre, destinée à coordonner et développer les actions d'information gouvernementale en direction de l'étranger. ; au commerce extérieur vient-il de confier à M. Dominique Taddei, en collaboration avec le professeur Benjamin Coriat, une mission sur les nouvelles armes du défi industriel ; son rapport, prévu pour fin juin 1992, permettra certainement d'accentuer la préparation de notre économie au grand marché unique européen de 1993. S'agissant de l'attrait des investisseurs étrangers, l'allégement de la réglementation intervenue depuis janvier 1990 (notamment la suppression du contrôle préalable pour les investissements communautaires en France) a déjà contribué à modifier certaines pratiques incriminées par nos partenaires et devrait contribuer à modifier progressivement l'image de notre pays. Des efforts ont été entrepris par la D.A.T.A.R. et par la D.R.E.E. pour mieux informer les industriels étrangers sur les possibilités d'investissement existant en France et pour faciliter leurs démarches. Par ailleurs, le commissariat général du Plan a créé un groupe de travail sur la localisation des investissements directs internationaux et l'attractivité de la France, afin de mieux comprendre l'origine des réticences ça et là exprimées et de proposer des actions pour y remédier. Enfin, par circulaire du 11 avril 1991, a été instituée une commission, présidée par le directeur de cabinet du Premier ministre, destinée à coordonner et développer les actions d'information gouvernementale en direction de l'étranger.

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