Question de M. MAURICE-BOKANOWSKI Michel (Hauts-de-Seine - RPR) publiée le 26/05/1988

M. Michel Maurice-Bokanowski attire l'attention de M. le ministre des affaires sociales et de l'emploi sur le nombre inquiétant d'illettrés en France et sur le peu de dispositifs de formation qui leur sont accessibles. Le savoir rudimentaire qu'ils possèdent n'est plus à la hauteur des exigences de la société contemporaine et leur bas niveau de qualification fait qu'ils bénéficient peu des possibilités de formation ouvertes en principe à tous. Le risque est donc qu'une fraction non négligeable de la population (5 millions d'illettrés) soit vouée du fait de son échec scolaire mais aussi du fait de son échec social et professionnel à la marginalisation. En conséquence, il lui demande s'il compte mettre en place des types de formation adaptée spécifiquement aux illettrés qui puisse leur être proposée à chaque moment opportun de leur vie (service militaire, chômage, éducation surveillée, scolarité de leurs propres enfants). Enfin, dans le même ordre d'esprit, il lui demande s'il prévoit de soutenir plus activement les actions nombreuses mais dispersées qui reposent sur le réseau associatif et qui constituent un support de départ non négligeable.

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Transmise au ministère : Travail


Réponse du ministère : Affaires sociales publiée le 14/11/1991

Réponse. - L'honorable parlementaire souligne les difficultés rencontrées par les personnes en situation d'illettrisme pour accéder à des formations. Ainsi il rappelle l'importance de la maîtrise des connaissances de base pour une insertion sociale et professionnelle durable. C'est la mesure de cette réalité qui a conduit le groupe permanent de lutte contre l'illettrisme à rechercher, avec les administrations concernées - particulièrement celles de l'emploi et de la formation professionnelle -, l'amélioration de l'accessibilité des dispositifs de formation destinés aux jeunes et aux adultes. Il s'agissait en priorité d'introduire dans les dispositifs de formation de droit commun les souplesses nécessaires, afin que les spécificités des publics en situation d'illettrisme ne les tiennent pas à l'écart des possibilités de formation. Dans ce domaine, une vigilance particulière s'impose, les efforts de formation semblant trop souvent plus profitables aux publics moins éloignés de la qualification et de l'accès à l'emploi : l'attention portée aux différents dispositifs est toujours à renouveler. Parallèlement, des financements ont été dégagés au titre du programme national de lutte contre l'illetrisme, inscrit sur le fonds de la formation professionnelle et de la formation sociale (46 millions de francs réservés à la lutte contre l'illetrisme sur les crédits du F.F.P.P.S. pour chacune des années 1990 et 1991). Certains de ces financements s'inscrivent dans un programme " Proposer des parcours de formation " (en fonctionnement, 25 millions de francs en 1990, 24 millions de francs en 1991). Ils sont utilisés en particulier dans le cadre des dispositifs de droit commun déjà évoqués, notamment du C.F.I., pour répondre à d'éventuels surcoûts liés au besoin de diversifier les supports de formation, de renforcer le suivi pédagogique ou de recourir à l'appui d'intervenants spécialisés. Ils permettent aussi la mise en place d'actions au bénéfice des publics ne pouvant momentanément par recourir aux dispositifs de droit commun, et pourtant désireux de s'inscrire dans des dynamiques locales de formation (par exemple, à l'occasion des activités périscolaires de leurs enfants). Y sont inclus des programmes mis en oeuvre, en collaboration avec le G.P.L.I., avec le ministère de la justice (direction de la protection judiciaire de la jeunesse et direction de l'administration pénitentiaire) et avec le ministère de la défense. Dans ce domaine, l'opération Défense-Lecture, qui a bénéficié à 10 000 appelés en 1990 et à un effectif porté à 15 000 en 1991, apparaît particulièrement démonstrative de la volonté de s'appuyer sur chaque moment opportun de la vie pour proposer une nouvelle démarche de formation. L'honorable parlementaire évoque par ailleurs la richesse des actions menées par le tissu associatif. Elles prennent tout leur sens lorsqu'on mesure combien un accompagnement personnalisé et durable est nécessaire pour fortifier la démarche des publics en situation d'illetrisme. Ces acteurs locaux interviennent dans des domaines divers : accompagnent de l'enfance dans le cadre périscolaire, solidarités locales et réseaux d'échanges de savoirs, formation - une étude portant sur la situation en 1988 indiquait que 74 p. 100 des organismes intervenant dans ce secteur de formation étaient associatifs. La nature de ces acteurs implique que soit développée à leur service une capacité d'appui, en terme de conseil technique et pédagogique, d'outils pédagogiques adaptés, de documentation. Il s'agit également de porter une particulière attention aux propositions de formation auxquelles les intervenants de ces secteurs doivent pouvoir accéder, notamment à partir des programmes régionaux de formation de formateurs. Le G.P.L.I. a contribué à cet objectif en y consacrant l'un de ses programmes (8,5 millions de francs en 1990, 6 millions en 1991). ; attention aux propositions de formation auxquelles les intervenants de ces secteurs doivent pouvoir accéder, notamment à partir des programmes régionaux de formation de formateurs. Le G.P.L.I. a contribué à cet objectif en y consacrant l'un de ses programmes (8,5 millions de francs en 1990, 6 millions en 1991).

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