M. Jean-Marie Bockel, Président du groupe interparlementaire d’amitié France-Pays baltes, a reçu pour un déjeuner de travail S.E. Mme Sanita Pavluta-Deslandes, Ambassadeur de Lettonie en France. MM. Alain Gournac, Vice-président, Philippe Adnot, Secrétaire et Christian Manable, sénateurs, ont participé à cette rencontre.

Le Président a présenté le groupe d’amitié et ses membres. Mme l’Ambassadeur et M. Jean-Marie Bockel ont souligné le dynamisme de la relation franco-lettone, qui se traduit notamment par la participation française à la mission de police de l’air au profit des pays baltes, ainsi que par de nombreuses rencontres, en particulier dans le cadre du semestre de présidence lettone du Conseil de l’Union européenne (1er janvier-30 juin 2015).

A la demande du Président, Mme Pavluta-Deslandes a exposé les enjeux du sommet du Partenariat oriental, qui se tient à Riga les 21 et 22 mai. Trois des six États concernés – Géorgie, Moldavie et Ukraine – ont déjà conclu un accord d’association. Pour des raisons différentes, l’Arménie, l’Azerbaïdjan et la Biélorussie ne souhaitent pas accepter la proposition qui leur est faite par l’Union européenne ; celle-ci doit donc diversifier son offre à leur intention. Par ailleurs, il est important de souligner qu’il ne s’agit pas d’une politique menée contre un État et qu’il est tout à fait possible de se rapprocher de l’Union tout en conservant des liens – notamment commerciaux – avec la Russie. M. Manable a observé que l’attitude de la Lettonie par rapport à Moscou relevait elle-même largement de la realpolitik.

Interrogée par les Sénateurs sur ce point, l’Ambassadrice a rappelé que la Lettonie était un pays multi-ethnique au moins depuis le XIIIème siècle. Les russophones, présents depuis plusieurs siècles dans le pays, constituent aujourd’hui environ 30 % de la population. Un nouveau statut a été créé en 1995, indépendamment de toute ethnicité, celui de « non citoyen » : les non citoyens sont bien des ressortissants lettons, mais ils ne sont ni électeurs ni éligibles, et ne peuvent occuper des postes dans la fonction publique régalienne. Ils peuvent être naturalisés et leur part dans la population, initialement de 30 %, n’est aujourd’hui plus que de 13 %. La Lettonie vise une intégration notamment linguistique, aucunement une assimilation ou une « lettonisation ». Le système éducatif national finance d’ailleurs un enseignement dans les langues minoritaires ou – de plus en plus – bilingue.

En réponse à une question de M. Gournac, Mme Pavluta-Deslandes a insisté sur la présence des médias russes en Lettonie. Les chaînes de télévision russes, dotées de moyens largement supérieurs aux chaînes lettones, sont regardées par une grande partie de la population car jugées plus intéressantes. Néanmoins, en dépit du fait que les actualités russes reflètent le point de vue de Moscou, les différents groupes ethniques composant la société lettone présentent la même loyauté vis-à-vis de Riga. L’Ambassadrice a tenu à souligner que l’influence russe n’était pas uniquement médiatique et utilisait également les langues anglaise, française, etc.

A la demande de M. Adnot, elle a aussi rappelé les étapes de la crise économique traversée par la Lettonie. Après une croissance très rapide et déséquilibrée dans les années 2000, le pays a perdu un quart de son produit intérieur brut (PIB) entre 2008 et 2010. N’ayant pas accès aux marchés et ne pouvant pas utiliser l’outil de la dévaluation externe, le pays a procédé à une dévaluation interne (baisse des salaires, coûts et dépenses). La population a soutenu ces mesures drastiques, réélisant par exemple deux fois le Premier ministre qui les a mises en œuvre. Le PIB, le revenu par habitant, la production et les exportations dépassent aujourd’hui largement leur niveau d’avant-crise. Le pays dispose principalement de trois ressources : une main d’œuvre formée, le bois et la mer. Le secteur tertiaire représente 70 % de l’économie lettone, dominé par la logistique, les transports et les technologies de l’information. Les activités industrielles sont principalement liées à la chimie et à la pharmacie, la transformation du bois et la construction mécanique.

En conclusion, le Président a rappelé le souhait des membres du groupe d’amitié de développer les échanges avec les parlementaires lettons, et plus généralement les responsables politiques lettons de passage à Paris.

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