Mardi 24 janvier 2023, Mmes Maryse CARRÈRE (Rassemblement démocratique et social européen – Hautes-Pyrénées), présidente du groupe d’amitié France-Pays Andins, Patricia SCHILLINGER (Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants – Haut-Rhin), présidente déléguée pour le Pérou, et MM. Joël BIGOT (Socialiste, écologiste et Républicain – Maine-et-Loire), Laurent BURGOA (Les Républicains – Gard), Michel CANévet (Union Centriste – Finistère), Fabien GENET (App. LR– Saône-et-Loire) et Daniel LAURENT (LR – Charente-Maritime) ont reçu au Sénat S.E. M. Rolando RUIZ ROSAS, ambassadeur du Pérou en France.

Cet entretien a permis d’évoquer la crise politique, institutionnelle et sociale qui s’est installée au Pérou depuis la destitution par le Congrès, le 7 décembre dernier, de l’ancien Président de la République, Pedro Castillo. Ce dernier avait déclaré, au cours d’un bref message à la Nation, la dissolution de l’unique chambre parlementaire et l’instauration d’un gouvernement d’exception. Cette manœuvre a été interprétée comme une tentative de coup d’État par le Congrès, qui a refusé sa dissolution et déclaré « l’incapacité morale permanente » du Président. La Vice-présidente, Mme Dina Boluarte, a été appelée à prêter serment pour remplacer M. Pedro Castillo, placé en détention provisoire pour « rébellion et conspiration ». Rapidement, des manifestations appelant à la libération de M. Pedro Castillo, à la dissolution du Congrès, à la démission de Mme Dina Boluarte et à l’organisation immédiate d’élections générales se sont propagées à travers le pays, notamment dans les régions montagnardes et pauvres du sud andin. Plus de quarante personnes ont trouvé la mort, et plus de 600 autres ont été blessées. Plusieurs voix ont attribué ces décès à la répression des manifestations par les forces de l’ordre, dans le contexte d’État d’urgence proclamé par la nouvelle Présidente, Dina Boluarte.

Revenant sur ces événements, S.E. M. Rolando RUIZ ROSAS a précisé que l’ensemble des institutions péruviennes avait unanimement qualifié de « coup d’État » la manœuvre de M. Pedro Castillo et que la prise de fonction de Mme Dina Boluarte avait respecté les termes de la Constitution. L’ambassadeur a ensuite précisé que le gouvernement de la présidente Boluarte avait un caractère transitoire, la cheffe d’État ayant proposé d’avancer à 2024 l’organisation des élections générales. Par ailleurs, l’ambassadeur a évoqué les rapports difficiles entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif, notamment au cours des cinq dernières années, expliquant que les gouvernements successifs ne pouvaient compter sur une majorité au sein du Congrès.

Évoquant des actes de violence commis dans le but délibéré de viser l’État (attaques contre des aéroports, des postes de police, des bureaux du ministère public et de l’autorité judiciaire...), S.E. M. Rolando RUIZ ROSAS a souligné que le Pérou était attaché à la défense de la démocratie et à la promotion et à la protection des droits de l'homme. Il a, enfin, précisé que les autorités péruviennes menaient des investigations dans les différentes régions où les protestations se sont développées et que le Gouvernement avait invité la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) ainsi que le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme à effectuer les visites qu’ils estimeraient nécessaires pour établir la réalité des faits.

Les membres du groupe d’amitié ont appelé de leurs vœux un retour rapide au calme et l’instauration d’un dialogue entre les différentes parties prenantes, pour permettre une sortie de crise pacifiée.

Compte-tenu de l’instabilité politique chronique au Pérou, ils se sont interrogés sur la nécessité d’une révision constitutionnelle visant à rationaliser les rapports de force entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif, et sur l’opportunité de rétablir un Sénat péruvien.

Le manque de représentativité des élus, notamment à l’égard des populations les plus défavorisées, a également été évoqué, les membres du groupe d’amitié soulignant que la fracture sociale entre Lima et les régions andines plus reculées ne pouvait qu’exacerber les tensions.

Enfin, les répercussions économiques de la crise ont été évoquées, dans un pays déjà durement frappé par la pandémie de Covid-19 et la hausse des prix liée à la guerre en Ukraine.

 

De gauche à droite : M. Fabien Genet, Mme Maryse Carrère, S.E. Rolando Ruiz Rosas, Mme Patricia Schillinger et M. Joël Bigot.

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