Le groupe interparlementaire France-Balkans occidentaux, présidé par M. Dominique de Legge, a reçu, le 9 novembre 2017, Mme Natasa Vuckovic, députée, Secrétaire générale de la Fondation du Centre pour la démocratie, Mme Jadranka Jelincic, directrice de la Fondation pour une société ouverte, M. Vladimir Medjak, membre du bureau exécutif du Mouvement européen en Serbie et M. Natan Albahari, responsable de programme auprès du Centre pour les affaires internationales et de sécurité. M. Jean-Yves Leconte, président délégué pour la Serbie, Mmes Colette Mélot et Corinne Féret, sénatrices, ont participé à cet entretien.

La délégation serbe avait fixé deux objectifs à sa visite : d’une part, transmettre à la France le souhait de la société civile serbe de voir Paris s’engager de manière plus forte et plus visible dans le processus d’adhésion de la Serbie à l’Union européenne (UE) ; d’autre part, faire état de la situation actuelle dans le pays et dans la région.

Les échanges ont longuement porté sur les perspectives européennes de la Serbie et, plus généralement, des États des Balkans occidentaux. Mme Vuckovic a indiqué que le processus d’intégration de la Serbie, véritable « machine de transformation de la société », semblait ralentir. Or la population risquerait de ne plus accepter les efforts qui lui sont demandés – notamment en ce qui concerne la libéralisation du marché – sans être certaine d’obtenir l’adhésion en contrepartie. Cependant, l’ensemble des participants ont estimé qu’il ne faudrait pas non plus que les partenaires européens, cherchant à assurer la stabilité dans la région, acceptent d’accueillir un pays dans lequel les valeurs démocratiques, l’État de droit et les droits de l’homme ne seraient pas pleinement enracinés. Le processus doit donc trouver un équilibre entre stabilité et démocratie, et le gouvernement serbe rendu responsable de son progrès.

Concernant la situation politique locale, Mme Vuckovic a évoqué l’appel du Président de la République serbe à un « dialogue interne » : il a invité les partis politiques et les acteurs de la société civile à prendre part à des réflexions portant d’une part sur une possible révision constitutionnelle, qui viserait notamment à renforcer l’indépendance du système judiciaire, et d’autre part sur la question du Kosovo. D’après la députée, les contours et conditions de ce dialogue seraient encore à préciser.

Les intervenants serbes ont appelé de leurs vœux un retour de la France en Serbie, aux côtés de l’Allemagne et de l’Autriche, déjà très présentes, et de la Slovénie, forte d’une bonne connaissance de ce qui a trait aux autres anciens pays de la Yougoslavie. La France et la Serbie sont liées par une relation ancienne, remise en lumière par les commémorations autour de la Grande guerre. La France aurait aujourd’hui un rôle à jouer dans les domaines économique et culturel, mais surtout au plan politique, pour défendre les principes qui lui sont chers, tels que l’État de droit, les libertés publiques, etc. Si l’UE devait décevoir la population serbe, d’autres acteurs, notamment étrangers, pourraient accroître leur influence.

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