Réuni le mercredi 25 janvier 2023, sous la présidence de M. André REICHARDT (Les Républicains – Bas-Rhin), président, le groupe d’amitié France – Afrique de l’Ouest s’est entretenu, par visioconférence, avec M. Jules-Armand ANIAMBOSSOU, Ambassadeur de France au Ghana.

Ont également participé à la réunion : MM. Bruno BELIN (Les Républicains – Vienne), président délégué pour le Burkina Faso, Jean-François LONGEOT (Union centriste – Doubs), président délégué pour le Libéria, Olivier CIGOLOTTI (Union centriste – Haute-Loire), vice-président, et Jean-Baptiste LEMOYNE (Rassemblement des Démocrates, Progressistes et Indépendants – Yonne).

M. Jules-Armand ANIAMBOSSOU a indiqué que le Ghana, pays anglophone entouré de pays francophones, comptait 31 millions d’habitants. La population, urbaine à 58 %, est très jeune, éduquée, urbaine et connectée – 37 % des Ghanéens ont moins de 15 ans, et 57 % moins ans de 25 – et éduquée – 79 % des adultes sont alphabétisés, ce qui est peu commun en Afrique. Il possède également le taux de pauvreté, soit 1,9 dollar par jour, le plus faible de la région, à 13 % de la population. Mais le pays n’occupe que le 133e rang, sur 191, pour ce qui concerne l’indice de développement humain. Le produit intérieur brut (PIB) s’élève, en 2020, à 76,3 milliards de dollars (70,6 milliards d’euros), soit 2 520 dollars (2 309 euros) par habitant. Le Ghana est un partenaire régional impliqué et qui s’affirme sur la scène international. Il est actuellement membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, et Accra accueil le siège de la Zone de libre échange du continent africain.

L’Ambassadeur a mis en avant deux points d’attention :

- le Ghana est un pays stable dans une région en crise où les espaces démocratiques régressent; il a connu trois alternances politiques pacifiques depuis le vote de la Constitution de 1992, à laquelle les Ghanéens sont très attachés ;

- ce modèle, peu répandu en Afrique, est lié en grande partie à la situation économique florissante des dernières années. Le Ghana est la deuxième économie d’Afrique de l’Ouest, après le Nigéria et avant la Côte d’Ivoire. Or, cette dynamique, portée par une croissance très largement exposée aux facteurs extérieurs –les bonnes performances économiques étant essentiellement dues à l’activité dans le secteur des matières premières-, est sérieusement freinée depuis 2022, avec l’apparition d’une crise économique et financière marquée par un taux d’inflation de 54 %, le recul de la consommation, la dépréciation de la monnaie nationale et la forte augmentation du ratio de dette publique/PIB qui est passé de 62,8 % en 2019 à 80 % fin 2021, et estimé à 104 % fin 2022 selon la Banque mondiale. En l’absence de mesures de redressement efficaces, la dette publique ne serait plus soutenable.

L’Ambassadeur a indiqué que le Président AKUFO-ADDO avait fait campagne sur le refus de la dépendance vis-à-vis de l’aide internationale « Ghana Beyond Aid », mais que la situation nouvelle, marquée par la  dégradation des finances publiques, l’insoutenabilité de la dette, la dépréciation du Cedi et une inflation galopante, a contraint le Ghana de faire appel au Fonds monétaire international (FMI) en septembre dernier. Le 17e plan de soutien du FMI depuis l’indépendance du Ghana en 1957 a été négocié en décembre. Ce plan prévoit une facilité élargie de crédit de trois milliards de dollars sur trois ans, ainsi qu’un certain nombre de réformes telles que le resserrement de la politique monétaire pour réduire l’inflation, la rigueur budgétaire et la consolidation fiscale – le taux de prélèvements obligatoires ne s’élève qu’à 12 % ou 13 % du PIB, soit en-deçà de la moyenne africaine. La restructuration de la dette publique sera indispensable. C’est la première fois que le soutien international est attendu avec une telle acuité au Ghana.

M. Jules-Armand ANIAMBOSSOU a estimé que, sur le plan sécuritaire, la menace terroriste se rapproche : la probabilité d’occurrence d’une première attaque djihadiste n’est pas nulle aux dires mêmes des autorités locales sans que celles-ci puissent prévoir quand, en particulier dans le Nord du pays qui est exposé aux incursions de groupes terroristes. Les autorités ghanéennes ont pris conscience de ce défi et ont installé plusieurs postes de contrôle aux frontières avec le Burkina Faso. Dans le cadre de l’Initiative d’Accra contre le terrorisme, prise par le Président AKUFO-ADDO, une opération conjointe entre les pays partenaires est envisagée. Fin novembre 2022, un Sommet s’est tenu à Accra avec les différents pays parties prenantes de l’Initiative d’Accra, en présence du Président du Conseil européen, Charles MICHEL, et a réaffirmé l’urgence à mobiliser des troupes africaines contre la menace terroriste ; à date, cette ambition reste à concrétiser.

L’Ambassadeur a ensuite abordé la présence française au Ghana. La relation bilatérale est très bonne, et la France a gagné en visibilité ces dernières années pour jouir d’une image positive aux yeux des Ghanéens. La France partage avec le Ghana des vues convergentes sur les questions de sécurité internationale et régionale comme sur les enjeux globaux. Le Ghana a condamné à l’ONU l’agression russe de l’Ukraine.

Le Président AKUFO-ADDO est francophone et francophile ; le président du Ghana est très attaché à l’enseignement du français et affiche une volonté politique forte pour son enseignement comme langue d’éducation, de communication et langue professionnelle pour faciliter les échanges avec l’espace francophone. Le Ghana souhaite désormais être membre de plein droit de l’Organisation internationale de la Francophonie.

Le Ghana est un pays d’opportunités économiques où les relations commerciales entre nos deux pays ont un fort potentiel de développement. Parmi les points forts du Ghana, l’Ambassadeur a rappelé ses ressources minières, pétrolières et agricoles importantes, sa démocratie installée et sa stabilité politique, le grand développement de la téléphonie mobile, les progrès de la numérisation et le niveau d’éducation de sa population. Il a précisé que le Ghana est la 7destination des investissements directs étrangers français (stock de 2 milliards d’euros), et la 14è destination des exportations françaises en Afrique subsaharienne. 70 entreprises françaises ou filiales sont établies au Ghana, ont contribué à la création de plus de 20 000 emplois ghanéens et font appel à de nombreux sous-traitants ghanéens ; plus de 60 000 fournisseurs ghanéens travaillent aux côtés des entreprises françaises.

Jules-Armand ANIAMBOSSOU a indiqué que le Ghana développe également des relations avec d’autres pays, les États-Unis, le Royaume-Uni, la Chine, l’Allemagne notamment.

En réponse à une question de M. André REICHARDT, président, sur la coopération décentralisée, M. Jules-Armand ANIAMBOSSOU a indiqué que les villes de Paris et d’Accra avaient conclu un partenariat en 2019 pour mener un projet de renforcement des compétences d’Accra en matière de gestion des déchets urbains, qui a donné lieu à des échange de missions à Paris et à Accra. Le poste envisage d’explorer d’autres coopérations entre les deux capitales dans les secteurs du sport ou de la culture. Strasbourg et Accra devraient également intensifier, en 2023 et 2024, leurs échanges puisqu’Accra est la capitale mondiale du livre de l’UNESCO 2023 et que Strasbourg lui succèdera en 2024. La ville de Strasbourg s’est par ailleurs proposée d’accueillir les athlètes Ghanéens pour les Jeux olympiques de Paris, en 2024, plusieurs semaines avant les Jeux.

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