Réuni le mardi 25 octobre 2022, sous la présidence de M. André REICHARDT (Les Républicains – Bas-Rhin), président, le groupe d’amitié France – Afrique de l’Ouest s’est entretenu avec S.E. M. Jeannot AHOUSSOU-KOUADIO, Président du Sénat de Côte d’Ivoire, et sa délégation, composée de Mme Fadika SARRA SAKO, Vice-Présidente en charge des affaires parlementaires, M. Augustin SILUE, Vice-Président en charge des collectivités territoriales, Mmes Chantal FANNY, Vice-Présidente en charge de la coopération internationale et des Ivoiriens établis hors de Côte d’Ivoire, et Catherine DELON, Questeur, MM. Alain COCAUTHREY, Président du groupe Parti Démocratique de Côte d’Ivoire-Rassemblement Démocratique Africain et président du groupe d’amitié Côte d’Ivoire-France, et Édouard DJOUHA, Président du groupe Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix, Mmes Viviane AMBLARD, Sénatrice, et Sylvia DA SILVA-ANOMA, Sénatrice, MM. Samassi TOURE, Secrétaire général-adjoint, et Michel KOFFI, Chef de cabinet de M. le Président, Mme Anne-Laure ASSA, Conseillère technique au cabinet de M. le Président, et M. Anthelm ANGUI, chargé d’affaires a.i., à l’occasion de l’audience accordée, la veille, par le Président Gérard LARCHER, à S.E. M. Jeannot AHOUSSOU-KOUADIO, Président du Sénat ivoirien.

Ont également participé à la réunion : M. François BONNEAU (Union centriste – Charente), président délégué pour le Niger, Mmes Hélène CONWAY-MOURET (Socialiste, Écologiste et Républicain – Français établis hors de France), présidente déléguée pour le Bénin, et Joëlle GARRIAUD-MAYLAM (LR – Français établis hors de France), présidente déléguée pour le Sénégal, M. Patrice JOLY (SER – Nièvre), président délégué pour la Sierra Leone, Mme Nathalie GOULET (UC – Orne), vice-présidente, et MM. Lucien STANZIONE (SER – Vaucluse), secrétaire, et Stéphane DEMILLY (UC – Somme).

Cette réunion, la première commune aux deux groupes d’amitié, a été l’occasion pour S.E. M. Jeannot AHOUSSOU-KOUADIO, Président du Sénat de Côte d’Ivoire, de saluer l’excellence des relations entre les deux Chambres hautes, entamées dès le choix effectué par la Côte d’Ivoire, dans sa Constitution de 2016, d’instaurer le bicamérisme. Aussi le Président AHOUSSOU-KOUADIO a-t-il exprimé sa gratitude au Président Gérard LARCHER et au Sénat français pour leur soutien et pour le salut de sa délégation en séance publique, qui a été l’occasion de souligner le rôle stabilisateur du Président Alassane OUATTARA.

Les deux groupes d’amitié ont évoqué les crises affectant l’Afrique de l’Ouest comme les coups d’État intervenus dans plusieurs pays voisins de la Côte d’Ivoire, qui apparaissent souvent comme les contrecoups du terrorisme, mais qui ont aussi des conséquences dramatiques telles qu’une déscolarisation massive.

S.E.M AHOUSSOU-KOUADIO signe le livre d'or

Le Président AHOUSSOU-KOUADIO a rappelé l’importance des liens entre son pays et la France, qui ont été tissés par Félix HOUPHOUËT-BOIGNY et le Général DE GAULLE, et que le Président OUATTARA est très soucieux de préserver, avec l’objectif d’une coopération « gagnant-gagnant ». Cette coopération concerne des domaines nombreux et importants tels que la défense et la lutte contre le terrorisme, phénomène constituant un défi pour la Côte d’Ivoire, qui vient d’instituer un tribunal spécialisé. Elle peut aussi avoir des conséquences sur la dynamique économique et commerciale entre les deux pays. La Côte d’Ivoire, qui représente 40 % du PIB de la zone et en constitue le moteur économique, ambitionne de devenir un hub portuaire et aéroportuaire. La présence économique française y est importante : plus de 2 milliards d’euros d’investissements directs, plus de 250 filiales d’entreprises françaises et 600 entreprises de droit ivoirien créées et dirigées par des Français. Les entreprises françaises sont également très impliquées dans le projet de métro d’Abidjan. La coopération franco-ivoirienne s’épanouit également en matière d’éducation et d’enseignement supérieur, la France accueillant plus de 10 000 étudiants ivoiriens, dont 30 à HEC et 17 à Polytechnique. Cette politique est très favorable au partage de valeurs communes, de même que la Francophonie – la Côte d’Ivoire a présidé l’Assemblée parlementaire de la Francophonie cette année. La langue française est un facteur d’unité dans un pays qui compte une soixantaine d’ethnies. Les écoles francophones, ouvertes dans l’ensemble du pays dès les années 1960 à l’initiative du Président HOUPHOUËT-BOIGNY, ont joué un rôle important dans la généralisation de l’usage de la langue française.

S.E. M. Jeannot AHOUSSOU-KOUADIO, Président du Sénat de Côte d’Ivoire, a ensuite présenté le processus de décentralisation dans son pays, qui compte désormais 201 communes, 31 régions et 14 districts autonomes mis en place pour gérer les grands projets de développement de l’État. La mise en place du Sénat, qui assure la représentation des collectivités territoriales ivoiriennes, vient parachever ce processus au plan institutionnel.

Les deux délégations ont ensuite évoqué de nombreux sujets tels que le rôle de l’Agence française de développement (AFD) en Côte d’Ivoire, la coopération décentralisée, les influences étrangères dans le pays, la façon dont la fin du franc CFA est perçue et vécue, la place des services de renseignement dans la lutte contre l’islam radical, la crise alimentaire ou encore la réalité du sentiment antifrançais.

Le Président AHOUSSOU-KOUADIO a estimé que le franc CFA, qui est arrimé à l’euro, a un rôle stabilisateur. Les performances économiques comparées de la Côte d’Ivoire et de pays africains hors zone franc CFA le démontrent. La coopération entre les services de renseignement ivoiriens et français est bonne et utile à la lutte contre le djihadisme, qui touche le nord du pays. Si le sentiment antifrançais a pu, dans le passé, être instrumentalisé à des fins de politique intérieure et trouver un écho auprès de certaines parties de la population, en particulier à Abidjan, il est moins perceptible depuis une dizaine d’années sur l’ensemble du territoire ivoirien. La Côte d’Ivoire développe une politique agricole hardie en vue d’atteindre l’autosuffisance alimentaire les toutes prochaines années. Pour l’heure, elle ne souffre pas de pénuries alimentaires liées à la guerre en Ukraine. Les Chinois sont nombreux en Côte d’Ivoire et y développent des projets principalement économiques. Chaque collectivité ivoirienne importante devrait être liée par un projet de coopération décentralisée à une collectivité française équivalente, et l’AFD devrait davantage mettre en cohérence ses projets avec ceux relevant de la coopération décentralisée. En Côte d’Ivoire, les djihadistes poursuivent l’objectif d’atteindre la mer ; la coopération franco-ivoirienne doit les en empêcher.

Les Sénateurs ivoiriens et français ont conclu leur entretien sur un appel à renforcer la coopération entre les deux groupes d’amitié.

M. André REICHART et la délégation ivoirienne

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