Le 30 janvier 2020, le groupe d’amitié France-Vanuatu-Iles du Pacifique, présidé par Mme Catherine Procaccia (Les Républicains-Val-de-Marne), a reçu M. Pierre Fournier, ambassadeur de France au Vanuatu, accompagné de Mme Marie-Pierre Giron, chef de la mission d’Océanie au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Mmes Catherine Deroche (Les Républicains-Maine-et-Loire), vice-présidente, Vivette Lopez (Les Républicains-Gard), secrétaire, MM. Gérard Poadja (Union centriste-Nouvelle-Calédonie), président délégué pour la Papouasie-Nouvelle-Guinée, Robert Laufoaulu (Les Républicains-Wallis-et-Futuna), président délégué pour les îles Fidji, et Bruno Sido (Les Républicains-Haute-Marne), membre, ont également participé à cette réunion.

Mme Catherine Procaccia a présenté le parcours de M. Pierre Fournier, qui a occupé différents postes en Asie avant d’être nommé ambassadeur au Vanuatu en octobre 2019.

Les priorités de l’ambassade

M. Pierre Fournier a indiqué avoir élaboré un plan d’action qu’il va présenter au Quai d’Orsay afin que le ministère rende ses arbitrages. Ce plan a été conçu après avoir procédé à une évaluation de la situation locale et régionale.

L’ambassade va travailler autour de trois axes prioritaires : le renforcement de la présence économique française en misant sur la connectivité entre les îles, ce qui passe notamment par le développement d’aéroports secondaires ; la défense du bilinguisme, avec un projet d’université bilingue ; enfin, l’adaptation au changement climatique.

Environ deux mille Français, dont une moitié de binationaux, vivent au Vanuatu. Le lycée français de Port-Vila compte 600 élèves, dont la moitié est titulaire d’une bourse. Environ 13 000 Français se rendent chaque année au Vanuatu, en provenance de Nouvelle-Calédonie pour la majorité d’entre eux. Si 30 % de la population du Vanuatu est francophone, cette part tend à s’éroder.

La situation économique

M. Pierre Fournier a rappelé que le Vanuatu a vu sa dette publique passer de 140 à 350 millions d’euros, ce qui correspond à 43 % de son PIB, à la suite du passage du cyclone Pam. Cette dette est détenue à hauteur de 42 % par des investisseurs chinois. En raison de ce niveau d’endettement, l’Agence française de développement (AFD) s’est désengagée : elle intervient désormais uniquement par l’intermédiaire de Facilités de financement des collectivités territoriales françaises (Ficol), qui permettent d’accompagner des projets de développement financés pour l’essentiel par la Nouvelle-Calédonie. L’Union européenne finance principalement des projets dans le domaine agricole, par l’intermédiaire du Fonds européen de développement (FED).

L’économie du pays repose en grande partie sur l’exploitation de ressources naturelles (coprah, vanille, cacao) et sur le développement du tourisme. Les projets de développement de l’élevage bovin se heurtent à des problèmes fonciers : les terres appartiennent à des communautés coutumières qui s’en disputent souvent la propriété. Situé dans une zone sismique, le pays est en outre très exposé aux risques naturels. Dans ce contexte, les échanges commerciaux avec la France demeurent modestes, de l’ordre de 6 millions d’euros avec la métropole et de 4,5 millions d’euros avec la Nouvelle-Calédonie.

Le contexte politique

M. Pierre Fournier a souligné que des élections législatives vont avoir lieu en mars 2020. En raison de la fragmentation du paysage politique, le Premier ministre sortant, M. Charlot Salwai Tabimasmas, est le premier chef de gouvernement à être parvenu, depuis l’indépendance, à rester à son poste pendant toute la durée d’une législature.
Le Vanuatu est un acteur important dans la région Pacifique sur le plan diplomatique. Il est à l’origine de la création du groupe Fer de lance – qui soutient le Front de libération nationale  kanak et socialiste (FLNKS) en Nouvelle-Calédonie – et va en assumer la présidence pendant les deux années qui viennent. Il est un membre actif du Forum des îles du Pacifique (FIP) et est impliqué, au sein des Nations-Unies, sur les dossiers qui touchent à l’achèvement de la décolonisation.

Pour un renouveau de la relation bilatérale

M. Gérard Poadja a regretté que la France tende à se désengager de la région Pacifique, créant ainsi un vide stratégique que d’autres puissance n’hésiteront pas à combler. Les forces armées françaises disposent d’équipements vieillissants, ce qui nuit à leurs capacités d’action.

M. Paul Fournier a admis que la volonté de resserrer les liens entre la Nouvelle-Calédonie et les pays de la région avait pu donner l’impression que la France était moins présente. Il serait souhaitable d’organiser des visites officielles au plus haut niveau : le Premier ministre du Vanuatu pourrait par exemple être reçu à Paris dans le cadre d’une tournée européenne.

M. Robert Laufoaulu a demandé quelles initiatives pouvaient être prises pour tenter de résoudre les contentieux territoriaux entre la France et le Vanuatu.

M. Paul Fournier a estimé que la France devrait se montrer ouverte au dialogue sur ces dossiers qui portent, d’une part, sur les îles Matthew et Hunter, rattachées à la Nouvelle-Calédonie, et d’autre part, sur l’espace maritime autour des récifs Pétrie et Astrolabe. La souveraineté sur les îles Matthew et Hunter permet à la France de contrôler une vaste étendue maritime, correspondant à 14 % de la zone économique exclusive de la Nouvelle-Calédonie, dans laquelle la pêche au thon est une activité importante.

Mme Marie-Pierre Giron a souligné que la stratégie indopacifique définie par le président de la République fournissait un cadre adapté pour une relance des relations avec les États du Pacifique. La France souhaite éviter que la Chine n’apparaisse comme l’unique bailleur de fonds aux yeux de ces États. L’action de l’ambassade a longtemps été centrée sur le soutien à l’intégration régionale des collectivités du Pacifique, qui est indispensable, mais qui a pu nuire à la qualité de la relation bilatérale.

Mme Catherine Procaccia a enfin évoqué la perspective du déplacement au Vanuatu d’une délégation du groupe d’amitié au cours de l’année 2020. Cette visite pourrait avoir lieu autour du 14 juillet, soit peu de temps avant les célébrations qui vont marquer le quarantième anniversaire de l’indépendance du pays.


 
M. Pierre Fournier a présenté aux membres du groupe d’amitié les priorités de son action

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