De gauche à droite : M. Victorin LUREL, président du groupe France-Pays du Cône Sud, M. Octavio Ferreira GINI, chargé d’affaires ad interim de l’Ambassade du Paraguay à Paris et Mme Nadège HAVET, présidente déléguée pour le Paraguay au sein du groupe France-Pays du Cône Sud

M. Victorin LUREL (SER-Guadeloupe), président du groupe d’amitié France-Pays du Cône Sud, et Mme Nadège HAVET (RDPI-Finistère), présidente déléguée pour le Paraguay, se sont entretenus avec le chargé d’affaires ad interim de l’Ambassade du Paraguay à Paris, M. Octavio FERREIRA GINI.

Mme HAVET s’est réjouie de l’intensité des échanges entre le groupe d’amitié et ses interlocuteurs, ce nouveau rendez-vous constituant l’occasion de s’imprégner de l’actualité paraguayenne dans la perspective d’un potentiel déplacement d’une délégation du groupe dans ce pays en 2022.

À titre liminaire, M. FERREIRA GINI a informé les sénateurs de la nomination d’un nouvel ambassadeur- de la République du Paraguay en France dans les prochaines semaines.

Il a ensuite évoqué la gestion de la pandémie de COVID-19 au Paraguay. Le pays a démontré sa résilience et son sens de l’anticipation en fermant initialement ses frontières. Au jour de l’entretien, le pays est confronté à un problème quant à la vaccination, seulement un tiers des habitants ayant reçu les deux doses de vaccin, malgré une faible résistance. Selon M. FERREIRA GINI, cela est dû au fait que le Paraguay a en grande partie misé sur l’initiative COVAX pour sa stratégie de vaccination, qui s’est révélée être un échec. Le Paraguay, manquant de vaccins disponibles, a donc dû s’approvisionner auprès de pays amis, comme le Chili, le Mexique ou la Russie.

Concernant la situation politique du Paraguay, M. FERREIRA GINI constate, comme dans beaucoup de pays dans le monde, une perte relative de confiance des administrés envers la classe politique, à cause de manquements dans l’offre de services publics, notamment s’agissant de la protection sociale. Celle-ci est souvent assurée par des acteurs privés sur le modèle étatsunien, le régime de retraite et de sécurité sociale incluant les accidents de travail n’étant pas suffisamment abouti. L’omniprésence du secteur informel dans l’économie paraguayenne accentue ces manquements. Néanmoins, lors de la pandémie, le gouvernement a mis en place un mécanisme d’assistance aux travailleurs du secteur informel.

Les membres du groupe ont également cherché à en savoir plus sur le système électoral du Paraguay : M. FERREIRA GINI a indiqué que les élections du Président et du Parlement avaient lieu lors d’un même jour de scrutin, en avril 2023. Ce choix contribue probablement à réduire l’abstention même si le Paraguay, contrairement à son voisin uruguayen, n’a pas rendu le vote obligatoire.

M. FERREIRA GINI a été interrogé sur le niveau de popularité actuel de l’ancien président Horacio CARTES : celui-ci, en tant qu’homme d’affaires, jouit toujours d’une certaine influence grâce à son réseau professionnel. Il n’a cependant pas pu se représenter de la dernière élection présidentielle, la Constitution du Paraguay imposant le mandat unique.

Les échanges ont également porté sur l’accord entre l’Union européenne et le MERCOSUR. Le rôle du Paraguay en tant que pionnier du MERCOSUR a été souligné, tout comme l’enjeu de faire entendre sa voix entre les deux géants voisins argentin et brésilien. M. Octavio FERREIRA GINI a rappelé la nécessité pour son pays d’une harmonisation des normes vis-à-vis des standards européens, notamment dans l’agriculture. L’initiative d’une taxe carbone aux frontières portée par l’Union européenne aurait en effet un impact certain sur les exportations paraguayennes.

M. LUREL a questionné M. FERREIRA GINI sur la place de la culture guarani dans la société uruguayenne, en comparant l’enseignement du guarani avec celui du créole parlé dans les collectivités antillaises, généralement de tradition orale. Ainsi, au Paraguay, le guarani est surtout pratiqué dans les zones rurales, malgré son statut de langue officielle. Après la dictature d’Alfredo Stroessner, le Paraguay a conservé une tradition centralisatrice, même si depuis 1992, les gouverneurs régionaux sont élus au scrutin direct et non plus nommés par le Président.

Mme HAVET a souhaité obtenir davantage d’informations sur la politique du Paraguay dans le domaine du tourisme, car le pays est moins visité que les autres pays sud-américains. M. FERREIRA GINI a reconnu que si le pays regorge de lieux touristiques, les infrastructures autour de ceux-ci sont néanmoins manquantes. Le gouvernement travaille à améliorer les vols et les infrastructures hôtelières pour attirer des touristes, y compris pour les citoyens paraguayens eux-mêmes.

M. FERREIRA GINI a aussi évoqué le réseau diplomatique paraguayen. Le pays, en raison d’une rationalisation de ses moyens, ne peut pas disposer d’une représentation dans tous les États, mais dispose d’ambassades dans toutes les régions du monde. Le pays tente cependant de suivre le « modèle » de la diplomatie cubaine, pays aux ressources limitées qui dispose d’un large réseau d’antennes diplomatiques.

Enfin, de nombreux thèmes de coopération culturelle ont été abordés en vue de l’éventuel déplacement au Paraguay d’une délégation du groupe d’amitié en 2022.

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