Au gré des conquêtes armées, des mariages et des successions, les rois de France réunissent progressivement à la Couronne des territoires jouxtant leur domaine. Malgré l'unité politique ainsi réalisée, une mosaïque de législations locales subsiste jusqu'à la Révolution. On dénombre ainsi 360 coutumes qui régissent les relations sociales et regroupent les usages ou les pratiques ayant peu à peu pris force de loi. Parmi les plus réputées, figurent notamment la coutume de Paris, qui déborde largement de ses limites géographiques par la valeur de son texte révisé en 1580, celle de l'Orléanais, publiée par Robert Joseph Pothier, celle du Nivernais commentée par Guy Coquelle...

Leur juxtaposition et parfois leur enchevêtrement sont tels qu'on change, selon le mot de Voltaire, plus souvent de législations que de chevaux quand on courre la poste en Lorraine.

 D'après le mémoire de Maupéou à Louis XVI, ces coutumes présentent bien d'autres sources de difficulté : leur langue est « inintelligible pour le peuple, obscure et énigmatique pour le savant », leur nombre « effraye le jurisconsulte, décourage le magistrat », si bien que ces textes « n'offrent au peuple qu'une législation confuse ».

Tout comme il apparaît judicieux d'unifier le système des poids et des mesures, le souci de donner à la France des lois uniformes existe déjà sous Louis XI. Au XVIIe siècle, le président Lamoignon, secondé par les avocats Auzanet et Fourcroy, se consacre à cette réforme après que Colbert l'a présentée à Louis XIV, le roi Soleil, comme la plus illustre mesure de son règne. Au XVIIIe siècle, Maupéou et d'Aguesseau envisagent de fondre toutes les coutumes en un Code général de la France.  

Mais les efforts d'unification se heurtent à de nombreuses résistances. Les seigneurs, tout d'abord, cherchent à maintenir le droit féodal, tel qu'hérité de l'histoire de France. 

Le clergé catholique, ensuite, se montre réticent à la sécularisation complète du droit, notamment en matière de mariage et d'état civil. Les provinces, enfin, affichent le souci de conserver leurs prérogatives alors que l'unification du droit suppose l'abrogation des codes régionaux. La convergence de ces inerties, voire de ces oppositions, incite les contemporains à penser qu'il serait plus facile d'introduire un changement de religion que de jurisprudence.

A la veille de la Révolution, les seuls progrès réalisés sont les grandes ordonnances du règne de Louis XV sur les donations (1731), les testaments (1735) et les substitutions (1747), dont les dispositions seront reprises en grande partie dans les articles du Code civil.