« C'est une des rares certitudes que m'a apportée l'expérience d'une vie : il faut croire, certes, croire en soi »

Françoise Giroud, de son vrai nom France Gourdji,  naît le 21 septembre 1916 à Genève. Son père, journaliste turc, décède en 1923 et Françoise Giroud est obligée de quitter l'école très tôt pour gagner sa vie. A 14 ans et demi, ayant pour tout bagage un diplôme de sténodactylographe, elle trouve un emploi dans une librairie. Un peu plus tard, Marc Allégret  lui propose de travailler avec lui comme script-girl.

Elle fait ses débuts dans le journalisme à Lyon en 1940 pendant quelques mois à Paris-Soir  puis devient scénariste à son retour dans la capitale. En 1942, sa sœur, Douce, lui demande de devenir agent de liaison dans la Résistance. En 1943, elle est arrêtée par la Gestapo et incarcérée à Fresnes ; contrairement à sa sœur, elle a la chance d'échapper à la déportation.

A la Libération, Hélène Lazareff lui propose de travailler pour le magazine féminin Elle avant de lui en confier la direction de la rédaction de 1946 à 1953. C'est là, de son propre aveu, qu'elle apprend tout ce qu'elle sait de son métier.

En 1951, elle rencontre Jean-Jacques Servan-Schreiber avec qui elle fonde en 1953 le premier magazine hebdomadaire d'actualité français, l'Express, qui bénéficie entre autres de la collaboration de François Mauriac. Directrice de rédaction puis de publication, elle y vit une aventure passionnante qui dure plus de vingt ans.

En 1974 elle est nommée par Valéry Giscard d'Estaing à la tête du Secrétariat d'Etat à la condition féminine nouvellement créé. Deux ans plus tard elle devient secrétaire d'Etat à la culture jusqu'en 1977. Cette double expérience ministérielle, qu'elle raconte dans son livre La comédie du pouvoir, ne lui ôte pas « l'envie frénétique » de reprendre le journalisme et de retrouver sa liberté de parole, d'action et de critique. Mais l'Express vient d'être vendu à Jimmy Goldsmith et aucun des deux ne souhaite travailler en collaboration. Elle se lance alors dans l'écriture avant d'effectuer son retour au journalisme à partir de 1983 lorsque Jean Daniel lui demande de prendre en charge la rubrique télévision du Nouvel Observateur. Elle est aussi critique littéraire au Journal du Dimanche et au Figaro. Membre du jury du prix Fémina à partir de 1992, elle est l'auteur de plus de trente ouvrages (romans, biographies de femmes comme Jenny Marx, Marie Curie ou Alma Mahler, recueils de souvenirs, essais).

Commandeur de la Légion d'Honneur et de l'Ordre national du Mérite, Françoise Giroud s'éteint le 19 janvier 2003  à l'hôpital américain de Neuilly des suites d'une chute. Dans  Arthur ou le bonheur de vivre, paru en 1997, elle conclut par cette prière : « Je veux que, de ma dépouille réduite en cendres, on fasse de l'engrais pour les fleurs. De la poussière de femme qui nourrit les roses... ».