Une délégation de  parlementaires de la Chambre des représentants de la Libye a été reçue au Sénat, le 28 octobre 2014, pour un entretien avec Mme Michelle Demessine, Présidente du groupe d’amitié France-Libye. M. Jean-Claude Requier, sénateur, et M. Alain Gournac, sénateur, assistaient également à cet entretien.

Il s’agissait de la première visite au Sénat d’une délégation de la Chambre des représentants de Libye, élue le 25 juin 2014.

La délégation, conduite par M. Mouhamed Alaabani, était composée de MM. Mouftah Alshaari, Almontasser Atya, Yossef Mouhamed, Fathi Alkias, Ismail Bashir, Rajab Omer, Ibrahim Kernfouda, Ahfied Eshina, Jab allha Mouhamed, Hamouda Siala, Omer Tantoush, Abdelnabi Aboulekassim, et de Mmes Asma Alkouja, et Saltana Boubaker, ainsi que de M. Saif Algueziri.

Au cours de l’entretien, deux thèmes ont été essentiellement abordés par les intervenants : la recherche d’une solution politique à la crise actuelle en Libye et le rôle de la Chambre des représentants et la situation sécuritaire.

En ce qui concerne le rôle de la Chambre des représentants dans la solution de la crise politique libyen, M. Mouhamed Alaabani, député et chef de la délégation, a indiqué que la délégation avait un programme de visite dans des Parlements étrangers dont la France, afin de s’inspirer des autres systèmes parlementaires et de recueillir des avis sur la possibilité de sortie de crise en Libye. Il a expliqué que l’élection de la chambre était un facteur indéniable de progrès vers une sortie de crise. Toutefois, il a reconnu que certains partis politiques dont les partis islamistes contestaient le résultat voire l’organisation de ces élections car ils y voient un obstacle pour parvenir au pouvoir.

Selon M. Mouhamed Alaabani, les parlementaires de la nouvelle Chambre élue veulent garantir au peuple libyen le droit de vivre en paix et en sécurité et ainsi que l’accès à l’éducation et au développement. Une « commission du dialogue » a été nommée par le Parlement, pour recueillir les initiatives en provenance de différentes régions du pays.

Abordant la question de la situation sécuritaire et en réponse aux propos de M. Mouhamed Alaabani, Mme Michelle Demessine a fait valoir que, par sa solidarité et son expérience, la France souhaite contribuer au développement des pays qui la sollicitent et donc de la Libye. De plus, la visite en Libye en 2012 du groupe d’amitié a permis aux sénateurs de prendre la mesure du niveau élevé d’expérience et d’éducation politique du peuple libyen. Dès cette époque, la situation sécuritaire suscitait de nombreuses questions. Mais aujourd’hui, elle s’est encore dégradée.

M. Mouhamed Alaabani  a confirmé que la situation est en effet très grave, du fait de plusieurs causes : le refus des partis islamistes, autrefois associés au processus de transition, d’accompagner la transition vers la démocratie ; les menaces sur l’ordre public des nombreux prisonniers évadés pendant la révolution ; la difficulté de surveiller des frontières, lieux propices à de multiples trafics ; la pluralité ethnique complique le jeu politique bien que es solutions soient plus faciles à trouver dans ce domaine.

Mme Saltana Massoud Boubacar et M. Fathi Alkias ont souligné que la voie politique est la seule sortie de crise possible. Mme Saltana Massoud Boubacar a souligné l’importance de la commission du dialogue crée par le Parlement qui réunit tous les partis. Les deux intervenants se sont également félicités de la nomination de M. Bernardino Leon, représentant spécial de l’ONU qui a tenu plusieurs réunions de conciliation. La réussite tient à la volonté de n’exclure personne des discussions et ne négliger aucune initiative.

M. Jean-Claude Requier, sénateur, a remercié la délégation de sa venue et au Sénat ; il a souligné combien la coopération entre la France et la Libye est importante. Il a également rappelé l’importance du capital touristique de ce pays où lors de son déplacement la délégation de sénateurs français avait été très bien accueillie.

M. Alain Gournac, sénateur, s’est inquiété de la propagation de la crise dans le reste de la zone sahélo-saharienne. Il s’est aussi interrogé sur la prorogation du mandat du Congrès général national.[1] Il a regretté ensuite l’exclusion des élites du pays de l’appareil d’État, du fait de leur proximité avec le régime de Kadhafi ; il considère qu’en ces temps troublés toutes les compétences sont utiles. Il s’est donc prononcé en faveur du rassemblement de tous les responsables actuels et passés libyens et d’un appui de la France pour une bonne transition démocratique.

Pour conclure cet entretien, Mme Michelle Demessine a remercié les membres de la délégation de leur participation à cette réunion ; elle les a assuré de sa volonté de transmettre la teneur de ces échanges aux responsables français et notamment aux membres de  à la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat et à M. Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères et du Développement international.


[1] Première assemblée élue pendant la transition, dont la majorité est proche des Frères musulmans

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