A l’invitation de Mme Colette Mélot (Seine-et-Marne – UMP), présidente du groupe interparlementaire d’amitié France-Slovénie, une délégation du Conseil national de la République de Slovénie, conduite par son Président, M. Mitja Bervar, s’est rendue au Sénat les 21 et 22 mai 2014. Cette visite s’inscrivait dans le cadre de la réciprocité des échanges avec le Conseil national slovène, à la suite du déplacement d’une délégation du Sénat, à Ljubljana, en septembre 2012.

La délégation du Conseil national slovène a été reçue longuement par le Président du Sénat. M. Jean-Pierre Bel s’est félicité des relations entretenues entre les deux pays dans le cadre du partenariat stratégique. Il a souligné les échanges réguliers au plus haut niveau, citant la récente visite du Président de la République en Slovénie ou celle de la Première ministre slovène à Paris. M. Mitja Bervar a salué le travail accompli par l’Ambassadeur de Slovénie en France et les liens informels qui se sont tissés à l’occasion de ces différentes visites.

Un échange sur le bicamérisme en Europe s’est alors engagé. Se fondant sur l’apport de l’examen contradictoire des textes pour  affirmer le rôle essentiel de garant de la démocratie du Sénat, M. Jean-Pierre Bel a précisé que la coproduction législative avec l’Assemblée nationale concernaient près de huit textes adoptés sur dix.

M. Mitja Bervar a mis en avant le fonctionnement différent du Conseil national slovène, qui ne dispose pas de prérogatives  législatives aussi importantes, et est constitué d’une part, de représentants des collectivités locales, et d’autre part, de représentants des groupes d’intérêts. Cette double représentativité permet la tenue de débats fructueux au sein même de l’institution. Il a, ensuite, exhorté le Sénat français à jouer un rôle de coordinateur pour encourager le maintien des deuxièmes chambres en Europe. En réponse, M. Jean-Pierre Bel a rappelé le rôle joué par l’Association des Sénats d’Europe, fondée à l’initiative de M. Christian Poncelet, même si la réunion prévue cette année n’a pu avoir lieu.

Rappelant la suppression envisagée du Conseil national slovène, M. Simon Sutour, président de la commission des affaires européennes, a salué la visite au Sénat de son président. Il a évoqué la présidence de l’Union européenne par la Slovénie au 1er semestre 2008 et le regard que peut apporter ce pays sur l’élargissement aux pays des Balkans.

M. Mitja Bervar a fait part de ses impressions, suite aux différentes visites qu’il a pu effectuer dans la région des Balkans, saluant les progrès accomplis par certains pays mais aussi se montrant préoccupé par la stagnation d’autres pays. Il s’est dit inquiet de la situation actuelle de la Bosnie-Herzégovine.

M. Janvit  Golob, président de la commission pour les relations internationales et affaires européennes du Conseil national slovène, a insisté sur les efforts qui restent encore à déployer pour l’intégration des pays des Balkans à l’Union européenne.

Mme Colette Mélot a axé ses propos sur la consolidation des liens entre les deux pays au travers des échanges entre les parlementaires, qui se sont intensifiés depuis 2011, tandis que Mme Fabienne Keller a souhaité connaître l’état d’esprit des Slovènes à la veille du scrutin pour les élections européennes.

M. Mitja Bervar a indiqué que les élections étaient les premières d’une longue série en 2014, et qu’elles risquaient d’être marquées par une très forte abstention, de plus de 70 % ;  en l’absence de positions extrémistes en Slovénie, il a souligné que les critiques des eurosceptiques pouvaient contribuer à un débat constructif.

M. Milan Lukić, conseiller national, a abordé les relations économiques entre la France et la Slovénie, considérant que des marges de progression étaient toujours possibles. Il a mentionné la présence de grands groupes  français en Slovénie mais aussi les sociétés slovènes implantées en France. Il a souhaité attiré l’attention sur l’excellence de son pays dans le domaine de l’industrie du bois, considéré comme « notre pétrole à nous », qui offre de nombreuses possibilités. En effet, 60 % du territoire de la Slovénie est boisée. Au regard de du savoir technique exceptionnel de son pays, il a déploré le manque de moyens pour développer la production.

M. Patrice Gélard a souligné le rôle joué par les deuxièmes chambres sur le plan de la diplomatie parlementaire et l’implication personnel du Président du Sénat et des sénateurs en cas de crise internationale. Rappelant son attachement au bicamérisme, M. Patrice Gélard a alors cité les propos du recteur Prélot, ancien vice-président de la commission des lois du Sénat : « Lorsque le Sénat est faible, la République est faible, lorsque le Sénat est fort, la République est forte, et lorsqu'il n'y a pas de Sénat, il n'y a plus de République. ».

En guise de conclusion, une discussion s’est engagée sur les ours slovènes et leur protection respective en Slovénie et en France.

Lors du déjeuner organisé par le groupe d’amitié France-Slovénie auquel participaient M. Patrice Gélard, vice-président du groupe, MM. Jacques Legendre, André Gattolin et Mme Marie-Thérèse Bruguière, membres du groupe, Mme Colette Mélot a insisté sur l’importance de renforcer les liens d’amitié et de coopération entre le Conseil national et le Sénat. Les  thèmes européens ont été au centre des discussions et des préoccupations de la délégation slovène.

Après avoir rappelé les dix ans de l’entrée dans l’Union européenne de la Slovénie et ses difficultés actuelles liées à la crise économique et financière, M. Mitja Bervar a souligné les positions convergentes de son pays et de la France sur le renforcement de la coopération dans tous les domaines. Il a tenu à affirmer qu’une Europe unie est garante de la paix, de la sécurité et du bien-être de ses populations. Il a encouragé tous les parlementaires membres des deuxièmes chambres à renforcer leurs liens et à échanger sur leurs expériences, saluant alors la longue tradition du bicamérisme en France et exhortant le Sénat à jouer un rôle de premier plan et de coordination entre les deuxièmes chambres en Europe. Il a également mis en évidence la singularité du Conseil national slovène dans son articulation entre la société civile et l’action politique. A titre d’exemple, il a cité le dernier débat au sein du Conseil national qui portait sur l’emploi des jeunes Slovènes dans l’Union européenne.

La visite de la délégation s’est poursuivie avec un entretien avec M. Alain Richard, représentant spécial du ministre des affaires étrangères pour les relations économiques avec les Balkans. M. Alain Richard a précisé qu’il s’était rendu en Slovénie, en février dernier, et que son déplacement s’inscrivait dans le cadre de la diplomatie économique, qui est une priorité politique du gouvernement français. Il a été l’occasion de présenter aux entreprises françaises les perspectives économiques en Slovénie, plus particulièrement celles liées aux privatisations envisagées.

Ainsi, M. Alain Richard a signalé que plusieurs sociétés françaises étaient déterminées à se porter candidates à l’acquisition des actifs d’entreprises publiques slovènes. Il a cependant mis en garde ses interlocuteurs sur le contexte politique qui ne doit ni freiner ni ralentir le processus de privatisation, tout en soulignant la rigueur et la transparence des autorités slovènes à l’égard des futurs investisseurs.

En réponse, M. Mitja Bervar a convenu que le rôle du pouvoir politique se limitait à créer un cadre favorable à ces transactions et il a assuré du bon déroulement du processus.

Enfin, la délégation slovène a pu visiter une exposition sur Joséphine de Beauharnais qui se tenait au Musée du Luxembourg.

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